vendredi 14 octobre 2016

Terroristes tenez-vous bien, l'Education nationale est là!

Presque trois ans que j'ai laissé mon blog. Je prie mes lecteurs de m'en excuser, je les ai lâchés comme des sacs de sable.
Toutes sortes d'événements m'ont happée hors de la sphère bloguesque et ensuite, j'ai eu du mal à m'y remettre. J'ai déménagé, vendu ma maison, changé d'académie, changé de mari, recommencé à lire...bref, pas mal de choses prenantes.
Aujourd'hui, j'ai eu comme un chatouillis d'inspiration et me revoilà.
On ne se débarrasse pas de moi comme ça.


J'ai eu envie de vous raconter une histoire rigolote.
Comment on apprend à se protéger des terroristes dans les écoles élémentaires publiques.
On va passer un bon moment, vous allez voir.

D'abord, le dispositif possède un joli petit nom, c'est le PPMS*. Ceux qui connaissent n'ont pas le droit de souffler. Les autres, réfléchissez un peu et si vous séchez, c'est en bas de page.
L'idée, c'est d'apprendre à protéger les enfants, et éventuellement soi-même, en cas d'intrusion de cinglés fanatiques surarmés aux intentions assassines. Les autorités compétentes nous ont fait comprendre sans ambiguité que le prochain carton, ce serait une école. Nous sommes donc invités à nous entraîner activement à la riposte.

Seulement les écoles ne sont pas des châteaux forts et les enseignants, bien que supposés polyvalents, peu formés au maniement des armes à feu.
Mais comme il faut montrer aux parents que leurs enfants sont en sécurité à l'école, alors on dégaine le PPMS.


Dans l'académie de Paris, où j'ai l'honneur d'exercer désormais, en haut lieu, on n'a pas encore réussi à nous concocter un signal d'alarme clair. Alors les directeurs s'arrangent. Certains font retentir la même sonnerie que celle du feu, en la bidouillant un peu. D'autres soufflent dans la corne de brume, signal d'une catastrophe naturelle et/ou d'un exercice de sécurité de regroupement dans le préau (c'est un autre PPMS, celui-là). Si par hasard, les méchants sont là, alors on leur envoie direct les gamins dans le viseur. C'est réglé.
Les directeurs finauds, comme le mien, préfèrent pas de signal du tout. De fait, en cas d'attaque, on imagine sans peine qu'on entendra canarder. Difficile de confondre avec l'alerte incendie.

C'est maintenant que ça devient rigolo.
On nous demande de verrouiller la porte de la classe, laquelle est du genre léger et en grande partie vitrée. Admettons.
Comme les autorités se rendent tout de même compte que lesdites portes pourraient ne pas être un obstacle sérieux, on nous prie de les obstruer en faisant glisser les armoires pleines de bouquins devant. A ma connaissance, l'Education nationale n'a pas encore songé à organiser des stages de musculation, ce qui s'imposerait pourtant, vu les nouvelles compétences que supposent le PPMS. Il paraît que de toute façon, la peur décuple les forces. Admettons.
 
                                          La maîtresse d'école de demain, fin prête pour le PPMS

Ensuite, le fait que les classes communiquent entre elles par l'intermédiaire de portes encore plus vitrées et fragiles, non-équipées de verrous, c'est un détail. Pas question de les murer, c'est pour la sécurité incendie. N'en parlons pas et avançons.
La classe étant donc à l'abri des armes lourdes, grâce aux armoires poussées devant les portes vitrées verrouillées, on nous recommande tout de même de planquer les élèves et de ne pas faire de bruit. Il va sans dire que les armoires ont été déplacées avec légèreté, dans un silence de coton.
Mettre les gosses aux abri sans bruit, c'est autre chose.
Alors on s'exerce à les mettre sous les tables en fin de journée, en tâchant d'éviter le boxon général. Il va sans dire qu'il est fortement déconseillé d'expliquer la raison pour laquelle on organise régulièrement cette récréation bruyante en classe. Avec les petits, on joue au silence. Bien.
Avec les grands, à qui il est tout de même moins facile de bourrer le mou, il a bien fallu cracher le morceau et là, ils ont posé des questions fallacieuses, ces petits salopards.
Par exemple: "Sous les tables, on nous voit, non?"  "Comment on va faire pour pousser les armoires?" "Maîtresse, Etienne il fait du bruit".

Et la pire: "Et s'ils entrent quand même, qu'est-ce qu'on fait?"

* PPMS: Plan Particulier de Mise en Sécurité




16 commentaires:

  1. ravi de te relire , on en redemande parce que les conneries administratives de ce genre, c'est un régal. T es bonne pour faire de la muscu, et rapido, je te prie.

    nb: j avais presque trouvé pour PPMS, prioritaire au lieu de particulier

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Corto!
      Tu avais presque trouvé? Bravo!
      des conneries truculentes, j'en ai plein ma musette, accumulées depuis le temps. Je m'en vais vous les distiller savamment.
      Quant à la muscu, j'attends les stages de formation, histoire d'en remettre une couche.

      Supprimer
  2. Bienvenue chez toi. Ton post et ce sketch ont comme un petit air ressemblence.
    Bzzz...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Bourdon. Je suis bien contente de te retrouver.
      Tu crois?
      Admettons...

      Supprimer
  3. c'est pas trop tôt tu est enfin remontée du fin fond de ma blogroll,
    Je vois donc que mes petits enfants sont en sécurité si un frappé de la famille padamalgam venait à faire éruption dans leurs établissements scolaires, je suis tout de suite bien rassurée

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Eh oui Boutfil. Tout arrive!
      De fait, le but de cette histoire de fous, c'est tout de même d'informer les gens. Et là, on rigole beaucoup moins.

      Supprimer
    2. Comme ça serait dommage de ne pas se taper la mangeoire par terre ensemble, Lecanasson rapplique de ce sabot pour claquer du fer avec vous !

      Ma fille a eu en terminal un exercice de mise en sécurité ! On les a tous massés dans les couloirs ne sachant où les mettre : le lieu de mise en sécurité n'ayant pas été clairement indiqué, on les a fait s'accroupir sur le sol.

      Autant dire que ça a ricané sec ! Les lycéens ont parfaitement compris qu'on les prenait pour des cons !

      Autrement dit, quand on voit que deux voitures de police cèdent devant les cocktails molotov un groupe de malfrats à Juvisy, on se demande comment des instits' vont tenir à distance des terroristes Padamalgam surarmés.

      Je dis cela et je ne dis rien.

      Supprimer
  4. Allez hop! Dans mes liens. Non mais sans blague, on ne va pas laisser passer ça.

    RépondreSupprimer
  5. Je n'ai trouvé que le "S" de l'acronyme, mais suis bien content quand même de te relire, ainsi que le râleur qui m'a amené ici ;-)

    Amitiés.

    Al.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et moi je suis bien contente de te retrouver, Al West. Le râleur s'est surpassé, on dirait que le PPMS l'a inspiré. C'est déjà bien d'avoir trouvé le "S"!
      Bise

      Supprimer
  6. Bon sang ! je te reconnais pas sur la photo !
    Qu'est ce que tu as changé, il te réussi ton nouveau "mari"...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est normal, le plan de formation à la musculation intensive (le PFMI)n'a pas encore été validé par les autorités compétentes.
      Mon nouveau mari m'a clairement fait comprendre qu'il divorcerait fissa au cas où le PFMI me ferait ressembler à ça. C'est un homme de goût.

      Supprimer
    2. T'as vu Dalton ? Je lui fait faire des fractionnés à la vaisselle et des séances de travail VMA pour l'aspirateur. Les étirements sont opérés à l'aide du fer à repasser. Il y a aussi les séances de détente verticale, combinant un travail en isométrique et en statodynamique mais je n'en dirai pas plus...

      Supprimer
  7. Bravo Lo !
    On se demande où ils vont chercher tout ça.
    On sent nos enfants bien protégés.
    Autant ou presque que d'autres.
    Bises !

    RépondreSupprimer

Vos commentaires sont les étoiles scintillantes de ma galaxie. Si toutefois des météorites menaçaient de fracasser ce modeste espace de parole, je me réserve le droit de les renvoyer dans les étendues glacées de la blogosphère. Moi, Io, ne saurait être tenue pour responsable de leur composition ni de leur destin