Un coin où il ne fait pas bon être un arbre errant ou un bosquet sauvage. Ni un piéton ou un cycliste.
On s'habitue.
On s'anesthésie à la vue de l'asphalte, des murs, des chantiers et surtout, des voitures.
Moi-même, je suis un salaud de pollueur (une salope de pollueuse, sauf votre respect, ça fait vulgaire. je m'abstiens) qui prend sa bagnole au lieu de sa taper la côte de Clichy à vélo. Fut un temps, j'ai ferraillé avec les élus pour tenter de ralentir les élans des champions de course qui dévalaient ma rue à fond de train. J'avais aussi fait savoir qu'abattre tous les arbres de la ville n'était pas forcément une bonne idée. Depuis, des tronçonneurs sont venu démollir l'unique arbre de la rue et les champions du volant nous régalent chaque jour de leurs exploits.
De plus, j'ai beaucoup appris sur la mentalité très particulière des grenouilles de mairie.
Pour un peu, mon esprit évinçait la ville: je finissais par ne plus la voir.
Hier, brutalement, elle a ressurgi dans toute sa violence.
J'étais en voiture, comme souvent, avachie à un feu rouge, première de la file. Un conducteur pressé est arrivé en face, a dépassé tous ceux qui, comme moi, attendaient paisiblement le moment d'avancer. Le pneu crissant, l'oeil noir, il était prêt à tout, même à me rentrer dedans. Il s'en est fallu de peu. Il m'a frôlée et c'est là que j'ai aperçu son regard fixe d'augmenteur de statistiques.
Alors, je me suis demandé ce que je faisais là, dans ma boîte en ferraille, au lieu de marcher à pied.
Le type qui a failli m'envoyer dans le décor, il est finalement assez typique.
HOMO ERECTUS IS NOT DEAD!
Sont-ce la bagnole ou la ville qui nous désincarnent à ce point et nous renvoient au stade de primate?
J'ai vu de mes yeux vu des gens délicieux se laisser aller à des excès ahurissants, comme s'ils se sentaient complètement invincibles dans leur utérus pétaradant. Homo erectus. Un déferlement d'agressivité impressionnant. Homo erectus encore.
Des instincts de mort comme les jeune cinglé qui a voulu ma peau. Homo erectus maximus.
Je m'en vais réfléchir très sérieusement à tout ça, histoire de ne pas tourner à Homa erecta trop vite.
En attendant la pénurie de pétrole généralisée, l'avenir est peut-être dans cette trouvaille d'avenir: l'insulte numérique à l'arrière de sa bagnole, qui nous fera rire au lieu de nous pousser à la guerre.
A moins qu'il ne faille purement et simplement renoncer à l'automobile et par la même occasion, aux supermarchés hideux et chers, aux déplacements incessants qui nous rongent nos journées, à la vie à expédiée à la vitesse de l'éclair au lieu d'être savourée, au risque permanent de finir en bouillie à cause d'un amateur de conduite sportive, au ...... redevenons homo habilis et sapiens. Rêvons mes frères.
D'ailleurs c'est dimanche
et on change d'heure.
et on change d'heure.