jeudi 28 décembre 2017

Les aventures de la sarma. Premier épisode.

Voilà un an et demi, j'ai épousé un Serbe.
Je ne suis pas peu fière, parce qu'en plus d'être serbe, mon époux est beau, tendre, joyeux et attentionné.
En prime, je me suis trouvée initiée à la Slava familiale. La Slava, c'est la fête du Saint patron de la famille, Saint Nikola en l'occurrence. 

Sveti Nikola lui-même

A cette occasion, il convient de préparer  une montagne de victuailles pour un tas de gens. Seulement attention!
Pas n'importe quelles victuailles.
Pour ne pas déshonorer la famille, il faut faire des sarma en abondance.
Le béotien esquisse déjà un sourire: comment ça: "Il faut"? Eh bien oui, pas question de se rabattre sur une quelconque ersatz tout préparé de chez Picard ou autre mercenaire du tout fait. L'honneur chez les Serbes, ce n'est pas une plaisanterie et Dieu sait comment pourrait finir une Slava, et donc des sarma, bâclées.
Les sarma, ce sont des délicieux petits pâtés de viande enrobés d'une feuilles de chou fermenté.


Chaque famille a sa recette et veille jalousement à sa transmission. Chez les Serbes, on ne rigole pas avec la tradition.
Je suis moi-même d'origine normando-champenoise et ma culture de la sarma est pauvre.
J'ai donc consulté ma belle-soeur qui, maillon féminin du clan serbe, s'y connaît mieux.
Après une explication détaillée au téléphone, constellée de mots serbes désignant de charcutailles mystérieuses, je me suis crue armée. Pas d'agneau, pas d'ail, un peu d'oignon et des oeufs. Dobro (bien).
Erreur!
Ma belle-mère, également avertie de mes intentions, a précisé la chose: beaucoup d'oignon. Et puis elle a appelé la Serbie pour des renseignements à la source. Là-dessus, ma belle-soeur me rappelle. En fait, c'est beaucoup d'oignons, de l'ail et de l'agneau éventuellement.
Tout le monde était suspendu à mes sarma pas encore commencées et j'avais une pression terrible.
C'est là que mon tendre époux s'y est mis.
Il a eu peur de mon inexpérience et surtout, peur de manquer de sarma (l'horreur absolue). Alors il m'a accompagnée jusqu'aux Pavillons sous Bois, chez" Kod dva blizanca" pour acheter tout le nécessaire. Là, on s'est disputés parce qu'il n'y avait pas assez de" kiseli kupus"(le choux fermenté) et ma commande de viande lui semblait hésitante. Effectivement, je tâtonnais un peu, j'avoue.
Une fois revenus avec le chargement, il a fallu trancher, faire la part des choses entre la belle-soeur, la belle-mère et les copines serbes, me réconcilier avec mon cher mari et me jeter à l'eau.
Plus exactement, me jeter dans la viande. J'en ai acheté trois kilos chez le boucher: un tiers de veau (tendron), un tiers de boeuf (gîte) et un tiers de porc (échine), que je lui ai demandé de hacher. Cette viande, j'ai dû la préparer tout de suite. Nous étions samedi et la Slava, le dimanche en huit. Pas question de servir des sarmas avariées. Alors, j'ai fait frichtouiller deux gros oignons hachés, deux belles gousses d'ail dans un peu d'huile. Quand le mélange a commencé à brunir, j'ai ajouté les viandes, agrémentées d'environ 200 grammes de poitrine fumée-salée serbe hachée aussi, c'est à dire bien grasse. Tout ça touillé et bruni sur un feu vif.  En fin de cuisson, j'ai ajouté un bouquet de persil plat frais haché et une petite moitié d'un paquet de 1 kg de riz rond. J'ai saupoudré largement de paprika, de poivre noir (mais pas de sel) et j'ai laissé refroidir. Ensuite, j'ai tout fourré au frigo.

Quatre jours plus tard, mercredi, j'ai attaqué la confection des sarmas pour de bon. J'ai commencé par déplier les feuilles une par une et les faire tremper une bonne heure dans l'eau froide.

Je m'excuse pour la qualité de la photo: il faisait sombre dans la cuisine.

Ensuite:
J'ai enfermé les chats.
Mis mon tablier.
Lavé mes mains.
Respiré un bon coup.
Et j'ai attaqué.

La suite dans le prochain épisode.




lundi 25 décembre 2017

"Joyeux Noël" et pas joyeuses fêtes

On baigne vraiment dans une drôle d'ambiance.
En cette période si particulière qu'est l'Avent et aujourd'hui Noël, les gens se regardent en biais avant de se souhaiter quelque chose. Dans les magasins, ces jours-ci, c'était les "Joyeuses fêtes" qui fusaient. Noël brûle les bouches. Le dévoiement du laïc est tel, qu'il n'est même plus question de glisser l'allusion la plus timide au fait religieux chrétien. Même Noël sent la peste, c'est dire où nous en sommes arrivés!
Qu'on le dise donc, que "laïc" veut désormais dire "athée" et au moins, ce sera clair. On saura pourquoi on enlève les croix un peu partout.

A Ploërmel, le Conseil d'Etat a tranché le 25 octobre 2017: la commune doit enlever la croix et verser 3000 euros d'amende à la fédération morbihannaise de la libre pensée.

Cimetière de Brou, septembre 2012. Une nouvelle élue exige le retrait de la croix qui orne l'entrée du cimetière. Le maire abasourdi est forcé d'obéir: la croix et le cimetière ont été installés après 1905. Il est interdit de faire figurer le moindre signe religieux à l'entrée des cimetières s'ils sont postérieurs à cette date.


On interrompt les séances de cinéma quand les petits risquent d'être contaminés par l'horreur chrétienne.

C'est sûrement un nanard niaiseux, mais ce n'est pas une raison.
 
Oui, mais alors là, laïc = athée, c'est embêtant, parce qu'il faudrait interdire toutes les religions et ça non, c'est pas possible.

Mosquée du cimetière musulman de Bobigny, inauguré en 1937.  

Synagogue du Consistoire de Paris, inaugurée en 1907.

C'est encore plus drôle à l'école.
Là, se souhaiter "Joyeux Noël" relève de la résistance politique. Les parents qui me l'ont souhaité ainsi (et à qui j'ai répondu de la même façon) arboraient un air de connivence qui ne trompe pas: "Elle va le dire? Oui, elle va le dire. Aaah elle l'a dit, donc elle est des nôtres".

Se souhaiter joyeux Noël est devenu un acte de résistance politique.


JOYEUX NOËL MES AMIS!

 




dimanche 3 septembre 2017

Ambiance de pré-rentrée et classes à trente

Demain, c'est la rentrée. Comme à chaque fois, nous nous la sommes préparée en assurant deux jours de pré-rentrée.
Qu'est-ce qui se passe pendant la pré-rentrée?

On se retrouve, on se fait la bise et on se raconte nos vacances en louchant sur le bronzage de Zaza qu'est encore partie en Thaïlande avec son jules qu'est plein aux as. Ensuite, c'est la course aux tables, chaises, seaux qui manquent. Là, l'ambiance prend un coup de froid, quand on s'aperçoit que notre grande table de fond de classe (ou fauteuil de bureau) n'est plus là, pendant que Zaza en a récupéré une (un) on ne sait où. Comme elle pétait la forme, elle s'est pointée un jour avant tout le monde et...bon, on n'accuse pas sans preuve. En attendant, la grande table, il faut lui trouver une jumelle et la monter au troisième étage avec l'aide d'un agent de service compatissant. Pour ce qui est des nôtres, deux se sont mis en maladie, les deux qui restent se tapent tout le boulot et c'est une sacrée purge, vu que l'école a plongé dès l'été dans une période de travaux maousses. La poussière a tout envahi, la nouvelle cage d'escalier est béante, le directeur n'a plus de bureau.
Plus tranquillement, il faut préparer le cahiers, les livres, le matériel. Organiser la rafale d'informations à envoyer aux mômes la première journée. Prévoir l'installation de tout ce beau monde dans une classe qui n'est pas extensible, de façon que le tableau soit visible de partout et que quelques places au calme puissent servir de sas de décompression aux agités.
Mieux vaut ne pas oublier de vérifier la connection informatique. Pour ma part, mes deux ordinateurs de classe se sont fâchés avec l'imprimante centrale. Je ne sais pas ce qui s'est passé pendant l'été, mais ils ont refusé énergiquement de s'y connecter. Va pourtant falloir tâcher moyen de se réconcilier, les petits gars, parce qu'il n'est pas question que j'use ma cartouche d'encre pour éponger vos chamailleries. J'espère qu'on va pouvoir régler ça en interne sans appeler au secours un gars de la Ville de Paris, sinon, il y en a pour six mois.
Pour orchestrer toute cette frénésie, il y a la réunion de pré-rentrée. C'est là que le directeur nous annonce à quelle sauce nous allons être assaisonnés à l'occasion de la nouvelle année scolaire.
C'est rarement sucré.
On navigue entre le doux-amer, l'amer franc et le pimenté.
Chez nous, ce sera très pimenté, parce qu'en plus des travaux qui vont nous assourdir, empoussiérer, enquiquiner toute l'année, nous avons eu la joie d'apprendre que le Rectorat exigeait trente élèves par classe. Trente c'est beaucoup (Je vais passer ma vie à corriger. Misère). Surtout chez les petits. Surtout dans des classes pas bien grandes.
Et pourquoi cette lubie?
Parce que Monsieur Macron a demandé la mise en place express de classes de douze en CP dans les écoles défavorisées et que le ministère n'en a pas les moyens. Alors on charge à bloc d'un côté pour alléger de l'autre.
C'est vrai que dans ces classes-là, c'est important de mettre le paquet. La presse a relayé, c'est bien. Mais quid des autres enfants dont tous, loin s'en faut, ne sont pas brillants?
Encore nous, nous avons de la chance, on ne nous ferme pas de classe. Ailleurs, si: à moins de 25 élèves en moyenne par classe, voir un peu plus, crac! On ferme. Ça permet de récupérer un poste.

Elles sont quarante-et-un. De quoi se plaint-on? Ce n'était pas tout à fait la même époque, ni les mêmes enfants. La classe "inclusive" n'était pas à la mode. Ni la télé. Ni les jeux en ligne. Ni les menus sans porc à la cantine. Ni la méthode semi-globale. Chapeau bas tout de même aux maîtres qui pilotaient ces classes-là.

Dans une classe type, environ un tiers d'enfants a du mal à apprendre. Réfléchissons aux conséquences dans un contexte où les redoublements sont désormais interdits.
Plus de vingt-cinq élèves en CP et CE1, c'est l'échec assuré pour un tiers des enfants.

Alors je pose la question: le jeu en vaut-il la chandelle dans ces conditions?
Mais foin de ces tristes réflexions!
Je m'en vais me pomponner pour accueillir dignement mes petits élèves. Manquerait plus que j'ai l'air déjeté.
Sempé  - Le Petit Nicolas




jeudi 17 août 2017

Retour des lionceaux de Daesh? Pas de problème, l'école est là.

Le presse s'alarme du retour des djiadistes vers la mère patrie. Il semblerait que finalement, l'herbe soit plus verte en France qu'en Syrie. Ainsi, ces gens qui ont tranquillement torturé, massacré, réduit leur prochain en un esclavage effroyable vont revenir et bien entendu, pas question de les refuser, puisqu'ils sont français.

Déjà là, je tique.

Manuel Valls, du temps de sa splendeur, avait parlé d'"état de guerre" et je crois me souvenir qu'il avait encouragé les braves gens à s'y habituer. Bien. Dans ce cas, si état de guerre il y a, les djiadistes locaux ou réimportés relèvent du conseil du même nom et devraient être purement et simplement passés par les armes.

La France ne le fera pas, c'est évident.
Donc ces gens vont revenir avec leurs enfants.
Que faire des enfants?

Bien entendu, pas question de les soustraire à leur famille, qui va donc continuer à leur bourrer le crâne avec l'idéologie qu'on imagine. Si l'herbe est plus verte ici, c'est aussi parce qu'on laisse les gens radicaliser leurs petits sans les tourmenter. Liberté, égalité, fraternité, hein?

Le Figaro d'aujourd'hui alerte.

"Le rapport du réseau européen Radicalisation Awareness Network (RAN, créé par la Commission en 2013), citant des «responsables français», donne un chiffre d'environ «460 mineurs, dont la moitié a moins de 5 ans et un tiers y est né» dans le territoire contrôlé par l'État islamique".


Bon, alors qu'est-ce qu'on fait? 

Pas de problème, on va les mettre à l'école et tout va rouler.

"Au-delà d'un indispensable suivi psychologique, RAN plaide, en particulier dans le cas d'enfants en bas âge, pour une normalisation, notamment grâce à l'école (ce qui suppose une information et un accompagnement des structures éducatives), pour éviter d'aggraver la situation et d'aboutir «à des problèmes psychosociaux et éventuellement à des risques de sécurité importants pour l'avenir»

Je rappelle qu'un maître d'école n'est absolument pas formé aux réalités telles que l'autisme, les troubles de l'attention, l'hyperactivité, les dyspraxies, dyslexies, dysmachintruc et j'arrête la liste qui est longue. Outre les fantaisies changeantes des programmes, il se coltine déjà les enfants "handicapés". Passons sur les enfants en fauteuil, malvoyants ou dysmachin: ils sont gérables, même sans formation. Mais que dire de ceux qui présentent des troubles du comportement costauds? "L'école inclusive" les impose au même titre que les autres: merci Chirac, d'avoir autorisé cette mascarade bien-pensante, destinée en réalité à fermer les classes spécialisées  et à faire des économies.
A partir de maintenant, dans un univers de bisounours où il n'est pas question de heurter les familles musulmanes, il va falloir se préparer à accueillir les rejetons fanatisés dans la joie et la bonne humeur.

On peut compter sur l'aide active de l'éducation nationale pour ça.

Photo extraite du Figaro. Credits photo: Balkis press/ABACA




mardi 15 août 2017

Hymne à l'Alsace du nord

Me voilà de retour dans la ville, avec un enthousiasme modéré. J'admets que c'est agréable de retrouver mes chats chéris, mais si j'avais pu, je serais restée pour toujours encore un moment en Alsace.
Centre de sauvegarde de la faune sauvage de Loosthal. Les cigognes libres viennent tenir compagnie à leurs copines en cage qui sont soignées.

 Alsace du nord s'il-vous-plaît. Là où le touriste ne va pas, faute de vinasse en suffisance ou d'abondances fleuries aux balcons. Parce que c'est un bout du monde aussi, sans doute.

Le chat chéri aîné trônant devant les courgettes alsaciennes.

Pourtant, c'est beau. De cette beauté pas fardée qui fait la charme des lieux qui peuvent encore vivre sans touristes.

Zittersheim, vue du jardin où nous prenions notre petit déjeuner.

 Les forêts sont sombres, pentues et tourmentées à souhait, pleines de rochers majestueux enserrés par les racines des arbres immenses. A défaut des trolls qu'on s'attend à voir surgir de derrière les fougères, quelques chevreuils nous sont passés sous le nez.


A l'occasion d'une de ces promenades, j'ai eu le grand honneur de faire connaissance avec les fourmis des forêts. Celles qui construisent des tumuli énormes qui communiquent les uns avec les autres.


Essayez un peu d'approcher pour observer ces dames. Elles attaquent direct. J'ai eu beau fuir sans demander mon reste, elles ont continué à me mordre très loin des précieuses fourmilières. Les bestioles n'aiment pas les étrangers.

Vue d'en bas
 Vue d'en haut.

  
Dans les forêts, on trouve aussi des châteaux qui ont de la gueule, bien que tous ravagés par les armées de Louis XIV au cours de la conquête du Palatinat.

Par exemple, Fleckenstein. 


Même du temps de sa splendeur, l'endroit devait être un poil austère, surtout sans électricité, chauffage et tout le bazar. Ça vous pétrit de respect son gueux.

C'est ainsi que, tout étourdis devant ces sévères édifices, nous sommes allés nous encanailler chez les faiseurs de feu. L'Alsace du nord demeure en effet un endroit où on le dompte de toutes les manières possibles, pourvu qu'il chauffe dur et qu'il soit maîtrisé.  D'où l'existence de cristalleries et de potiers. Lalique et Saint Louis, c'est ici. Des merveilles de délicatesse sorties d'un enfer de chaleur et de manipulations stupéfiantes. Et encore, les ouvriers d'aujourd'hui travaillent dans des conditions correctes; il y a cinquante ans ou plus, c'était autre chose.

Premiers Gallé exposés à 'ancienne cristallerie de Meisenthal

Cristallerie Lalique: extraction d'un four en terre refractaire. Pas plus de trois secondes devant le four chauffé à plus de 1400°C obligent à un ballet, où chacun sait exactement quand il doit intervenir pour relayer le collègue. Imaginons l'époque où les tenues ignifuges n'existaient pas.
Les potiers de Betschdorf ou de Soufflenheim travaillent chez eux, encore en famille pour beaucoup. Eux aussi ont appris à maîtriser les caprices des cuissons au four: la poterie, c'est autre chose que de passer un poulet à la broche. En flânouillant, j'ai atterri dans l'atelier de Monsieur Ruhlmann, un ancien des Arts Décoratifs  qui travaille encore à l'ancienne (four à bois et vernissage au sel) avec sa femme. Un superbe capharnaüm  plein de merveilles.

Les poteries gravées et peintes à l'oxyde de cobalt, en attente de cuisson, laquelle n'est organisée qu'après quelques mois, tant la préparation du four est longue.

Deux des précieuses tasses achetées à Monsieur Ruhlmann. Technique du grès au sel: du sel est projeté dans le four à 1250°C en fin de cuisson: les vapeurs de sodium s'amalgament à la silice présente dans l'argile pour former une fine couche de verre un peu granuleux en surface. Les poteries ainsi traitées sont absolument étanches.

Comme la vie n'est pas faite uniquement de forêts et de poteries, il a été parfois question de manger. Là, inutile de commenter, les images parlent d'elles-mêmes.

Eaux de vie diverses de chez Hepp: abricot, coing, framboise... et une belle réserve de miel de sapin et de forêt.
Le kugelopf de chez Boistelle, à Saverne

Sublime choucroute de chez Meisenlocker à Strasbourg                                  































































    Charcutailles achetées au marché 
de Wingen sur Moder, 
chez la plantureuse Madame Schwab.





Je m'arrête là? J'ai pitié?
Allez, encore une petite!

N'oublions pas la tarte flambée. Les gens qui la proposent sont éleveurs en semaine. Les vendredis, samedis et dimanches soirs, ils deviennent restaurateurs pour arrondir leurs fins de mois. Pas des feignants... On s'en est collé des ventrées scandaleuses en rugissant d'extase.

LA tarte flambée. La Grange. Neuwiller.

mardi 8 août 2017

Objet phallique alsacien

Voilà le genre de chose qu'on trouve en Alsace.



Je suis curieuse de savoir ce qui va être envisagé pour en déchiffrer l'usage.

Que les Alsaciens veuillent bien ne pas cafter (vielmols merci!).

Alors? A votre avis?

mardi 25 juillet 2017

Guerre contre l'eczéma: l'arme secrète viendra-t-elle d'Alep?

Depuis que la Syrie subit toutes sortes d'horreurs et de destructions, plus personne n'évoque ses douceurs.
 

 Les monuments millénaires, 
Palmyre, joyau détruit par les rustauds islamistes qui n'aiment pas ce qui est ancien et beau.

la cuisine succulente,
Merveille non encore interdite par ces gros salopards d'extrémistes islamistes, qui aiment bouffer du bon.

 et le savon. 
Savonnerie pas encore pulvérisée par les gros dégueulasses de Daesh, qui n'aiment pas le savon.

Alors le savon justement, je m'y suis intéressée de près il y a peu, parce que depuis mars, un eczéma tenace a envahi une partie de ma personne. C'est nouveau et assez déroutant. Ma peau est devenue curieusement grenue là où il sévit et ça gratte! Même la nuit. Tout le temps. J'ai beau me dire qu'il ne faut pas, que ma peau est déjà écorchée, rien n'y fait: je me gratte.

Je me suis mise à traquer tout ce qui est susceptible d'apaiser la colère du seigneur eczéma. Il s'agit surtout d'éviter le contact avec des produits qui l'excitent: quasiment tous les détergents sont à fuir, les adoucissants, à honnir et si je dois m'épiler les jambes (en été, ça se fait), il me reste la pince idoine. Quant au savon, j'ai intérêt à bien le choisir, sous peine de me réveiller couverte de croûtes sanguinolentes. C'est ignoble.



L'adversité affine la mémoire. De ses tréfonds, un lointain souvenir a émergé: la réputation du savon d'Alep.
J'ai fouiné aussi sec sur internet pour lui donner de la substance et de fait, ce savon-là fait l'unanimité auprès des scrofuleux de tous poils, de allergiques et des mères de nourrissons à la peau tendre. Bonne pioche. Encore fallait-il mettre la main sur du véritable savon d'Alep et pas sur un de ces ersatz hors de prix, susceptibles de gratouiller ce qui me reste de peau saine. A ce stade de mes recherches, j'ai failli baisser les bras. Alep à feu et à sang, j'imaginais mal que des savonneries continuassent à fonctionner dans un pareil maëlstrom.

Et bien si!

Quelques savonneries héroïques continuent à fonctionner, avec toutes les difficultés qu'on imagine, dans le nord de la ville. Il existe même des têtes brûlées qui acheminent ce précieux savon vers les frontières voisines pour qu'il soit commercialisé.
Tous les savonniers ne sont pas restés, loin s'en faut. Beaucoup ont fui et l'un d'entre eux, Monsieur Harastani a atterri en France, à Santeny, où il a recommencé à fabriquer ses savons. Ce sont les mêmes. Avec Monsieur Constantini, ils ont crée la marque Alepia, dont j'ai lu le plus grand bien sur internet. Il existe des forums de fous furieux du savon d'Alep, de ces gens qui comparent les crus de savons comme des vins; et bien même ceux-là chantent les louanges d'Alepia.
Tard dans la nuit, résistant à la gratouille, j'ai pris le risque et acheté deux savons de première qualité à 40% d'huile de baies de laurier*. L'un en direct d'Alep, un de France (pour comparer) et de la lessive à base de savon d'Alep pulvérisé. 
Il faut savoir vivre dangereusement.


 Ils sentent tous les deux très bon. Ils sont également agréables sur la peau et je me suis même lavé les cheveux avec: ils conviennent aussi bien qu'un shampooing. Pour le moment, je ne vois pas la différence entre eux. J'ai juste un respect craintif pour le syrien, parce qu'il vient d'un coin en guerre et que ça fait drôle.

La lessive est extra. Il faut diluer du savon dans l'eau avant de le mettre dans le réservoir de la machine. L'adoucissant désormais, ce sera du vinaigre blanc. J'ai récupéré un linge impec et doux, qui ne puait même pas le vinaigre.

Reste à voir maintenant si mon eczéma cédera à cette nouvelle arme.
Je vous donnerai des nouvelles.


* Onze euros le savon d'environ 200 grammes.Ceux-là sont les plus chers. Il y en a beaucoup d'autres moins riches en huile de baie de laurier et des promotions.

lundi 24 juillet 2017

La reine Mathilde habite à Paris

Parfaitement! Qu'on ne vienne pas me tarabuster avec des fables pour enfants de trois ans: la tapisserie de Bayeux c'est ici et maintenant. Si!
Quant à la reine Mathilde, elle s'appelle en réalité Boutfil et elle habite à Paris.

La preuve:

Ah les beaux drakkars!
Alors? Hein?
Et puis voilà des détails, pour ceux qui douteraient encore de ce que je dis.

Ah les beaux Vikings!
Ouh le mignon petit cheval!

Donc, la tapisserie de Bayeux, c'est une imposture.
Le machin prétendu tel qu'on montre aux ravis, c'est un chiffon moyenâgeux qui n'arrive pas à la cheville de ce que la reine Boutfil la Grande fabrique de ses blanches mains, elle. Pas comme cette péronnelle de Mathilde qui en fait, béait aux corneilles au lieu de bosser, pendant que l'Anglois se faisait étriller par son Normand de mari dans les brumes du Sussex.

Non franchement, l'histoire, c'est une affaire sérieuse. Il faut laisser ça aux gens qui s'y connaissent, sinon, on a vite fait de gober n'importe quoi.


Note sérieuse:
La "tapisserie" de Bayeux a été brodée à l'aiguille et au point de Bayeux, au XIème siècle, sur commande d'Odon, Evêque de Bayeux et demi-frère de Guillaume de Conquérant. Elle raconte la conquête de l'Angleterre par les Normands en neuf panneaux qui fourmillent de détails très vivants. La reine Mathilde, bien qu'épouse de Guillaume le conquérant, n'aurait rien à voir là-dedans, puisque divers indices, dont la graphie anglaise des inscriptions, orientent les spécialistes vers une origine anglaise de ce chef d'oeuvre.

Note non moins sérieuse:
Boutfil a des doigts d'or et le coeur sur la main. Elle a passé cent heures à me fabriquer cette merveille, rien que pour me faire plaisir.


jeudi 20 juillet 2017

Journée d'emplettes à Paris

Je me suis réveillée à 6h30, complètement ensuquée parce qu'il fait une chaleur à crever et que je me suis couchée trop tard. L'idée, c'était d'aller courir au parc Montsouris, mais là, non. Déjà trop chaud et moite le matin.
Du coup, j'ai traîné, mangé du gâteau aux amandes d'abricot, pris un petit café. En fait de course de fond aux aurores, la crise de mollasserie aigue guettait avec son assortiment habituel: shopping à la con sur le net, baffrage de ce qui restait de gâteau et évidemment, le sentiment d'être une moins que rien.


Alors j'ai réagi.

J'ai décidé d'aller à l'école bosser encore un peu, ranger le fouillis qui encombre quatre tables, m'avancer dans mes photocopies de rentrée. C'est bon ça, contre la culpabilité, d'aller à l'école pendant les vacances. Surtout à vélo. Hop! Digéré le gâteau!

Sauf que je n'ai pas fait le quart de ce que j'avais prévu, à cause des travaux pharaoniques qui vont nous gâcher la vie toute l'année prochaine et qui avaient déjà commencé. Les gars étaient en train de défoncer la porte d'accès au préau quand je suis arrivée et ils avaient bouclé l'accès à la photocopieuse à cause de la poussière. J'ai donc rangé mollement mes feuilles, collé en hauteur mes cartons de classeurs neufs et téléphoné à la dame du Bon Coin qui proposait un pantalon intéressant à 5 euros. Non pas que je sois devenue fashionata au point de ne penser qu'à ça, même à l'école. Que non pas. Il s'agissait de me trouver une tenue avantageuse pour éviter de devenir la proie des tiques lors de mon prochain séjour en Alsace. Il semble que le coin où nous projetons d'aller nous détendre en soit infesté et dans ce cas, un pantalon clair est recommandé de préférence à un foncé. Pour repérer la bestioles suceuse, tout simplement. 

Là, je vous fait la grâce de l'illustration. Une grosse tique, c'est moche.

Comme cette dame me proposait un rendez-vous au métro Cadet au minimum à 14h, j'avais  trois heures à tuer d'ici là. Que faire?
Sur ces entrefaites, une petite faim m'est venue.
La boulangerie de la rue Dupleix fait de bons croissants, alors je me suis laissée tenter.


J'étais en train de me pourlécher quand il s'est mis à pleuvoir dru et j'ai foncé sous le métro aérien pour m'abriter. C'était jour de marché. Tiens? Pourquoi pas acheter quelques fruits? En fait non. Tout était atrocement cher.


C'est comme ça que je me suis trouvée à la Motte Picquet. Allez, c'est direct jusqu'à Sèvres Babylone: direction la Grande Epicerie du Bon Marché. J'adore traînasser dans les rayons de cet endroit-là. C'est prohibitif aussi, mais qu'est-ce que c'est beau!


Et puis il y a de tout et du bon. Du coup, j'ai acheté du glucose. Chez Michalak (voir mes dernières expériences), ils disent qu'avec ça, la chantilly tient mieux. Je vais tester.

Et là, devinez un peu ce qui m'est tombé dessus?
Je vous le donne en mille.
J'ai eu faim!
Après tout, il était presque midi.
J'ai été très raisonnable en me contentant d'un peu de sublime jambon italien et du pain. Je suis allée grignoter au un square voisin dans un nuage de pigeons goulus.


Après quoi, je me suis fait délester de quelques sous par une dame qui m'a expliqué qu'elle avait faim et honte de demander. Le ton était inhabituel et je venais de manger, alors j'ai donné.
L'heure tournait, le temps n'était pas terrible: direction Detou/Simon. Encore un coin à boustifaille. Chez le premier, ils ont tout pour la pâtisserie. Chez le deuxième, c'est juste à côté, tous les ustensiles imaginables.


 Et hop! Un coup de métro jusqu'à Etienne Marcel! Notez bien que petit à petit, je me rapprochais de Cadet et de mon pantalon anti-tiques. Qu'on n'aille pas me prendre pour une écervelée obsédée de bouffe quand même!
Alors évidemment, chez Detou, je suis restée un petit peu. C'est la caverne d'Ali Baba, cet endroit.


Je venais pour du yuzu et du gélifiant thermoréversif, je suis repartie avec de l'hibiscus, des pignons et des épices à pain d'épice en masse. On vend en demi-gros, chez Detou. Pour le yuzu, j'irai chez Tang.

13h15, allez, Direction Cadet au pif. Je fais souvent ça, pas vous? Quand il y en a, je me repère au soleil. Là, c'était direction ouest, nord-ouest.
Ça circule dur dans ce quartier-là. On sent tout de suite que le coeur de Paris bat par-là. Il y avait les Halles, les vraies, autrefois.


 Il en reste quelque-chose: ça grouille de monde et ça traverse n'importe comment, ça s'invective, ça se faufile, ça klaxonne. A vélo, c'est assez rigolo, mais mieux vaut ne pas rêvasser.
Je comptais me perdre un petit peu. J'avais le temps.
Et bien non. A 13h30 tapantes, je me garais et devinez quoi?
J'ai eu faim.
Envie de sucré, pas du jambon qui me restait avec le pain.
Alors je me suis pris un petit café avec un flan devant une boulangerie qui faisait terrassette sur la rue piétonne.


 On s'est un peu tassés avec les autres gens qui étaient réfugiés là et il s'est mis à pleuvoir à nouveau. Je dégaine le parapluie, vu que leur espèce de toile n'abritait pas de grand-chose. Les passants se sont mis à cavaler sur les pavés et nous, on s'est encore plus tassés pour éviter les gouttes. On a bien rigolé.
J'ai récupéré le pantalon dans le coin de la porte cochère où la vendeuse s'était abritée en attendant que je finisse mon flan caféiné. Pourtant, je n'étais pas en retard. Toute gentille cette vendeuse. Elle a bien essayé de me refiler un autre pantalon bleu foncé, mais mon histoire de tiques l'a calmée illico.
Cette fois, je me suis décidée à rentrer à la maison. Avec tout ce que j'avais mangé, la sieste s'imposait.

De Cadet jusqu'au secteur Montsouris à vélo, rien de tel pour faire passer le flan et le reste. Allez! En tâchant de se faire respecter par les voitures pressées dans les rues étroites pleines de travaux. L'idée, c'est d'empêcher les gros salauds de doubler en te passant à 10 centimètres des mollets. Pas compliqué: il suffit de pédaler à fond au milieu de la rue. La vitesse moyenne est en gros la même que celle des voitures qui elles, restent bloquées pendant que moi, je contourne (ça c'est agréable!) et les gens n'ont même plus l'idée d'essayer de doubler. Ça dansait un peu sur les pavés du Louvre, le Boulevard Raspail vous avait des allures des cartes postales des années cinquante tellement il était vide et rue René Coty, j'ai failli m'énerver contre un abruti qui n'a rien eu de mieux à faire que me doubler en mode queue de poisson pour piler devant moi et me reculer dessus pour se garer. Heureusement qu'ils ne sont pas tous comme ça.
Je suis rentrée chez moi en nage.
Douche  follement agréable.
Comme j'étais toute seule, je me suis payée de luxe de déambuler dans le plus simple appareil avant de me glisser avec volupté entre mes draps frais pour la sieste.
Ça n'a pas duré longtemps. Un fanatique de la chignole m'a réveillée en sursaut.
Alors je me suis rhabillée.
Je suis ressortie pour aller rue Mouton Duvernet chercher un colis.
De re-retour à la maison, je me suis souvenue que mon chéripounet m'avait priée de nettoyer la caisse des chats, ce que j'ai fait. Et de fil en aiguille, la caisse des chats, ça mène à tout, j'ai fait le ménage à fond.

Et voilà comment un matin mou se transforme en journée de fou.



dimanche 16 juillet 2017

Renouveau nazi en Europe. L'exemple de la Croatie et des pays baltes

L'histoire est un boomerang. Tout le monde croyait l'Europe vaccinée contre le nazisme et le voilà qui revient au galop.

L'affaire des "Frères des Forêts",  surgie le 12 juillet dernier des protestations russes contre une "propagande" de l'Ouest, en dit long sur la question. L'OTAN met en ligne une courte vidéo de huit minutes, où les Frères des Forêts sont présentés comme d'héroïques résistants à l'occupant soviétique. La Russie et le PCF contredisent la chose en présentant les héros en question comme des membres de la Waffen SS en déroute, planqués dans les forêts baltes après l'écroulement de l'Allemagne.
Si l'histoire était aussi binaire, tout serait clair et pur comme du cristal. En réalité, les "héroïques résistants" étaient un ramassis de gars hétéroclites: vrais patriotes, nazis en déroute, juifs rescapés de l'horreur nazie et ne sachant pas trop quelle direction prendre à part celle de la forêt, paysans sans terre et bien d'autres.

Le dernier Frère de la Forêt, August Sabbe (âgé de 69 ans), sera découvert par les agents du KGB en 1978. Pour éviter d’être capturé, il saute dans une rivière et se noie.
La version Waffen SS, c'est celle des sites russes. Un peu simpliste, pas totalement faux et néanmoins révélateur. Car les nationalismes tendance croix gammée gagnent du terrain sans trop se gêner dans notre belle Europe tolérante. A croire que seuls les Allemands auraient le privilège de la culpabilité: les jeunes générations sont invitées à tous propos à se couvrir la tête de cendres pour les crimes commis par leurs arrières-grands-parents. A Freiburg il y a dix ans, au milieu d'un grand carrefour, j'ai vu des panneaux de direction qui indiquaient, entre-autres, les kilométrages pour divers camps de concentration. Prière de ne pas oublier. Vlan! Un coup de culpabilité en pleine face!
S'il ne viendrait à personne l'idée de diminuer la responsabilité allemande dans la guerre de 39-45, il serait juste aussi de ne pas oublier le rôle de quelques autres dont les remontées nationalistes sentent mauvais.

Les pays baltes, justement, sont intéressants et si quelques gars de la Waffen SS hantaient probablement les forêts après la guerre, ce n'est pas le plus grave. En Lettonie, des manifs encadrées par la police le plus officiellement du monde rendent hommage aux vétérans nazis qui, pendant la dernière guerre, ont lutté contre les Soviétiques. La haine du Russe est telle qu'elle semble tout laver, même les pogroms et les atrocités commises à l'époque par les joyeux vétérans présentés aujourd'hui comme des héros.
16 mars 2017. Commémoration de la Légion SS de Lituanie à Riga.

La presse française évacuent prudemment le sujet, sauf le Figaro qui glisse une allusion timide, l'Huma (dont l'article est excellent) et Médiapart. L'antisoviétisme est promu là-bas comme une valeur indiscutable sous peine de sanctions et quiconque ne parle pas le letton est considéré comme un non-citoyen: il n'a pas d'existence légale et ne vote pas. Alors d'accord, on ne rigolait pas du temps de Soviets, mais de là à légitimer les nazis...
On en est grosso modo au même point en Lituanie et en Estonie: glorification d'ex-nazis, interdiction de toute contestation, peines d'emprisonnement jusqu'à cinq ans) contre quiconque remettrait en cause la version officielle de l'état dans sa vision de l'holocauste (génocide nazi= génocide soviétique. Zéro nuance).
La Lettonie et l'Estonie font partie de l'UE et de l'OTAN. Ce sont des pays respectables.
La Lituanie contribue avec succès aux missions de l'OTAN. C'est aussi un pays respectable.

Lituanie: insigne nationaliste en usage pendant les commémorations de 2016. Source: Defending History


Maintenant, parlons un peu de la Croatie.
Le coeur politique du pays pendant la dernière guerre balançait côté nazi et on ne faisait pas dans la dentelle. Il existait là-bas un camp d'extermination tenu par les Croates eux-mêmes: Jasenovac. On y trucidait avant tout du Serbe, mais aussi du Juif, du Tzigane et du résistant. L'arme blanche était préférée aux chambres à gaz, telle le charmant sbrosjek ou "coupe-serbe":


Bon, ça, vous me direz, c'est de l'histoire ancienne. C'est vrai. Les Croates d'aujourd'hui ne sont pour rien. C'est vrai aussi. Mais comme les Baltes, ils ont subi le joug socialiste en la personne du petit père Tito, qui était certes plus sympa que Staline, mais tout de même. Donc Tito disparu et la guerre d'ex-Yougoslavie par là-dessus, les vieilles rancoeurs mal cuites ont ressurgi et les Croates sont retombés dans de fâcheux excès que notre chère UE ne veut surtout pas voir. La période titiste, puis la guerre leur confère le statut de victimes et tout est permis. Même de redevenir nazis.
Les mémoires d'Ante Pavelic, créateur du camp de concentration précité, promulgateur des lois anti-juives et chef des oustachis de triste mémoire, sont publiées le plus officiellement de monde dans les vitrines des librairies, aux côtés de Mein Kampf et une messe est dite à sa mémoire chaque année. L'opération tempête, vaste nettoyage ethnique de la région de la Krajlina, d'où les 250 000 Serbes furent chassés et tués en nombre, fut commanditée par un homme: Franjo Tudjman, ex président de la république de Croatie et négationniste virulent. Son bras armé admirateur des oustachis, Ante Gotovina, considéré comme un héros par las Croates, après une première condamnation en 2011 pour crimes de guerre, a été finalement acquitté en appel en 2012 par le tribunal de la Haye. Le juge italien Fausto Pocar commente: "Le jugement de la Cour d'appel contredit tout sens de justice".

Commémoration du 20ème anniversaire de l'opération "Tempête"à Zagreb, en août 2015
Et que faut-il penser de l'annulation, le 22 juillet 2016, du jugement condamnant le cardinal Stepinac pour sa collaboration avec les nazis? Jean-Paul II avait même envisagé sa canonisation!! La haine du Russe mène décidément très loin.

Dans la rue, à l'occasion des festivals ou des matches de football, la foule se laisse aller sans honte à scander:"Prêts pour la patrie!" cri de ralliement des oustachis. Lors du Mondial de football 2014, on entendit avec horreur les supporters croates hurler "Tue, tue le Serbe!"

La Croatie s'est imposée face à la Serbie 2 à 0 lors du premier match entre les deux anciens ennemis depuis la guerre d'indépendance croate (1991-95), vendredi sur fonds de chants des supporteurs croates clamant "tue le Serbe" — Dimitar Dilkoff AFP
Ces excès sont encouragés par le pouvoir en place. La présidente Madame Grabar-Kitarovic laisse faire et le ministre de la culture, Monsieur Hasanbegovic considère que l’héritage de l’antifascisme n'est pas à prendre en compte. A l'appui de sa réflexion: celui-ci serait un «concept vide de sens», avancé par les «dictatures bolchéviques». Les politiques d’extermination des Serbes, des Roms et des Juifs mises en place par le régime oustachi sont révisées à la sauce de ce monsieur.
Bien entendu, le sentiment anti-serbe grandit et saute aux yeux de quiconque les ouvre un peu. Même les Italiens commencent à être mal vus.

Mais la Croatie fait partie de l'UE et de l'OTAN. C'est un pays respectable.

Il est de bon ton de s'émouvoir de la politique de fermeture des frontières aux migrants de la Hongrie ou d'autres pays d'Europe de l'est. J'ai entendu des commentaires fort condescendants à ce sujet sur France Inter le soir des attentats au Bataclan: ils étaient jugés "immatures". Mais qui dénonce le retour sans masque d'un nazisme affiché au sein même de l'UE? L'UE ferait bien de relire un peu l'histoire de l'Europe. Avant la venue au pouvoir d'Hitler, personne n'a voulu comprendre ni osé intervenir pour le stopper dans son élan. On sait où ça nous a menés.