lundi 31 octobre 2016

Pomme de Normand

Nous revenons de Normandie, où vit l'essentiel de ma famille.

Je ne m'étendrai pas sur ma méconnaissance quasi-totale de cette région, c'est trop long à raconter. Le fait est que j'ai bien failli laisser chacune des racines qui m'y rattachaient s'effilocher l'une après l'autre. Il était temps.

Toujours est-il que quelques atavismes solides me rappelaient régulièrement à mes infidélités. Je veux parler des pommes, de la bonne crème, du cidre et du calva, que je revendique haut et fort.

Mes chères filles et mon mari adoré m'attribuent une prétendue manie de ne jamais répondre franchement, ce que je trouve discutable. On me prête aussi un goût malsain pour la chicane à coups de textes de loi. C'est exagéré. Je me défends contre les malhonnêtes, c'est tout. Peste soit des fâcheux!
Toujours est-il que cette escapade a été l'occasion de revoir des gens que je n'avais pas vus depuis des lustres et aussi, d'enseigner à mon cher et tendre époux qu'en Normandie, il est de sujets avec lesquels on ne plaisante pas.

Le plus important:

la pomme.


Ma tante, la femme du frère de mon père, nous a servi un bourdelot en dessert. Prononcez "bourd'lot' pour ne pas passer pour un Parigot.


Ce délice aurait pu être simplement dégusté, avec les commentaires goulus de mise.
Que nenni, à Falaise, on décortique la question.
Pour commencer, mon oncle, le frère de la soeur de mon père, a fait observer que ma tante FDFDMP* faisait des infidélités à la maison Serais, connue entre toutes pour ses bourdelots et ses sablés.

Ma tante lui a répondu que chez les autres, c'était bien aussi et que d'ailleurs, elle avait fourni les pommes elles-même. Croyez-vous qu'un pommier Calville pousse dans son jardin? Pas du tout. Elle était allée acheter les pommes au marché, parce que la pâtissière n'avait plus de Calvilles et refusait de faire les bourdelots avec d'autres pommes. C'est aussi simple que ça.
Là-dessus, très sérieusement, l'oncle FDLSDMP** assène qu'effectivement, pas de bourdelots sans Calvilles ROUGES.
Avec les Calvilles blanches, pas question.
Quiconque se compromet à fourguer de la pomme de base à un Normand soucilleux s'expose à des représailles. C'est clair.

 
Bon pour les bourdelots                                 Pas bon pour les bourdelots

Dégueu, pouah! Autant faire les boudelots avec des poireaux.

Tout en dégustant ce sublime dessert feuilleté à souhait, fondant, acidulé, tout en onctuosité de pommes fondues et goutues, nous avons enchaîné sur le caractère de Normand  cochon des satanés pommiers. Dans le jardin de ma tante FDFDMP, ils ont refusé de donner la moindre pomme pendant des années. Il s'en est suivi l'appel à l'aide un voisin expert en pommiers récalcitrants qui s'est livré à une leçon d'éducation (le pommier gâté ne donne rien. Il faut le traiter à la dure comme les gamins d'autrefois) et à une taille des racines compliquée, exposée en détail, dont il a résulté une récolte miracle. On a tout de suite senti se tendre un voile de respect pour le gars.

Mon époux est revenu édifié de l'escapade. La première leçon a marqué son homme:
en Normandie, on ne plaisante pas avec les pommes.



*femme du frère de mon père
**frère de la soeur de mon père



mercredi 26 octobre 2016

Viennoiserie et politique

Le politique et les viennoiseries , c'est une longue histoire d'amour.
Fabius déjà, se pointait en charentaises chez le boulanger pour acheter ses croissants quand il était "le premier ministre de la Fraaance".


Ensuite, il a arrêté. Le goût du croissant lui a passé.

Après ça, Copé a dénoncé vertement les diktats du Ramadan à coup de pains au chocolat.
Ça démarrait bien, l'intention y était et patatras! Tout le monde s'est marré. Tarik Ramadan et sa clique, tout contents de tenir un nouvel os à ronger sont retournés vaquer à leurs affaires louches en se frottant les mains. Copé allait morfler!


Et comme ça ne suffisait pas, le voilà qui remet ça avec son pain au chocolat. Il faut admettre que c'est l'argument politique imparable. La chômage? Les migrants? Hollande qui dégoise?
Pain au chocolat.
Tout le monde le croyait maître du sujet. Grosse déconvenue: il n'y connaît rien et nous le vend à 15 centimes!
Reste à ressortir les charentaises. Les boulangers n'attendent plus que lui.
Fabius au moins, avait su convaincre qu'il était un homme du peuple.



Heureusement que notre bon président sait relever le niveau de la politique française et connaît son affaire.

 
Nous voilà rassurés.




mardi 25 octobre 2016

Vincent Munier

Je vous présente Vincent Munier.

Il est photographe et il a sillonné le monde, en quête d'animaux à enfermer dans sa petite boîte.

Gris, blanc, noir... Je suis sous le charme.





samedi 22 octobre 2016

Grosse maladroite

Je suis bien embêtée. 

En voulant faire le ménage, j'ai bêtement effacé les derniers commentaires.

Que ceux qui m'avaient gentiment écrit et soutenue pour la reprise de mon blog veuillent bien m'excuser.

C'est irrattrapable. 

Je me sens extrêmement idiote, ce soir...


Au fait, ça travaille combien de temps, un maître d'école?

Foutus feignants de profs!
Rendez-vous compte, ma bonne dame, ces gens-là travaillent six mois dans l'année et sont payés cher pour ce qu'ils font.
C'est ce qu'a dit Sarkozy, Mâme Jebavedesvipères, le 18 octobre dernier. Donc c'est vrai.

Effectivement, Sarkozy au mieux de sa forme a recommencé à nous asséner ses vérités.
Tout le monde sait que les profs ne foutent rien la moitié de l'année. Ils ont aussi des dents de loup qui poussent les nuits de pleine lune et font des orgies avec Belzébuth certains soirs de Sabbat.

L'équipe pédagogique en réunion de cycle du dernier vendredi.

 Bon, alors d'abord, un prof des écoles (beurk, quel appellation odieuse!), ça gagne dans les 2300 euros par mois après 20 ans de boîte, quand son déroulement de carrière a plutôt bien roulé.
Pour les profs certifiés, en principe c'est pareil, puisque le statut des enseignants du primaire sont censés être alignés dessus. En fait, non, c'est pas pareil: les profs du secondaires ne se farcissent pas la surveillance des récréations, ont des primes de conseil de classe, de tutorat...mais là n'est pas le sujet. Sarkozy a déjà décroché.

 

Je me suis amusée à faire un petit calcul. Combien d'heures hebdomadaires est-ce que je travaille chaque semaine?
Allez Sarkozy, on se concentre!

 

J'ai un CM2, ce qui nous donne:
   26 h de classe par semaine, comme tout le monde dans le primaire.
+ environ 12 heures de préparations et corrections confondues. Je passe systématiquement une bonne heure, voire plus, sur le temps de midi, pour corriger. Le soir, ce n'est jamais moins d'une heure trente, pour préparer et corriger. Le matin, j'arrive toujours 20 à 30 minutes avant le début des cours pour tout mettre en place, préparer le tableau, mettre sur les tables les travaux corrigés...
+ 30 minutes bien tassées de rencontre avec les parents.
+ Tout le bazar de formations obligatoires, APC (Aide personnalisée supposée aider les élèves en difficulté à raison de deux fois 30 minutes par semaine, sur le temps de midi), réunions et j'en passe: 108 heures annualisées réparties sur 36 semaines de classe. Ça va chercher dans les 3h par semaine.

Sarkozy va nous dire combien ça fait, tout ça. Attention Sarkozy, il y a une division à faire quelque part! Vas-y doucement.
26 + 12 + 30mn  + (108/36= à peu près 3h)= 41,5 heures. Allez, arrondissons à 42 heures.

S'ajoutent à cela:
  • - les temps de surveillance de récréation (environ 3 heures par mois soient 40 à 45 minutes par semaine), 
  • - le concoctage Ô combien exaltant des livrets par compétences qu'on nous oblige à présenter ainsi, quand bien même c'est abscons, mensonger et chronophage, 
  • - la paperasse qui accompagne la moindre sortie, le plus petit projet ou quoi que ce soit de ce genre. 
Je pense qu'on peut rajouter au bas mot une solide heure à notre compte, déjà rondelet.
Nous arrivons à 43 heures de travail hebdomadaire, et encore, j'ai un peu de bouteille et une foison de documents déjà prêts.

Sarkozy m'objectera que les profs se vautrent dans un temps de congés obscène, tel Hannibal dans les délices de Capoue.

L'équipe pédagogique prise en flag: vacances de juillet, séjour tout compris spécial profs.
 
Certes, à défaut de treizième mois, de comité d'entreprise, de médecine du travail, de souplesse lors des moments importants de la vie (on m'a royalement accordé trois jours pour le mariage, dont un seul rémunéré), de droit à la mobilité, nous bénéficions de 16 semaines de congés. C'est-à-dire quatre mois.
Ça y est , Sarkozy tient son os!

Notons tout de même qu'une partie de ce temps est consacré au travail de correction, préparation... ça dépend bien sûr de l'engagement de chacun. Je consacre deux à trois journées des petites vacances à faire mes affichages, peaufiner les détails et devinez? Corriger, préparer...
Pendant les grandes vacances, c'est très variable: entre quatre et douze jours sont nécessaires. Je suis loin d'être la seule.
Les 16 semaines ont déjà un peu rétréci.

J'ajouterai un détail important.
Enseigner ne consiste pas à rester assis sur sa chaise devant un ordinateur, avec son petit café et la collègue à qui raconter sa dernière recette de cuisine. Je sais, je caricature.
N'empêche.
Là, il s'agit de tenir à la force du, de...charisme, autorité, potion magique, ce que vous voudrez: une classe.
Une classe, c'est entre 25 et 30 mômes pas forcément disposés à faire ce qu'on leur demande, moyennement emballés à l'idée d'écouter ce que le prof dégoise, la plupart du temps soutenus contre vents et marées par leurs parents. Il y a des mimis et des parents sympas, bien sûr, mais il arrive surtout de tomber sur les spécimens cités en premier. A cette recette assez basique, il manque l'ingrédient vedette: le gamin handicapé mental et/ou engoncé dans des troubles du comportement bien carabinés. 
Au pire, un prof se trouve livré, seul au monde, à une horde de sauvages qui jouent au foot dans la classe (histoire vraie, mais pas dans la mienne), s'insultent et/ou se battent comme des apaches, traquent la moindre occasion de contrer le malheureux prof sur des questions délicates, le plus souvent religieuses. C'est rare en CP, mais j'ai connu ça en CM1 et CM2.

Sans les vacances, un prof ne peut pas tenir. Si on les diminue, il faudra instituer des jours de récupération, comme ceux qui font les trois huit et c'est inorganisable, ou engager beaucoup de remplaçants pour compenser les absences pour maladie ou démission.

Ceci dit, je ne me plains pas. C'est un chouette métier.
Je voudrais juste que les politiques (et Sarkozy en particulier, suivi de près par Najat) cessent de dire n'importe quoi.

Maintenant, interro écrite. On va voir si Sarkozy a écouté. N'oubliez pas d'écrire la date.
Najat et François, qu'est-ce que je viens de dire?


vendredi 21 octobre 2016

Un écureuil volant dans mon salon

Changeons-nous les idées et laissons un peu les sujets graves.
Figurez-vous que j'ai chez moi un écureuil volant. Vous savez? Ces bestioles qui sautent d'un arbre à l'autre en écartant grand les pattes pour accentuer l'effet planeur.

Le voici, c'est une demoiselle: elle s'appelle Artémis.

Artémis nous a adoptés en décembre 2014. Depuis elle nous a révélé toutes sortes de dons surprenants.

Sa capacité à se transformer en écureuil volant est un des plus remarquables. Voilà comment se passe la métamorphose:
Après une mise en condition sur le plan de travail de la cuisine (lequel donne sur la porte qui elle-même ouvre sur le salon) en exorbitant bien ses yeux tout ronds et en remuant du derrière, elle décolle en direction du salon, écartant bien les pattes pour gagner en distance. Si elle tient la forme, elle parcourt ainsi quatre bons mètres et bombarde ainsi de sa personne notre bon vieil Aristote. C'est d'ailleurs uniquement dans le but de lui coller une bonne frousse qu'elle s'adonne à ce vice.

Autre don exceptionnel: Artémis fait de la dentelle.
De préférence à partir d'un matériau de haute qualité, c'est-à-dire du linge propre ou mieux, la nappe de lin damassée bien tendue. Nous sommes très fiers.

Artémis a également la capacité, tel Oudini, à se volatiliser comme par enchantement.
On croit qu'elle est là et pfuit! Elle disparaît.
Pour ce faire, elle a tout de même besoin d'un assistant qui, tout à fait involontairement, lui facilite l'entreprise en ouvrant la porte de l'appartement. Elle se faufile alors, telle l'anguille , dans l'escalier, en quête d'un paillasson parfumé. Il a fallu que j'attende de vivre à Paris pour découvrir l'attrait puissant des paillassons sur les chats. Car, lancée au train d'Artémis, il m'arrive de rencontrer d'autres maîtres qui eux aussi, poursuivent le leur, lancé d'un air têtu à la poursuite d'odeurs de chaussures.

Autre don de métamorphose: le kangourou. Dans ce cas, l'assistante obligée est une mouche. Artémis est très vite, dès l'enfance, devenue une exterminatrice de mouches remarquable. On n'est pas l'héritière de la déesse de la chasse pour rien. Sa technique consiste en une combinaison de galoping-ramping et de sauting très haut sans élan. Imparable. La mouche n'a aucune chance. C'est horrible.

Enfin, Artémis a le don d'articulation.
N'importe quel chat miaule. Artémis cause. Au lieu de lancer un banal "miaou", elle complique. Ce qui nous donne "miaou-miaou". Ou même: "miaou-miaou-miaou". Le tout chantonné très vite. Et si l'interlocuteur a le bon goût de lui répondre sur le même ton, elle enchaîne aussi sec sur une série de 'miaou' tout à fait saisissants. Je vous laisse imaginer les folles conversations dans lesquelles nous sommes parfois lancés.

Son dernier copain, en plus d'Aristote le sage. L'arrosoir.
Comment cela va-t-il finir?







mercredi 19 octobre 2016

Flagrant délit d'intolérance nauséabonde

J'ai un compte Facebook. J'y ai de vrais amis dont je lis la prose, avec plaisir, même quand ils me fourrent sous le nez des assiettées scandaleuses de mets raffinés, à l'heure du sandwich pas frais expédié dans ma salle des maîtres glaciale.

Clin d'oeil appuyé.

 
Voyez le genre...Suivez mon regard.


J'y collectionne aussi pas mal de connaissances plus ou moins amicales, dont la prose plus inégale me passionne moins, mais elles me détendent.


J'ai accueilli assez récemment une nouvelle "amie", une dame propriétaire d'un jardin classé en Bretagne, qui cherchait des acquéreurs. Nous avions parlé au téléphone, sympathisé et échangé nos Facebook.

A l'occasion de la dernière manif organisée le 16 octobre dernier par la "Manif pour tous", j'ai découvert avec consternation qu'elle s'était ralliée à l'opinion dominante. J'avais affaire à une personne intelligente et complètement intoxiquée par la propagande ambiante. Elle considérait ce mouvement comme un ramassis de bourgeois intégristes, puants comme des Roqueforts et ouverts comme des ceintures de chasteté.
J'ai évité de réagir, jusqu'à la publication, aujourd'hui, de cette image. Elle m'avait agacée (l'image), tant elle véhiculait une idée distordue et mensongère.

Voilà ce que j'ai écrit sur Facebook, donc:

Moi:
"Désolée, mais je ne suis pas d'accord avec l'image qu'on se fait de la Manif pour tous. Cette image a été en grande partie fabriquée par les médias et les manifestants présentés comme des bourgeois au mieux, moisis, au pire, fascisants. Cela relève ni plus ni moins d'une propagande inquiétante, relayée par les médias. J'ai participé à chacune de ces manifestations et j'ai vu qui y était, j'ai parlé avec les gens. Précision: je suis maîtresse d'école, je loue mon logement et je n'ai aucune fortune. Parmi les manifestants, beaucoup étaient comme moi. Ensuite, je crois qu'on peut désapprouver une loi sur le mariage homosexuel et ses corollaires (GPA et PMA) sans être anti-homosexuel. C'est mon cas et aussi le cas de pas mal d'autres. Enfin, j'aimerais comprendre cette volonté de faire accepter la PMA, et pire, la GPA, qui revient à acheter le ventre de femmes pauvres pour le "droit" à avoir un enfant. Quand bien même on approuverait cette option, il serait mieux d'en débattre et d'accepter la contradiction, plutôt que de réduire ceux qui désapprouvent à des caricatures extrémistes. Voilà, c'était le coup de gueule du mercredi matin :)! 

Réponse du numéro 1, ami Facebook de la dame au jardin:
"Génial que tu réagisses à la vidéo du dessus. C'est une caricature de manif de droite...
Bon après tu es contre le mariage homosexuel ? La GPA et la PMA c'est un autre débat... c'est bien. Retourne manifester avec Civitas et consorts."


Moi:
" Voilà une réponse qui démontre un sens révélateur du dialogue et une vaste ouverture d'esprit. La GPA et la PMA sont le coeur du débat justement. Renseignez-vous".

Intervention du numéro 2, autre ami Facebook de la dame au jardin :
"Ta gueule!"

On s'extasiera sur la qualité de l'argumentaire.

Là-dessus arrive un message privé de la dame au jardin:
"Bonjour, il est vraiment difficile de débattre sur FB, mais je crois que ce serait de toutes façons inutile.Je suis sur des positions complètement opposées aux vôtres. J'ai travaillé dans l'Education nationale, du mieux que j'ai pu, comme la plupart de mes collègues à tous niveaux de responsabilités. Je connais deux magnifiques enfants nés grâce à la PMA. Les parents vont bien aussi, merci. Ce ne sont pas des gauchistes. J'ai des amis homosexuels. Bref, séparons-nous, ce sera plus simple."

Au moins est-elle restée correcte. Ça fait du bien.

Ma réponse:
"En effet, c'est difficile, et je le déplore sincèrement. Le simple fait de n'avoir pas approuvé cette caricature m'a valu des insultes. Je n'appartiens pourtant à aucun mouvement extrêmiste, je n'ai rien contre les homosexuels. Je souhaitais seulement nuancer un peu les choses. Séparons-nous si vous voulez, mais je suis peinée de constater que la liberté de pensée et de discussion s'éteint doucement un peu partout."

Chacun jugera de la violence manifestée par les numéros 1 et 2 et leur totale incapacité à envisager le moindre dialogue. La dame au jardin et Numéro 1 "sont Charlie". Ils défendent donc la liberté d'expression.
Nous voilà édifiés.
 



mardi 18 octobre 2016

La grande misère de la Grèce


J'ai eu le bonheur de revoir ma grande amie grecque en septembre. Six années avaient passé depuis notre dernière rencontre, chez elle, à Ioannina.

 

Elle est médecin endocrinologue et elle profitait d'un congrès à Paris pour s'échapper un peu des réalités grecques.
Tout le monde sait qu'en Grèce, depuis quelques années, on bouffe de la vache enragée à toutes les sauces.

Seulement là, j'avais beau être au parfum, j'ai eu un choc.


Toute grecque qu'elle est, mon amie n'est pas du genre à nous pousser la tirade, genre Electre, ce sont donc des détails de rien du tout qui m'ont d'abord mis la puce à l'oreille.
Elle voulait savoir le prix de tout. De la baguette de pain, à celui du carburant au loyer moyen. C'était plus fort qu'elle. A propos de chauffage (elle habite le Nord de la Grèce, un coin où ça pince sévère), quand je lui ai dit qu'on pouvait presque s'en dispenser l'hiver (j'habite à Paris, pas à Ioannina), elle y a d'abord vu une mesure d'économie. C'est là que j'ai découvert que la plupart des gens ne se chauffaient plus, faute d'argent.

Elle est restée quelques jours et les langues se sont déliées. J'ai alors découvert quel enfer était devenu la Grèce. Non seulement on ne se chauffe plus, même quand les températures descendent à -10°, mais les impôts sont effroyables. Mon amie, qui exerce en libéral et trime comme une bête pour offrir des études à ses trois enfants, voit 60% de son revenu partir en impôts! Et ce serait 80% si elle déclarait tout. Devant mon regard halluciné, elle m'a alors fourni une explication que même les pires tordus n'auraient pas imaginée: le gouvernement grec à décidé d'imposer à ces taux de folie les médecins, les avocats et je ne sais plus quelle autre catégorie professionnelle maudite, au prétexte qu'ils sont pleins aux as et supposés experts en détournements divers. Ça c'est de l'enquête chiadée!

Alors je lui ai demandé comment les gens réussissaient à survivre dans un merdier pareil. C'est très simple: ceux qui sont ruinés vivent aux crochets des autres, saignés à blanc, grâce aux aides publiques. Les solidarités familiales jouent à fond. Les entrepreneurs enregistrent systématiquement leur boîte en Bulgarie ou en Albanie pour éviter la banqueroute programmée par des taxes au moins aussi écrasante que les impôts des médecins. Les petits malins se débrouillent et fraudant tout le monde. Tous ceux qui ont pu partir l'ont fait et aident les leurs avec l'argent gagné aux quatre coins du monde.
Tout le monde regrette d'avoir choisi l'Union européenne, sauf bien sûr les élites au pouvoir qui elles, gagnent très bien leur vie et réservent les meilleurs postes à leurs obligés et leur famille. Le piège s'est refermé.
 Par chance, il reste des vieux. Ils en ont vu d'autres, ils ont encore en tête les souvenirs de la guerre civile de 1944, pas si ancienne, et raisonnent les jeunes qui veulent en découdre.

Petit jeu: changeons d'époque. Petite devinette: par qui remplace-t-on le soldat anglais?

La nouvelle guerre civile, tout le monde en a peur là-bas. 
Les Grecs en sont là.

Qui en parle?


Après trois jours, mon amie est retournée chez elle retrouver sa famille. Pour rien au monde elle n'envisage de quitter son pays, même si elle le pourrait.
Je ne sais pas quand je la reverrai. Elle a mis plusieurs années à économiser pour ces trois jours de congrès à Paris.





vendredi 14 octobre 2016

Terroristes tenez-vous bien, l'Education nationale est là!

Presque trois ans que j'ai laissé mon blog. Je prie mes lecteurs de m'en excuser, je les ai lâchés comme des sacs de sable.
Toutes sortes d'événements m'ont happée hors de la sphère bloguesque et ensuite, j'ai eu du mal à m'y remettre. J'ai déménagé, vendu ma maison, changé d'académie, changé de mari, recommencé à lire...bref, pas mal de choses prenantes.
Aujourd'hui, j'ai eu comme un chatouillis d'inspiration et me revoilà.
On ne se débarrasse pas de moi comme ça.


J'ai eu envie de vous raconter une histoire rigolote.
Comment on apprend à se protéger des terroristes dans les écoles élémentaires publiques.
On va passer un bon moment, vous allez voir.

D'abord, le dispositif possède un joli petit nom, c'est le PPMS*. Ceux qui connaissent n'ont pas le droit de souffler. Les autres, réfléchissez un peu et si vous séchez, c'est en bas de page.
L'idée, c'est d'apprendre à protéger les enfants, et éventuellement soi-même, en cas d'intrusion de cinglés fanatiques surarmés aux intentions assassines. Les autorités compétentes nous ont fait comprendre sans ambiguité que le prochain carton, ce serait une école. Nous sommes donc invités à nous entraîner activement à la riposte.

Seulement les écoles ne sont pas des châteaux forts et les enseignants, bien que supposés polyvalents, peu formés au maniement des armes à feu.
Mais comme il faut montrer aux parents que leurs enfants sont en sécurité à l'école, alors on dégaine le PPMS.


Dans l'académie de Paris, où j'ai l'honneur d'exercer désormais, en haut lieu, on n'a pas encore réussi à nous concocter un signal d'alarme clair. Alors les directeurs s'arrangent. Certains font retentir la même sonnerie que celle du feu, en la bidouillant un peu. D'autres soufflent dans la corne de brume, signal d'une catastrophe naturelle et/ou d'un exercice de sécurité de regroupement dans le préau (c'est un autre PPMS, celui-là). Si par hasard, les méchants sont là, alors on leur envoie direct les gamins dans le viseur. C'est réglé.
Les directeurs finauds, comme le mien, préfèrent pas de signal du tout. De fait, en cas d'attaque, on imagine sans peine qu'on entendra canarder. Difficile de confondre avec l'alerte incendie.

C'est maintenant que ça devient rigolo.
On nous demande de verrouiller la porte de la classe, laquelle est du genre léger et en grande partie vitrée. Admettons.
Comme les autorités se rendent tout de même compte que lesdites portes pourraient ne pas être un obstacle sérieux, on nous prie de les obstruer en faisant glisser les armoires pleines de bouquins devant. A ma connaissance, l'Education nationale n'a pas encore songé à organiser des stages de musculation, ce qui s'imposerait pourtant, vu les nouvelles compétences que supposent le PPMS. Il paraît que de toute façon, la peur décuple les forces. Admettons.
 
                                          La maîtresse d'école de demain, fin prête pour le PPMS

Ensuite, le fait que les classes communiquent entre elles par l'intermédiaire de portes encore plus vitrées et fragiles, non-équipées de verrous, c'est un détail. Pas question de les murer, c'est pour la sécurité incendie. N'en parlons pas et avançons.
La classe étant donc à l'abri des armes lourdes, grâce aux armoires poussées devant les portes vitrées verrouillées, on nous recommande tout de même de planquer les élèves et de ne pas faire de bruit. Il va sans dire que les armoires ont été déplacées avec légèreté, dans un silence de coton.
Mettre les gosses aux abri sans bruit, c'est autre chose.
Alors on s'exerce à les mettre sous les tables en fin de journée, en tâchant d'éviter le boxon général. Il va sans dire qu'il est fortement déconseillé d'expliquer la raison pour laquelle on organise régulièrement cette récréation bruyante en classe. Avec les petits, on joue au silence. Bien.
Avec les grands, à qui il est tout de même moins facile de bourrer le mou, il a bien fallu cracher le morceau et là, ils ont posé des questions fallacieuses, ces petits salopards.
Par exemple: "Sous les tables, on nous voit, non?"  "Comment on va faire pour pousser les armoires?" "Maîtresse, Etienne il fait du bruit".

Et la pire: "Et s'ils entrent quand même, qu'est-ce qu'on fait?"

* PPMS: Plan Particulier de Mise en Sécurité