jeudi 28 juin 2012

Ziinga, un site d'enchères à fuir!

Je viens de faire une vraie très mauvaise rencontre sur le net: Ziinga. Un pseudo site d'enchères dont le but réel est de plumer un maximum de gens.
Voilà le site, un conseil: fuyez!
http://www.ziinga.com/fr

Le 17 juin dernier, un dimanche maussade, je traînassais sur le web. Je tombe sur ce site. Allez savoir quelle mouche m'a piquée, je me suis inscrite. Quelle idée!
Comme je ne comprenais rien à leur système d'enchères, je les oublie.
Et puis je reçois un mail de bienvenue.
Puis un autre qui me propose un iPod Shuffle 2 GB comme cadeau. Sauf qu'il faut payer 2€ de frais de port.
C'est là qu'il m'a manqué une case, parce que ce truc m'a tentée (alors que je n'en ai rien à foutre, de leur IPod à la noix), j'ai payé... par carte, évidemment.

Le troisième mail  m'a semblé franchement louche, puisqu'il me demandait de télécharger un formulaire où j'étais sensée donner comme une fleur, je cite:
Copie numérisée de votre Carte de Crédit (recto verso)
Copie numérisée d’une pièce d’identité valide (passeport ou permis de conduire)
Copie numérisée d’un formulaire de carte de crédit signé."


Tout ça, je cite encore:
 "Parce que notre politique n’autorise qu’un seul cadeau par foyer, vous devez confirmer votre identité en envoyant les documents suivants à titre de preuve."

Ben voyons... 
J'ai donc résolu de vaquer à des occupations plus utiles.

J'aurais dû mieux lire ce mail étrange qu'ils m'ont envoyée APRÈS COUP. Ces flibustiers avaient le culot de préciser:
"Nous vous informons que l’abonnement 7 avec Platinum jours gratuits qui est inclus dans cette offre vous procure des mises gratuites lors de ventes aux enchères, une réduction additionnelle de 10% sur tous les achats de forfaits de mises, Agent enchérisseur quotidien, une expédition GRATUITE pour tous les articles, 7 mise(s) gratuite(s) qui sera/seront ajouté(e)s quotidiennement à votre compte plus 8 mise(s) gratuite(s) supplémentaire(s) pour chaque jour calendaire au cours duquel vous vous connecterez à Ziinga.com. Les frais d’abonnement sont de € 67,99 par mois. Vous pouvez choisir d’annuler votre abonnement à tout moment en contactant notre service clientèle à info@ziinga.com. L'adhésion Platinum vous engage pour les 3 premiers mois. "

Je ne m'étais engagée à rien du tout, donc je les ai fourrés aux oubliettes.
Erreur!

J'ai découvert hier que j'avais bel et bien été débitée de 67,99 euros le 25 juin!
Les enfoirés!
Et là, j'ai tout épluché.
Pas d'adresse postale. Après enquête sur le Net, où tout une foule de gens hurlent à l'arnaque, il apparaît qu'ils sont à Malte.
AUCUNE TRACE DU MAIL ME PROPOSANT L'IPOD COMME CADEAU DE BIENVENUE! Rien. Il n'y en a pas.
Etonnant, non?
Non. Malte a une tradition ancienne de piraterie.

Alors j'ai foncé à ma banque pour demander une autre carte bleue et faire résilier celle-là.
J'ai averti la direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes. J'irai déposer une plainte demain et je compte me faire rembourser la somme prélevée par ma banque, puisqu'il y a fraude manifeste.

Bien entendu, j'ai demandé par mail à la société Ziinga d'annuler immédiatement mon prétendu "abonnement".
Ils ont encore le culot de me demander 31,00 euros de frais de résiliation, ces bâtards!

Le pire, dans cette histoire, c'est que j'ai honte. Je me sens coupable d'avoir marché avec cette arnaque de fillette et je n'ai commencé à en parler qu'aujourd'hui. C'est presque ça le plus terrible.

Ce site est difficile à attaquer par les voies judiciaires normales: ils échappent aux lois françaises. Donc le seul barrage à leurs pratiques, c'est de les faire connaître.
PARLEZ-EN! 
Que je n'ai pas l'air gourde pour rien.


mardi 26 juin 2012

Brigitte Engerer est partie

Déjà trois jours qu'elle nous a quittés.
C'était une très grande artiste.


Petite mélodie hongroise de Schubert. Enregistré en direct à Pleyel.



Pour ceux que Chopin ne transportent pas, allez directement à la dixième minute écouter le Nocturne en do dièse mineur posthume. C'est extraordinaire.

dimanche 24 juin 2012

Comment la fauvette m'a emmenée au marché

Ce matin était encore tout gris.
La petite fauvette à tête noire récemment installée dans mon fouillis feuillu a néanmoins entonné sa jolie chansonnette.
Courageuse petite bête...



 Du coup, je me suis secouée et je suis allée au marché.
J'aime bien les marchés: toute cette boustifaille offerte me réjouit les sens et on trouve là un concentré de société  à l'humeur bonhomme.

J'ai la chance de disposer de plusieurs marchés, près de chez moi. L'un est réduit, peuplé de commerçants onctueux qui vendent cher aux petites dames à chien.
L'autre est vaste et plus popu. Les commerçants s'invectivent et engueulent les clients, s'il faut, avec des accents bigarrés: du parigot à la Audiard, de l'arabe, du vietnamien, du portugais... et le client est aussi varié que les reflets sur le plumage d'un canard.
De la gitane, du vieux stal ruminant la belle époque, du bourgeois, du mendigot rom, de l'enfoulardée... D'accord, la marchandise n'est pas toujours de première qualité: il faut être vigilant.
Mais on rigole bien et les prix sont presque deux fois moindres que chez ceuss qu'on un manche à balai dans le derrière.

Ce matin, j'ai eu de la chance, parce qu'en plus, je suis tombée sur un destockeur qui fourguait du vin.
Je ne suis pas experte es pinard, mais celui-là avait l'air correct et le marchand pas trop voyou.

Rien de révolutionnaire: quinze bouteilles en tout, dont deux de Monbazillac 2008 et trois d'un petit négociant bien coté sur le net (Côte du Rhône Jacques Wallut 2005), et puis aussi trois de Saint Emilion 2006, pour quarante euros. Par là-dessus, trois modestes Entre-Deux-Mers, deux mystérieuses Cuvées Réservées de Bordeaux, deux petits Bordeaux à l'air honnête et deux Bergerac.
Une moyenne de 2,60€ la bouteille.
Un risque mesuré.


Accessoirement, j'ai aussi acheté des fruits et des légumes, du poisson et du cumin. Et du pain.


Tout est extra frais. Les fraises du producteur local embaumaient la cuisine et elles étaient tellement bonnes qu'on les auraient crues alcoolisées.

Les gens pensent qu'habiter en Seine-Saint-Denis est une malédiction. Mais il n'ont pas idée de la truculence de tels endroits, ni des prix. Qui, à Paris, pourrait acheter 2kg de petits poivons rouges, 1kg d'aubergines bien fermes, deux artichauts, 1 kg de brugnons et 1kg d'abricots du Gard extras, 1kg de fraises sublimes, 4 citrons non traités, 1,5kg de pommes, 2kg de tomates, 2 concombres, 2 baguettes au levain, 1 sachet de cumin, un carrelet luisant, pour 25 euros?
Le vin, n'en parlons pas, c'est un coup de chance.

Il a tout de même fallu transporter tout ça, charriot cahotant chargé à bloc et carton de vin sous le bras, jusqu'à la voiture. Ça a été une épreuve. Surtout sous la pluie, dans la foule pas pressée.

N'empêche...j'aime les marchés.


samedi 23 juin 2012

Mon chat n'a peur de rien

Mon chat a décidé de s'entraîner pour devenir artiste de cirque.
Je l'approuve.
Par les temps qui courent, on n'est jamais trop prévoyant.

Je vais envisager de lui coudre un petit bonnet à grelots et une culotte bouffante rouge et jaune.

Entrée de l'artiste. On applaudit.


Ça démarre par un numéro inédit d'illusionisme: le maestro fait disparaître la moitié de son corps devant nos yeux ébahis.


Plus fort!

Encore plus fort! Admirons la prise de queue.

Toujours plus fort!

Et maintenant, Mesdames et Messieurs, applaudissements!


vendredi 22 juin 2012

Maman est en haut, qui fait des gâteaux, maman est à côté, qui répare le robinet ♫

Aujourd'hui est un grand jour lumineux.
Non pas en l'honneur du solstice d'été. Ça pourrait, mais non.



Non je ne me marie pas.
Non je n'ai pas gagné au loto.
Alors quoi?

J'ai changé toute seule mon pommeau de douche et mon flexible et je suis fière comme un footeux qui vient de marquer un but.

Jusqu'à maintenant, je m'étais cantonnée dans ce que nos bonnes vieilles habitudes nous dictent depuis le Néolithique: la bricole et la chasse, c'est pour papa et la cuisine, le repassage, (encore qu'au Néolithique...bon), le biberonnage, enfin bref, tout le reste, c'est pour maman.
D'ailleurs, la preuve:


Voilà que depuis quelques jours, mon flexible de douche fuyait crescendo. Crescendissimo même. Hier soir, au lieu de me doucher avec le pommeau plein de calcaire, j'ai été forcée de me livrer à des contorsions ridicules pour récupérer le filet d'eau qui giclait de la base du pommeau.
Ça ne pouvait plus durer et ce matin tôt, j'ai décidé de me rendre au magasin de bricolage le plus proche pour me munir d'un matériel flambant neuf. Jusque là, c'était fastoche. J'ai même dégotté un superbe pommeau Grohe en forme de soucoupe volante  qui était en promo.

Après, vingt mille ans de conditionnement comme illustré ci-dessus ont failli flanquer par terre mes élans. Mais le souvenir des acrobaties grotesques de la veille m'ont empêché de mollir, d'autant que je savais qu'aujourd'hui, ça serait encore pire.
Molto crescendissimo.

J'ai tout bétonné: enquête préalable sur Internet, collecte du matériel idoine, vérification du sens de "pince multiprise" et "clé à molette", détail des étapes. C'était bon, j'étais prête.
Tout s'est bien passé jusqu'au moment où il a fallu dévisser le flexible du robinet. Pas moyen. Il avait été quasi soudé par le précédent intervenant. Un homme, évidemment.
J'ai sué sang et eau avec l'acharnement du désespoir, arc boutée dans ma baignoire. En vain.

Accablée, ÉCRASÉE par la fatalité d'un héritage aussi cruel, j'étais à deux doigts de me rendre et d'appeler au secours un homme. Solution de facilité répugnante, vu l'enjeu, et un peu risquée aussi (voir mon précédent billet).
Par chance, j'ai la chance d'avoir une copine bricoleuse et arrangeante qui s'appelle Christine. Je suis allée lui expliquer ce que ce jfghghfhdhfbv:nv=fkjggh de flexible m'infligeait et elle m'a proposé son boa.

                                                            Non allons! Pas ça!



                                                                          Ni ça



                                                                           ÇA!


Elle m'avait conseillé aussi de faire un pansement préalable à l'indévissable flexible, là où le bât blessait: vinaigre blanc. Dissolution des calcaires entartrants et grippeurs.

J'ai suivi ses conseils à la lettre et grâce au boa, ça a marché presque sans effort!
Le flexible vaincu est tombé mollement au fond de ma baignoire, j'ai installé le nouveau à l'aide du boa sympa, de ma pince multiprise et d'un petit chiffon bleu. Le petit chiffon, c'est pour serrer ou desserrer sans abîmer le métal et avoir une meilleure prise. Bleu, c'est pas obligé.

Présentation des armes, dont seule la crochue jaune fut utile. Mais les autres sont vaillantes et décoratives.

                                          Le flexible neuf dans toute sa superbe triomphante.

J'ai bien l'honneur de vous présenter mon installation terminée. La photo est moche, je sais, mais le précédent occupant de cette maison n'a pas jugé utile d'installer une lumière pratique dans la pièce. Cet homme-là ne lisait sans doute pas au bain. Un héritier en droite ligne des ancêtres chasseurs de mammouths.

Moralité: les petites dames ne sont pas si nullardes que ça en bricoleries. Suffit qu'elles s'extirpent de la tête l'idée que les hommes seuls, par la grâce de leur chromosome Y, sont capables de s'en sortir.

La prochaine fois, je vous raconte comment j'ai réparé mon joint de culasse.

mercredi 20 juin 2012

Bac allégé

Notre regretté ministre Luc Chatel avait décidé d'alléger le vieux bac, jugé indigeste, coûteux, truqué et j'en passe.
Revoir le machin pourquoi pas?
On pourrait peut-être commencer par se demander à quoi il sert, puisque de toute façon, on s'arrange pour que presque tout le monde l'ait.
Chez les uns, on pratique une circoncision hard*. Chez nous on passe le bac. Chacun ses coutumes.

Donc, cette année, les premières victimes  la première fournée d'heureux bénéficiaires de l'allégement annoncé ont passé les épreuves anticipées du baccalauréat.

Il se trouve que ma fille cadette est en première S. C'est une heureuse bénéficiaire. Grâce à elle, je vais pouvoir livrer mes observations en avant première.
D'abord, il a fallu s'avaler le programme de deux années d'histoire-géo en un an. L'an prochain, terminé.
Chatel l'allégeur commence donc par gaver l'oison à mort.
Les mômes ont dû s'envoyer ce genre de thème sympa:
"Comment le Cosmetic Valley fait-elle de la Beauce un territoire de l'innovation?", ou encore "Pourquoi Mayotte fait-elle le choix de la France et de l'Union européenne?",
"Comment la Baltique profite-t-elle de nouvelles formes de coopération régionale?",
et même"L'Islande et les Balkans: deux poids, deux mesures?"!!!...
Tout le bouquin de géo est écrit en tout petit avec plein de croquis savants.
Il a dû coûter bonbon.
Les éditeurs disent merci à Chatel.

Les cobayes candidats un peu moins.
Car l'issue du gavage fut un dégorgeage en trois sujets.

Un candidat à l'agrégation n'aurait pas renié le premier: "la guerre d'Algérie" ou "Les mutations de la population active en France de 1850 à nos jours".
Ensuite, les gamins étaient priés de croquer les réseaux de transport en France métropolitaine et de leurs connections avec l'Europe et le monde.
Il fallait restituer un truc de ce genre:


Enfin, pour le dessert, un texte d'Himmler:"Discours d'Himmler devant les dignitaires nazis, Posen, octobre 1943. Après avoir situé le document dans son contexte, montrez son 
apport pour la connaissance de la politique nazie d'asservissement et d'extermination. "

Tout ça en quatre heures!!!!!!


                                                        Tu parles d'un allégement.

Le candidat à l'agrégation, lui, dispose de sept heures et n'a à traiter qu'un seul sujet à la fois. Quel feignant!

Là, les gosses sont sortis de l'arène complètement étrillés et dégoûtés.
On les comprend.
D'autant qu'on leur gonflera leurs notes pour éviter le désastre et que tout ça ne voudra plus dire grand chose.
Le plus ballot, c'est que l'allégement à la sauce Chatel va être annulé. De l'histoire-géo, on n'en parlera simplement plus. On ne comprendra plus rien au monde qui  tourne toujours plus vite, et moins que rien à nos racines. Tant pis. Les cobayes auront trimé pour des clous et les éditeurs se pourlèchent déjà du nouveau bouquin qu'on va leur demander d'éditer.

Les méthodes Namchi ont du bon, finalement.



* Comme par exemple les Namchi du Cameroun qui font subir aux jeunes garçons une opération bien croquignolette. Ne comptez pas sur moi pour vous donner les détails bande de sadiques!

samedi 16 juin 2012

Quand les instincts se réveillent


J'ai longtemps été d'une candeur de jouvencelle.

Si un homme me faisait les yeux doux, je ne voyais rien.
Si un autre m'assurait de sa totale honnêteté, je le croyais.

Et puis je me suis mariée et j'ai un tout petit peu grandi. Les hommes font attention avec les femmes mariées. Ils font moins les yeux doux et sont plus honnêtes. Vraiment honnêtes, je veux dire. Les autres, on les voit venir plus facilement. Sans doute parce que ceux-là n'ont peur de rien et ils affichent leurs intentions sans trop se gêner.
De mon côté, plus détachée, bien à l'abri derrière ma barricade conjugale, je me suis mise à les observer. J'ai découvert alors que presque tous avaient un peu de mal à ne pas laisser furtivement filtrer quelques signaux sauvages.

Me voilà sortie de ma bulle matrimoniale. Il n'y a plus de mari et j'observe à la lumière de mes observations passées que l'attitude des messieurs change.

D'abord, quelques-unes de mes connaissances sont devenues vraiment aimables. Réflexe de jouvencelle encore vivace: ils savent que je suis seule, donc ils veulent m'aider, ce sont des hommes gentils.
Jusqu'à ce que l'un d'eux commence à me textoter un peu souvent pour un café, pour m'apporter du matériel chez moi, pour n'importe quoi.
....Soupçons....

Et puis aujourd'hui, j'ai eu la visite d'un gars qui venait réparer ma serrure et mes joints de porte-fenêtres. Brave zig au demeurant, dont j'avais déjà eu la visite trois mois plus tôt alors que ma porte de fermait quasiment plus.
Là, il revenait pour réparer sérieusement.
Oui je sais, je suis d'accord. Trois mois, c'est long. Tout fout le camp dans ce pays, ma pauvre dame. Et puis maintenant qu'on a un président socialiste....

Bon. Le voilà qui s'affaire, tout enjoué et gazouilleur autant que puisse l'être un gros costaud un peu rougeaud. Et le voilà qui me raconte l'achat aux enchères de sa maison, les inconvénients de la vie à la campagne, les innombrables kilomètres que son métier l'oblige à avaler... et de fil en aiguille, après m'avoir expliqué dans le détail combien il courait après le temps que c'en était inhumain, il se met à inspecter toutes mes fenêtres pour bien vérifier que tout était bien réglé. Il a même failli me fracasser celle de la cuisine en la démontant. Tout ça pour fignoler un réglage que je ne lui avais pas demandé.
Pendant ce temps-là le temps passait et j'avais du travail...
C'est alors qu'il a entrepris de me changer le joint de la port-fenêtre du jardin. C'était reparti pour la causette. Tout en insistant sur sa dextérité, son astuce et ses chevaleresques vérifications de détail, il a entrepris de me faire un cadeau. Oui!
Il m'a laissé deux rouleaux de joint variés pour que je ne manque pas, si d'aventure, mes joints se disjoignaient. Quant à l'autre fenêtre de la cuisine, celle qui ferme mal quand il fait froid, il m'a assuré qu'il reviendrait la vérifier cet hiver.
Il a mis au bas mot une heure à récupérer le chèque. Entre midi et une heure.
Toute naïve que je suis, je commençais à trouver la séance de dépannage un peu spéciale. De toute évidence, le gars voulait s'incruster. Il m'a raconté une heure durant tout ce qui n'allait pas dans sa boîte. Du dernier commercial incapable de remplir un contrat correctement (mais lui, le chevalier, lui avait rattrapé le coup de justesse), au chef antillais qui lui cherchait des poux dans la tête pour un oui ou pour un non (mais lui, le guerrier, il ne se laissait pas faire), à la secrétaire qui n'osait rien dire (mais lui le gentleman, il l'aidait à se défendre contre les méchants tire-au-flancs), au grand chef qui est cool et qui est un type bien qui roule en ferrari (lui, le bon vassal, il a su se faire apprécier de son suzerain).

Pendant ce temps-là, ma fille qui travaillait discrètement dans la pièce d'à côté m'envoyait des messages désespérés: "On mange quand"? "Il part quand?".

J'étais bien contente qu'elle soit là.

Toute cette histoire m'a fait comprendre une chose.
N'étant plus mariée, aussi étrange que cela paraisse, vu que je n'ai plus 20 ans, je suis redevenue un objet de convoitise.
Les messieurs, tout bien élevés qu'ils sont, laissent paraître un visage qu'auparavant, je ne déchiffrais pas.
Il va falloir que je prenne garde car, visiblement, le monde grouille d'âmes esseulées.


                                                                La chasse est ouverte.











dimanche 10 juin 2012

Il m'a cherchée

Ce matin, pendant que les honnêtes citoyens allaient voter en rangs serrés, moi, je traînais la savate dans ma cuisine.
Même pas habillée, en plus.
Encore bouffie de sommeil et le cheveux en bataille.

Plus de confiture entamée. Damned!
Alors je me perche pour aller cueillir un pot de confiture de cassis qui se croyait en sécurité tout en haut de la grande étagère.
La confiture, ici, je la pratique comme mes bouquins. Un jour, l'envie me prend de relire "Ali et Nino" ou "Astérix chez les Normands". Alors, je pioche dans l'étagère idoine.
Là, j'ai eu une soudaine envie du cassis du jardin.
C'était ce pot-là et pas un autre.

Mon thé était prêt. Mes tartines grillés à point. Le beurre juste tendret. La paix était descendue sur moi, lorsqu'il fallut ouvrir le pot de confiture.

Pas moyen.

Impossible aussi de le faire céder d'un coup de décapsuleur, car le bord était trop large.
J'ai d'abord tenté à la force des bras. Rien.
Puis j'ai tenté le trempage dans l'eau chaude. Rien.
J'ai cogné dessus. Bernique.
Mon thé refroidissait, comme mes tartines et mon humeur tournait à l'aigre.
D'autant plus que ce pot de malheur, je l'avais acheté à des escrocs qui n'ont visiblement jamais fait de confiture. N'y allez pas!

En désespoir de cause, au comble de la frustration, j'ai attaqué à l'ouvre-boîte. L'outil a dérapé plusieurs fois, mais après une bataille acharnée, j'ai réussi à accéder au contenu tant désiré.

Tiens!


Et tiens!



Dur pour un dimanche matin... jour du Seigneur.
Que voulez-vous, je n'avais pas d'autre choix que la violence.

mercredi 6 juin 2012

Ma banlieue est pleine de surprises

J'étais de corvée de courses de kermesse lundi soir, dans mon supermarché habituel. Comme je traînais un pas un peu las dans le secteur des fruits et légumes, mon attention fut attirée par des pommes. Pas bien belles, mais pas chères.
Comme je m'interrogeais sur une récupération possible en compote, je vis arriver un petit bonhomme vif, plus tout jeune et l'oeil rieur. Il avisa aussi les pommes, puis rectifia le tir de son charriot en lançant: "Oula! Elles sont encore plus moches que moi!"
Il m'avait réveillée de ma torpeur et a aussitôt remarqué mon sourire.
"Ben oui, a-t-il ajouté en rigolant, faut voir les choses en face!"

Je n'ai pas acheté de pommes.

Mon chariot chargé comme une voiture de Marocain sur la Nationale 10, j'engouffrai le contenu dans ma petite voiture. Et d'un volant rêveur, j'attaquai le retour.

Au rond-point , juste à la sortie du supermarché, à cinq minutes de chez moi, je crus rêver.


Le tas de terre, au fond, près du grillage, c'est un chameau.

Et puis juste après, je tombe nez à nez avec ça:


Nous sommes en Seine-Saint-Denis.

Si si!