dimanche 29 avril 2012

jeudi 26 avril 2012

Voyage au bout des stages de remise à niveau

A la rentrée 2008, Monsieur Sarkozy encore tout frétillant dans ses nouvelles fonctions nous annonçait tout plein de mesures enthousiastes pour l'école.
Grasse mat les samedis matins: les gosses allaient travailler moins, les parents auraient leur week end tranquille et par la même occasion, les maîtres d'école aussi. Merveilleux!

Merci Reiser!

Pas question pour autant de laisser sur le carreau les "élèves en difficulté". Monsieur Sarkozy aime les défis et les effets d'annonce. Donc ce dispositif de grasse mat un peu démago allait donner lieu à une autre riche idée encore plus démago et compensatrice de liberté saturnale: l'"aide personnalisée" dispensée aux élèves en difficulté.
Les mouflets concernés allaient être pris en charge deux fois une heure par semaine pendant les journées de classe. Les chronobiologistes sont formels: 6h d'école et plus avec le temps de cantine, c'est pas assez.
Autre défi dont Sarkozy a le secret: caser le même programme déjà costaud sans les samedis matins, avec des classes pleines comme des oeufs éventuellement agrémentées de loulous au comportement troublé.
Quelque part à l'Elysée, un conseiller lucide a dû dire à Sarko que ce cocktail-là risquait de sentir le Molotov assez rapidement.
D'où l'accouchement de l'idée qui tue et met tout le monde d'accord:
les stages de remise à niveau pendant les vacances!

Voilà ce qu'on dit aux parents: "Vos mômes vont être pris en charge par des profs volontaires et très pédago. Ça va être super et en plus, c'est gratos".
Le parent alléché: "Pourquoi ne pas tenter. Et toujours ça de gratté sur le centre aéré."

Voilà ce qu'on dit aux enseignants: "boulot facile en petits groupes de cinq enfants maximum, payé en heures sup 360€ pour 15h et exonéré d'impôts".
Le prof appâté:"360€??? C'est grassement payé et si en plus c'est facile..... Je vais enfin pouvoir me payer le dernier Mac Book Pro/ la guêpière "Soir de Venise"!"

Sarko a réponse à tout.

Cette année, bien que peu convaincue par ce gavage en règle, j'ai cédé au chant des sirènes et je me suis portée volontaire. J'avais besoin de sous (pas pour me payer une guêpière, soyons sérieux).

Je fus édifiée.

Les convocations furent délivrées aux familles juste une semaine avant le début du stage. Certaines ont annulé leurs vacances pour offrir ce soutien à leur enfant. Pauvres gens....
Des enseignants, on fit encore moins de cas: convocation quatre jours avant le démarrage sur le temps de midi. A peine une heure pour découvrir les difficultés des "stagiaires", former les groupes, manger.....on n'a pas mangé.
Ce fut épique, car nous découvrîmes à cette occasion qu'en plus des CM1 et des CM2, on avait accepté les CE1...sans savoir combien d'enseignants se porteraient volontaires. Résultat: de cinq maximum, les groupes sont passés à sept, huit, voire dix!
Piégés comme des bleus, on a commencé à regretter.
Trop tard.


Le stage nous a laissés sur le flanc.
Trois heures en petit comité chaque matin de 8h30 à 11h30, avec quinze minutes de pause en tout et pour tout, c'est lourd. Pourquoi lourd? Parce que d'abord, il faut se lever alors qu'on est claqués. Ça, d'accord, ça faisait partie du contrat, alors on n'a pas râlé.

Ensuite, la moitié des mômes ne voulait absolument pas venir à ce stage de malheur. Ils préféraient dormir et on les comprend.
AP* + stage + six heures de taule par jour = C'EST TROP!

Un bon tiers ne relevaient pas de ce dispositif: non-lecteurs, agités chroniques, pourrisseurs de vie, handicapés légers, absentéistes... il a bien fallu les prendre quand même.

Compte tenu de la non-organisation, un jeudi midi sur un coin de table vite fait et l'estomac vide, à trier les mômes au pif tellement il y en avait, pas facile de programmer un boulot construit.

Moi, j'en avais sept: cinq mimis et deux pénibles. Une grande peste à la langue trop longue dont l'occupation principale consistait à se payer la fiole des autres. Un pauvre gosse déjà revenu de tout, un révolté, qui ruminait sa désespérance. Un costaud susceptible aussi qui, en cas d'affront, le lavait d'un coup de poing ou d'un jet de projectile. C'était imprévisible.
L'association de la grande niaiseuse et de l'autre n'était pas très judicieuse: ils se chauffaient tous les deux et le dur aurait fini par lui mettre une peignée. Le dernier matin, après avoir tenté de travailler, calmé l'irrascible qui avait déjà jeté deux fois son gros feutre à la tête d'un autre et voulu se rouler en boule à terre pour manifester sa colère, j'ai fini par improviser une séance de théâtre: ils n'en pouvaient simplement plus.

Conclusion de ce stage: ça ne sert strictement à rien, surtout si les enfants sont récalcitrants. Ce n'est pas en une semaine qu'on va rattraper des mois, des années de décrochage. Les gosses ont besoin de leurs vacances et entreprendre d'en faire du foie gras est inutile et douloureux.
Je ne sais pas comment ça se passe ailleurs, mais chez moi, une chose est sûre, c'était le foutoir.
Alors si des parents me lisent, ne croyez pas un mot de ce que l'éducation nationale vous raconte: les enseignants volontaires, la remise à niveau miraculeuse, la joie et la bonne humeur, l'organisation dentelée au millimètre... c'est du baratin!



La vérité, c'est que l'éducation nationale a le nez morveux et veut se racheter une conscience.
Les volontaires ont tout bonnement besoin de fric, sinon ils n'iraient pas.
Les enfants souffrent de ne pas pouvoir se reposer comme ils le méritent. Qu'on leur foute la paix en période de vacances et qu'on leur offre ce dont ils ont besoin le reste du temps: une école qui fasse son boulot.


*Aide personnalisée, en jargon.







mardi 24 avril 2012

Baguenaudages tardifs et artistiques

Alors que je m'apprêtais à lessiver nuitamment ma cuisine en vue de la repeindre (voir billet précédent), voilà que je me laisse tenter par un dernier appel du loup garou des blogs: j'ai nommé Nicolas Jegoun le Tentateur. Cet animal n'a rien trouvé de mieux que de me mettre sous le nez un billet présentant un gadget artistique très rigolo, lui-même extrait du blog de  chez Thierry.

Il suffit d'aller sur ce site:
http://yourinfinitepainting.com/

Un écran vierge se présente. Il ne demande qu'à être parcouru par une souris gambadeuse. Alors, des motifs apparaissent au petit bonheur et une oeuvre abstraite se compose.
C'est fascinant.

Au bout d'un petit moment, la souris se transforme en gomme et tout redevient blanc. C'est reparti!

Du coup, au lieu de me diriger vers ma cuisine où le devoir m'appelait, j'ai campé comme une larve devant mon écran laissé s'exprimer mon moi intérieur.

Je suis très fière de moi.


Avec un peu de chance, si la gauche passe, je pourrai monnayer exposer mon art aux esthètes. Jack est toujours là, après tout.

                               Roat Romano Choucalesco - un collègue destructureur d'intemporalité.
                                                              Un grand homme.

lundi 23 avril 2012

Leroy Merlin fuit!

J'étais en goguette chez Leroy Merlin cet après midi.
Petite chose tremblante au milieu de types virils et ventrus aux airs de spécialistes en triphasé.

Je cherchais de la peinture pour rendre à ma cuisine une allure un peu moins bidochonne: j'ai dans l'idée de transformer son abominable papier peint fleuri en surface blanche.
Mon ignoble papier
Je regardais les luminaires, vu que celui de ma cuisine est très très moche. Du coup, j'avais le nez en l'air.
Mon immonde luminaire

Et voilà-t-y pas que j'ai failli me flanquer par terre au coin d'un rayon.
Leroy des bricoleux avait mis une bassine de fortune en plein dans le passage, parce que l'eau dégoulinait du plafond. Faut dire que ça pleuvait dru dehors.



Ça m'a fait plaisir.

Moi qui culpabilisais d'en avoir une à demeure dans mes toilettes, parce que je n'ai pas encore trouvé le courage de m'attaquer à un joint qui fuit. Peur qu'un jeyser m'explose à la figure, j'aimais encore mieux la technique de la bassine, la honte au front de tant de nullité.

Me voilà rassérénée.

Le prince du bricolage fout des bassines dans les pattes des clients qui glissent sur les flaques.
A l'ancienne.

Allez zou! Je m'en vais attaquer le lessivage de mon papier peint horrible. Demain sera le jour de la sous-couche.
Après-demain, si tout va bien, celui de la peinture.
Ensuite, je m'attaquerai au remplacement du luminaire moche.

Et pendant ce temps-là, ma bassine se remplit doucement dans les toilettes.
Plic ploc plic ploc......




mercredi 18 avril 2012

Jeux de mains

J'aime beaucoup les dessins et autres bijoux de peau.
Quoi de plus joli qu'une belle peau rehaussée d'un liseré raffiné?
Ou des mains et des pieds devenus bijoux délicats....





Et vous? Laquelle préférez-vous?

dimanche 15 avril 2012

Pâques aux oeufs

La campagne présidentielle bat son plein: les Français sont suspendus à l'actualité politique palpitante. Le monde est agité par toutes sortes de grelots affiolants: Al Kaida qui promet de mettre le Mali à feu et à sang, la Syrie pilonnée - heureusement, les observateurs de l'ONU arrivent donc nous sommes rassurés - , la sortie de Titanic 3D.... on en redemande.

Et puis, accessoirement, aujourd'hui, c'était Pâques.
On m'objectera que la semaine dernière aussi, c'est vrai. Je n'en disconviens pas mais je persiste et signe.
Aujourd'hui, c'est la Pâque orthodoxe.
Aux mécréants, je signale que les orthodoxes sont chrétiens et qu'ils suivent le calendrier julien. Enfin pas tous... Les Grecs ne le suivent que pour Pâques (mais pas les moines du Mont Athos), les orthodoxes finlandais ne suivent que le calendrier grégorien (le nôtre). Bienvenue en terre byzantine!
Tout le charme du calendrier julien tient au fait qu'il attribue à l'année 11 minutes et 12 secondes de plus que ce qu'elle dure réellement. D'où le décalage.

Bon bref. Laissons l'astronomie.
Place aux oeufs.
Du concret!

Les orthodoxes ont une bien jolie tradition: ils peignent les oeufs.
Certains sont de véritables artistes: voilà ce que j'ai glané sur les sites de différents amis.

              Ceux de Tinatin Tincho, dont la photo m'a été transmise par Eka Tsindelani.
              Ceux de Viki Aligrudic, dont la photo m'a été transmise par Zlatan Jankovic.
                                                         Ceux de Viktoria Jankovic.
                  Ceux de Mirjana Colic, dont la photo m'a été transmise par Goran Mitrovic.

Moi, je n'avais pas le temps de consacrer autant de temps à mes oeufs. Alors, je me suis contentée de les teindre en rouge avec des pelures d'oignons. La base de la base de la tradition. Le retour aux sources originelles. Je ferai mieux la prochaine fois, mais ça va être difficile de faire aussi bien que les aguerris sus nommés.

J'ai acheté 2kg d'oignons tout ce qu'il y a de classique à la superette du coin. J'ai épluché tout ça et j'ai mis les pelures dans un grand faitout.


Ensuite, j'ai recouvert le tout avec le l'eau et j'ai laissé bouillir à peu près 30 minutes.


J'ai filtré, vinaigré avec du vinaigre blanc et plongé mes oeufs dans cette eau rouge. Je les ai cuits 10 minutes, puis laissé tremper toute la nuit.



Au bout du compte, en les enduisant d'une lichette d'huile, ça donne ça.
Pas si moche que ça, même sans ornements, non?

L'an prochain, je m'attaque aux fioritures.
En attendant, va falloir les manger les oeufs, maintenant.

Quant aux oignons  restants, j'en ai fait une pissaladière: une tarte aux oignons niçoise. J'allais quand même pas les laisser perdre!


                                  Joyeuses Pâques!

vendredi 13 avril 2012

Chocolat tardif

Dans mon précédent billet, je déplorais publiquement mon absence de réactivité. J'en voulais pour preuve l'empressement de mes amis blogueurs parisiens à partager leurs expériences vadrouilleuses, comparé à moi.
Plusieurs jours après, j'avais toujours rien raconté de mon petit week end, pourtant sympa.
A la place, toute déconfite, j'avais envoyé une bassine de brocolis à la tête de mes lecteurs.
Alors forcément, il y a eu des réactions.


Mais si, parle nous du musée du chocolat, ça m'intéresse moi !!! :)

Requinquée, je m'en vais donc vous narrer ma visite.
La déesse du cacao

D'abord, je suis obligée de confesser ma passion malsaine pour le chocolat.  Je me demande comment faisaient les gens "avant", quand il n'y en avait pas. 
Ce musée, situé au métro "Bonne Nouvelle" (ça ne s'invente pas!), m'a confirmé qu'"avant", on ne s'en passait pas d'avantage. A la différence qu'au Mexique zapotèquo-olmèquo-aztèque, seuls les commerçants, les guerriers, les prêtres et les nobles avaient le droit d'en consommer. Trop précieux. Trop bon pour les gueux.
Les graines de cacao faisaient même office de monnaie. Je ne me souviens plus au juste combien il en fallait contre un lapin, mais il en fallait.
Pour fabriquer le chocolat, il convenait d'abord de les broyer et c'était un boulot de forçat. Les maîtres chocolatiers on gardé le même système jusqu'à hier.

C'était quasi sacré, le chocolat de l'époque: ça se buvait épicé, pimenté, épaissi à la farine de maïs et miellé, dans des bols tout jolis...et parfois grands comme des saladiers.

Ensuite, on vous explique comment le chocolat nous est arrivé. C'est la femme de Louis XIV qui était espagnole, Marie Thérèse, qui a lancé la mode en France. Il paraît que Louis n'aimait pas trop sa femme, qui était austère et pas bien belle. Au lieu de courir le jupon, il aurait dû lui tresser des couronnes: sans sa femme, la France et l'Espagne auraient continué à s'étriper et pire! Pas de chocolat! Quel ingrat.
Au début, on ne savait pas très bien s'il fallait le considérer comme un médicament, un poison ou une gourmandise. On l'adorait et on s'en méfiait. Madame de Sévigné elle-même changeait d'avis comme de chemise à son sujet. A sa fille souffrante: "Mais vous ne vous portez point bien, vous n'avez point dormi ? Le chocolat vous remettra. Mais vous n'avez point de chocolatière; j'y ai pensé mille fois. Comment ferez-vous ?"
Et puis dans une lettre, toujours à sa fille datée de 1671, elle écrit:" La marquise de Coëtlogon prit tant de chocolat, étant grosse l'année passée, qu'elle accoucha d'un petit garçon noir comme le diable qui mourut. 
Pour ma part, je n'ai pas encore accouché de bébé noirci à force de chocolat. Il faut croire que la marquise de Coëtlogon avait vraiment forcé la dose!
La visite continue en avançant vers le XXème siècle. Les babines salivantes, on apprend comment des petits gars géniaux ont inventé le chocolat en tablette, le chocolat fourré, le chocolat en poudre... On nous fourre sous le nez des services à chocolat, des boîtes à chocolat chiques et gnangnans que les bourgeois du XIX mettaient en évidence sur la table pour montrer qu'ils étaient pleins aux as. 
Pauvre tsarine....le fabricant de boîte devait être bolcho.


Quand le visiteur n'en peut plus de saliver à gros bouillons, le musée l'invite gentiment à visiter la "boutique". Autrement dit, un antre infernal où on lui en remet une couche. Mais cette fois, le supplice de Tantale est abrégeable, moyennant force fifrelins.

Si d'aventure, vous avez payé une supplément de 3 euros à l'entrée, on vous offre un gobelet de chocolat grand cru.
Sinon, vous craquez.
Ils vendent aussi des tas de babioles, comme des plaques en métal, copies d'anciennes publicités comme "Y'a bon Banania". Les petites coûtent 5,50€. Un peu cher.

C'est un joli musée.
Mais mieux vaut y aller armé: je vous conseille de gonfler vos poches de chocolat que vous croquerez à la sortie. Ainsi, ni frustration ni ruine et le bonheur sera presque total.

mercredi 11 avril 2012

Dans les choux

Je ne suis pas constante.
Paris m'échappe.

Boutfil ne manque jamais de nous raconter ses vadrouilles-râlouilles à l'adresse du bon Delanoë.
Copine Débile nous régale de tas d'adresses pas connues où on se tape la cloche aux couleurs du monde.  Vlad nous entraîne dans des passages étroits qui mènent dans des univers obscurs.
Normal.
Tous parigots parisiens!

Moi aussi j'ai marché, visité, écouté un chouette concert samedi. Mais Paris s'est esquivée. J'ai laissé passer le temps et maintenant, c'est trop tard pour raconter le musée du chocolat, le concert de musique du Moyen Age au musée de Cluny ....
Caillera Banlieusarde!
Je suis pas assez réactive. Un brin rustique. L'odeur de bouse flotte.




lundi 2 avril 2012

Pôle Emploi à l'école

Ça y est, c'est officiel!
Enfin officiel... Notre Sainte Mère l'Education Nationale ne le clame pas non plus à coups de corne de brume, elle a le goût du secret, la coquine.
Mais le coup d'envoi est lancé.
On nous envoie du recruté à Pôle Emploi pour faire la classe.

Pas tout  fait la couleur de ces belles affiches si pimpantes... et si fausses.
L'image qu'elles renvoient est digne de la plus vicelarde des propagandes. Tu parles qu'ils recrutent! Des clous à côté de ce qu'il faudrait!
Et ces jolis profs béats....Pas grand chose à voir avec la tête de mes chers collègues, tous plus hagards les uns que les autres en ce moments, tellement ils sont épuisés!
Manque plus qu'un marche militaire pour faire plus vrai.



On chuchotait déjà que dans CERTAINS collèges, les principaux désespérés se livraient à une sorte de racolage honteux dans les couloirs de Pôle Emploi la Maudite. Pourquoi tomber si bas? Pour dénicher quelques pauvre hères assez fous pour accepter un poste de prof vacataire à l'année ou un remplacement. Plus assez de profs diplômés.
Voilà où ça mène la suppression de plus de 66 000 postes depuis 2007.
Cette politique éclatante de bon sens commence à porter ses fruits: la pénurie de profs est en train de devenir visible. C'est bon pour la présidentielle, ça. Bien visé!
C'est bon aussi pour porter nos chers petits au firmament de la culture et de la connaissance.

Donc, comme on ne peut tout de même pas laisser les classes en pilotage automatique, alors, on bricole.
Heureusement, Pôle Emploi est là.

Or donc Mesdames et Messieurs, j'ai le plaisir et l'honneur de faire savoir très officiellement que Pôle Emploi a fait son entrée dans le primaire cette année.
J'ai ouï dire par une ancienne collègue en poste à Stains que la classe de CM2 voisine de la sienne était aux mains d'une pauvre femme débarquée de Pôle Emploi sans aucune qualification. C'est un boxon furieux qui use les nerfs de toute l'école et qui pousse la malheureuse à la dépression (d'autant qu'elle est sous-payée pour ce boulot de gladiateur) et qui mène les gosses à l'échec.
C'est étrange, parce qu'officiellement, les classes de CM2 et de CP, réputées difficiles et déterminantes pour l'"enfant qui est au centre du système", ne doivent pas être confiées à des débutants. Les inspecteurs sont implacables sur la question.
Faut croire que là, ils ont un coup de mou.
Il est vrai que c'est à Stains: un bout du Seine Saint Denis de triste réputation. On lâche du lest.

Seulement voilà, ça commence aussi ailleurs, mais en catimini.
La Très Vénérée Education Nationale n'assume pas trop bien, on dirait.
Chez nous aussi. Pourtant, excusez du peu, chez nous, c'est quand même mieux qu'à Stains. Non mais sans blague!
Une collègue tombe malade. La directrice, désabusée, appelle l'inspection de circonscription (l'antenne locale de l'inspection académique) par acquis de conscience. Voilà des mois que plus aucun remplaçant n'est disponible, sauf miracle.
Là, miracle. On lui répond qu'"on lui envoie quelqu'un". Qui? On ne sait pas, mais l'essentiel, c'est qu'il y ait "quelqu'un". De toute façon, on ne les connaît pas toujours, les remplaçants.
Or, "quelqu'un" nous venait de Pôle Emploi dans le plus grand secret.
On n'aurait aussi bien pu ne jamais le savoir.
La Grande Muette a fait des petits.
La directrice, a été intriguée parce que "quelqu'un"lui demandait de bien vouloir signer un bordereau de présence. Nouvelle procédure?
Elle a posé des question et "quelqu'un", acculé, à fini par lui avouer que c'était pour Pôle Emploi.

Quand je pense qu'à côté de ça, sous prétexte de singeries finlandaises, on impose un master aux nouveaux.... et qu'on les lance dans l'arène sans plus aucune formation.
D'accord, c'est vrai, la formation était une vaste mascarade. Ça fera l'objet d'un autre billet . Là, je crains de décourager.

Prochaine étape: autogestion des élèves et que le meilleur gagne!
On verra  quelle belle affiche ils nous cuisineront pour l'occasion.