Depuis un moment, je n'écoute plus la radio, je ne lis plus les journaux et l'ordinateur orne mon capharnaüm de bureau.
C'est simple: j'en ai eu marre. Comme un sorte de saturation générale.
Certains font des indigestions de foie gras. Moi, j'ai saturé aux écrans et aux ondes.
Demain, je crois bien que je vais me payer le luxe de me flanquer au lit très tôt avec un bouquin,
Je le lis en français, ne nous égarons pas ☝ |
un chat ,
et des trucs à grignoter pendant que le monde s'agitera et ça sera le bonheur.
Et puis l'avantage, quand on cesse de prendre garde aux remous du monde, c'est qu'on ouvre les yeux sur d'autres choses.
Je suis allée voir les ballets Moïsseiev avec mes filles.
J'ai goûté à la ballade dans Paris le nez au vent. C'est ainsi que je suis allée avec Boutfil m'acheter des bricoles pour faire des bracelets. Reste à m'y mettre.
Au passage, j'ai croisé quelques graffitis intéressants
et dans le RER, tandis que je descendais l'escalier roulant bien calmement, un gars pressé nous a dépassés en lugeant à fond entre les deux rampes. Il s'est réceptionné en bas avec la grâce d'un gymnaste. J'ai failli applaudir.
Hier, j'ai récupéré deux amis qui arrivaient de Belgrade. Vingt-cinq heures d'autocar. On prend le métro à la porte de la Villette où les tourniquets débloquaient. Ils sont passés avec un seul ticket. Une fois dans la rame: paf! Contrôle. Du jamais vu et il fallait que ça tombe sur eux, tout perdus dans leur rêve de ville lumière et à moitié endormis.
On a réussi à embobiner la contrôleuse qui pour une fois, était humaine. Ils ont fait semblant de ne pas parler anglais, la contrôleuse ne parlait pas anglais, moi j'ai fait semblant de ne pas les connaître et de parler anglais. J'ai proposé mes augustes services de fausse parisienne vaguement anglophone. Ils ont montré leur passeport et la contrôleuse les a laissé filer. Ça tombait bien, on arrivait juste à Stalingrad (encore des Slaves) où il fallait descendre. Double scoop: on peut donc être contrôlé dans les rames et les contrôleurs peuvent parfois lâcher prise devant de dignes étrangers serbophones. C'est bon à savoir.
Pour finir, lecanasson nous a rejoints et une fois mes hôtes installés dans mon studio parisien
(que je mets bientôt en location, qu'on se le dise!), nous avons filé chez moi, dans ma banlieue mal famée.
Là, après une journée passée à causer en évoquant bien des souvenirs - lecanasson et moi étions ensemble à l'école primaire, au collège et au lycée - il nous a pris l'idée folle de regarder "l'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux". Vu le pseudo de mon invitée, on n'allait pas s'en tirer comme ça.
Je l'ai enfin raccompagnée dans la nuit noire et hurleventeuse à une heure indue. Elle habite dans l'Essonne et la A86 était fermée. Quelques sangliers plus loin, je la dépose chez elle et au retour, la A86 était encore plus fermée, si bien que je me suis égarée du côté du Perreux vers 1h du matin, seule sous une pluie battante, dans les rues désertes. Les danses slaves de Dvordjak passaient sur France Musique et ça m'a donné du coeur au ventre. Rendue enfin en terrain connu, du côté du Raincy, j'ai été ralentie par une camionnette qui semblait encore plus perdue que moi au Perreux. Tenez-vous bien, elle était immatriculée en Serbie et juste à ce moment-là, la radio attaquait la danse opus 72 n°2 en mi mineur: celle inspirée du kolo.
Journée marquée sous le signe de la Serbie, décidément.