dimanche 29 janvier 2012

Pas si coincé que ça

J'ai souvent entendu penser que les musiciens classiques étaient des espèces de premiers de la classe arrogants. Au mieux, éthérés.
Toujours insupportables, parce qu'on les imagine incapables de penser autrement qu'en notes de musiques et en pirouettes techniques inaccessibles au commun des mortels.  Ce dernier point est d'ailleurs parfaitement exact. Un minimum de dix ans est nécessaire pour maîtriser un instrument de musique à peu près honnêtement et ça impose le respect.

Du musicien classique au chamane, il n'y a pas loin.
Il faut être un peu sorcier pour dompter une bête pareille.
Simple question de style. Tambour et peaux de loutres en Mongolie. Queue de pie et chemise blanche chez nous.

J'aimerais toutefois renverser cette idée bien incrustée, qui veut qu'un classicos ne rigole jamais.
C'est sûr que le gars qui vogue en plein nocturne de Chopin n'a pas spécialement envie se taper sur les cuisses. De toute façon, il ne peut pas: ses mains sont occupées ailleurs.
Mais sinon, le musicien classique est un homme (ou une femme) comme tout le monde.
Il lui arrive même d'avoir de l'humour et de se payer la fiole des gros goujats qui font subir au monde la sonnerie entêtante de leur téléphone mobile.

Avouez que vous avez déjà eu envie de fouler plus bas que terre le fâcheux qui vous balançait en plein dans les zozores la version démembrée de la marche turque de Mozart. Non?
Si.
Vous voyez?

Et bien c'est un violoniste classique de la plus pure espèce qui l'a fait pour vous.




vendredi 27 janvier 2012

L'art du sable

Qu'est-ce qu'un grain de sable?
Presque rien.
Un peu de silice transparente.


Tout juste un minuscule morceau de notre terre qui nous blesse la plante des pieds ou nous arrache un hululement s'il s'est logé dans le sandwich du pique-nique.

En dehors de ces rencontres un peu brutales, c'est agréable, le sable. Du caillou liquide qui coule entre les mains.
Pas étonnant que de doux rêveurs, à force de le tripoter, aient fini par en tirer d'assez belles choses.


Du sable au verre, fallait quand même y penser. De la haute voltige technique. Un boulot d'acrobate de la silice bi-millénaire.
Réservé à la caste des spécialistes.

Elitiste l'art du sable?
Pas seulement.
Un peu de doigté et ça donne un tableau vivant.

J'ai découvert récemment cette artiste: Kseniya Simonova. 
Une Ukrainienne au parcourt pas vraiment banal.
Spécialiste des ballades anglaises de l'époque élisabétaine, diplômée de psychophysiologie, puis de design graphique. Epouse d'un directeur de théâtre inventif, elle se met à l'art sur sable poussée par son mari. Idée géniale, mais risquée. Il faut un sable volcanique très fin et hors de prix pour réaliser les tableaux. Le mari qui a la foi chevillée au corps vend tout son matériel d'impression pour 3kg de ce sable précieux.
Finalement, alors qu'elle est maman d'un bébé et que le couple tire le diable par la queue, Kseniya participe en 2008 à une compétition télévisée pour se faire connaître. C'est le coup de poker. Elle manque de se faire éjecter, parce qu'elle refuse les compromissions et garde le thème qu'elle s'est choisie: la guerre.
Elle a eu raison.

Son tableau vivant est plus sombre que le verre, plus éphémère, mais complètement bouleversant.



jeudi 26 janvier 2012

Etape nécessaire

Je crois que je viens de franchir une étape. Probable que tous les tenanciers de blogs y passent.
A peu près six mois que je me suis lancée dans cette aventure sans savoir où elle allait me mener. Six mois sans trop d'états d'âmes, habitée par des tas d'idées qui se bousculaient, toute gaie de voir que dans le lointain obscur, des gens répondaient. Toute galvanisée de retrouver le plaisir d'écrire.

Sûr que ça pouvait pas durer, cette euphorie.

Et puis voilà que l'inévitable est arrivé. Je n'ai plus eu envie. Plus d'inspiration.
Voilà plus d'une semaine que ça dure et j'ai à peine pointé le bout du nez.
Même les blogs que j'aime bien lire, je les ai laissés de côté.

Il se passait exactement la même chose avec mon violon. Aux moments de confiance insolente, où je me prenais pour une musicienne, succédaient des périodes plus longues de lucidité et ma médiocrité me sautait aux oreilles.
Dans le pire des cas, je laissais rageusement mon violon au fond de sa boîte et ensuite, il se vengeait sans pitié. Là, ça fait presque un an qu'il y est et je sens que la prochaine rencontre va être très, mais alors TRÈS douloureuse. Mieux vaut penser à autre chose.

J'ose espérer qu'une semaine de coup de mou sur la blogosphère va pas me laisser sur le flanc.
Le plus étrange, c'est le sentiment de vague culpabilité qui me travaille. Comme si j'avais des comptes à rendre.
A qui?
A moi-même? Sans doute. Comme si j'avais je ne sais quoi à me prouver.
Il est vrai que me suis donné un mal de chien pour réussir à bricoler ce damné blog, j'ai surmonté des épreuves techniques surhumaines, j'ai vaincu un nombre invraisemblable de dragons, c'est pas pour me laisser terrasser maintenant par cette filouterie de vague à l'âme!
Et pourtant..

Aux gens qui me lisent et que j'estime? Oui, sans aucun doute. Ils sont presque tous d'une constance remarquable. Du coup, j'ai honte de me laisser aller. Un peu comme la loque qui se gave de ships devant sa télé pendant que les copains jonglent avec leurs poids et altères.

Aux gens qui me lisent et que je ne connais pas? Aussi. Ils font l'effort de venir, alors j'aime autant qu'ils n'aient pas à le regretter. Fierté mal placée sans doute.

Ainsi va la vie. Mes chats dorment paisiblement à côté de moi, sur mon bureau. La maison est calme et rassurante. Je peux dormir demain matin. Je ne ferai pas grève mardi prochain. Je prends un an de plus dans le nez dans deux jours et là, ça y est, je commence clairement à détester mes anniversaires. Le masque vénitien suspendu au-dessus de mon bureau ricane sans se gêner en me regardant écrire.



                                        Il sait, lui, que la joie ne se mérite que dans la peine.


jeudi 19 janvier 2012

Comment Philippe le Bel nous a dressés

Nous vivons une époque pleine de rebondissements.

Il y a une semaine, j'entendais chanter un merle fou. Il y a trois jours, je vois passer sur la ville un vol d'oies sauvages, fuyant à tire d'aile vers le sud, dans un ciel rose glacial de fin de journée. Contraste.

Les radios-télés-journaux s'emballent depuis quatre jours pour nous chanter en AAA mineur un air obscur. J'ai fini par éteindre tout. J'écoute d'autres choses qui me remuent l'âme, comme Glenn Gould par exemple. Ou Sinead O'Connor. 

 Ma modeste existence elle-même est en pleine montagnes russes.

 La justice du département m'en veut. 

 Aujourd'hui, un pépé perdu a remonté ma rue qui est en sens unique à contre-courant, poursuivi par deux fliquesses affolées. L'une d'elle a fini par bondir sur le volant du gars qui commençait à zigzaguer. Ils sont allés se perdre dans la rue d'à côté et je ne sais pas comment ça a fini.

 Perplexe, je me suis dit qu'il était peut-être temps d'aller faire établir la nouvelle carte grise de ma nouvelle voiture. Celle que j'ai achetée en tremblant voilà quelques jours.

Vers midi, me voilà partie au Raincy où siège la sous-préfecture, pour en finir avec cette corvée me mettre en règle avec les autorités qui, on l'a compris, ne rigolent pas avec le bourgeois. On est en Seine-Saint-Denis nom d'un petit bonhomme! De l'ordre, de la discipline!
Je commence par trouver une place pile devant. Ça m'a paru louche, cette chance. Après m'être assurée que je n'étais garée ni sur une place pour handicapés, ni sur un emplacement réservé à la police ou au préfet, et que le stationnement était bien gratuit de 12h à 14h, j'ai gagné le fier bâtiment.

Le même en été. Là, il faisait environ 4°C


Des gens attendaient dans une salle assez moche et sale, immobiles, tassés sur leur chaise, comme terrassés par une sorte de stupéfaction.

J'ai avisé le guichet réservé aux cartes grises: il s'agissait en réalité d'un endroit réservé au décortiquage des dossiers avant le passage devant le préposé idoine.

Un vieil Arabe l'utilisait comme bureau pour remplir ses papiers. Sinon, personne. Un écriteau signalait que le guichet était fermé entre 12h et 13h.
Après une seconde d'hésitation, la prudence m'a sussuré de rester dans la place sans bouger d'un millimètre. Depuis que Philippe le Bel a fait passer la France de l'état de bazar féodal à un beau pays bien organisé par Notre Mère l'Administration, l'indigène a acquis une sorte d'instinct de survie. Je suis une indigène.
Derrière moi est arrivé une jeune dame à l'accent slave marqué. Elle aussi, dressée par d'autres systèmes tout aussi efficaces, a jugé préférable de ne pas lâcher le terrain. Quant aux autres, de jeunes Maghrébins plus insouciants, ils sont allés errer entre la machine à café et la salle-aux-gens-tassés.

Une préposée murée est venue s'installer au guichet d'à côté. Tout le monde est revenu précipitamment se ranger et à cette occasion, un des jeunes Maghrébin a essayé de doubler la dame à l'accent slave. Comme elle protestait dans un français bancal, je suis intervenue tout sourire: "Monsieur, cette dame était derrière moi". Du coup, il a perdu au moins cinq places, parce que pendant ce temps-là, les autres s'étaient rangés comme à l'armée et il n'a pas pu s'immiscer dans la muraille.
Un vieil handicapé mal rasé est passé devant tout le monde en montrant sa carte. Les autres l'ont fusillé du regard, mais personne n'a rien dit.
Finalement, il s'était trompé de guichet.
Soupir de soulagement.

Nous attendions toujours. Il était 12h 50.

C'est alors qu'un gitan fringant orné de dents en or et d'une énorme croix s'est mis à glapir. Cette attente tendue était trop pour lui. Lui et Philippe le Bel, ça faisait deux. La préposée murée en a pris pour son grade dans sourciller et elle a fini par lui dire qu'on n'était pas à deux minutes près. Le gars a continué d'éructer un moment, avant de se soumettre en s'agitant. Personne ne bronchait.
Ça avait dû quand même la rendre nerveuse, parce qu'elle a lancé à la cantonade: "les photocopies sont prêtes? Papiers d'identité? Justificatifs de domicile?"

Le rang a été parcouru d'un remous. Je me suis avisée avec consternation que je n'avais pas pris soin de photocopier ces pièces-là. J'ai demandé au vieil Arabe qui paperassait de bien vouloir me garder la place et j'ai foncé sur les photocopieuses. 20 centimes la photocopie. Je n'avais pas de monnaie et cet engin de malheur s'est bien gardé de me la rendre. J'en ai eu pour 90 centimes au lieu de 60. Je ne me plains pas. Le monsieur qui photocopiait à côté de moi en a eu pour 3 euros. Il n'avait pas de petites pièces....

La dame murée a ouvert son guichet avant le nôtre. C'était pour les cartes grises volées et d'autres choses mystérieuses. Les gens concernés allaient la voir pétris de respect. Tout juste s'ils ne lui faisaient pas des courbettes. J'en étais gênée pour eux. Et alors quoi? Qui c'est qui paye les impôts pour que la grosse machine fonctionne? Elle est au service de qui, d'ailleurs, la machine?
J'en étais là de mes réflexions, quand notre préposée tant attendue est enfin arrivée, toute pépiante et gentille. Une petite fleur dans cet univers maussade.

Elle a expédié le vieil Arabe paperassier qui n'avait pas sa feuille de contrôle technique.
Moi, j'avais bon. J'ai eu le numéro 77 et le droit d'aller me tasser dans la salle réservée à cet effet.


J'ai siroté un café absolument sans goût en observant tout. Prête à bondir si mon numéro s'affichait en faisant "koiiink!". Le fait est qu'ils avaient l'air de sortir au petit bonheur, les numéros. Comme à la loterie.
Le Gitan a recommencé à glapir et des gosses ont entrepris de jouer à se poursuivre. L'apathie générale se doublait d'hystérie mal canalisée. La dame d'à côté a posé son livre.

Mon numéro est apparu entre un 365 et un 244. J'ai bondi pour aller me réfugier dans une guitoune où m'attendait un jeune monsieur à l'air impénétrable. Il donnait l'impression de s'être déguisé en machine polie. J'avais encore bon.

Ensuite, je suis passée à la caisse, frôlée par les gosses qui avaient entrepris de jouer à se jeter par terre.
Le caissier était la synthèse de la dame murée et du monsieur impénétrable, l'air fatigué en prime.
Il m'a quand même demandé 237 euros et des poussières. D'accord, ce n'était pas pour lui, mais ça fait mal quand même.

Merci Monsieur, au revoir Monsieur. Retour à l'air libre.
Il était 14h 06. Donc, pas de PV.

Un marginal posait les plaques deux rues plus loin. J'ai aperçu la pancarte juste à temps. Il a eu le temps de me raconter qu'il avait vécu 27 ans dans son camion, à poser les plaques à la sortie de la préfecture, à Bobigny, qu'il avait divorcé et qu'à 60 ans, il avait retrouvé une copine.
En même temps, il s'efforçait de persuader un Noir têtu de l'intérêt de faire figurer "F" sur sa plaque qui sinon, ressemblerait à une plaque italienne (sans "I").
Je les ai laissés à leur débat.

De retour chez moi, avec mes plaques neuves et mes papiers en règle, j'ai mangé et je suis allée faire une énorme sieste. Trop contente d'en avoir fini en si peu de temps grâce à mes gènes Philippelalebelisées et de ne pas travailler dans cette administration-là.



jeudi 12 janvier 2012

Chantage ignoble

Voilà à quelles extrémités sont poussés certains opérateurs de téléphonie mobile sans scrupules.


Et la faute à qui?
La faute à Free qui casse les prix! Saletés de low costs.

Je suis une délinquante

On raconte partout que la justice est débordée. On prétend aussi que les magistrats sont écrasés sous des colonnes de dossiers pas ouverts qui menacent effondrement.
Les souris trottinent dans les bureaux fatigués, où les peintures s'écaillent.
Les juges sont désespérés.
En plus, il paraît qu'ils sont mal payés et que dans certains coins, ils se font agresser.

Ceci a VRAIMENT été photographié dans le palais de justice de Bobigny


De quoi être admiratif.
Même les profs n'en sont pas encore là.

Chez moi, la justice est particulièrement malmenée. Le parquet de Bobigny est connu pour ses records en tout: agressions, surmenage, retards..et en plus, le palais de justice est vraiment moche. Le gars qui a conçu ce machin a a dû le confondre avec les plans d'une fonderie.

Propagande oblige, ils ont mis uniquement des photos potables, sur internet. en vrai, c'est beaucoup moins bien.
Il est vrai que la Seine-Saint-Denis est un repère de délinquants de tous poils, tous plus indécrottables les uns que les autres.

Et bien ce soir, Mesdames et Messieurs, j'ai l'honneur de vous annoncer que j'en fais partie!
Et pourtant, je ne trafique pas le crak ni la coke. Je n'ai encore jamais volé de voiture pour aller défoncer une devanture de bijoutier. Ni fait tapiner des prostituées.

Alors?

Je suis traquée pour un km/heure d'excès de vitesse sur la A86, en août dernier.

Je m'explique.

Mi août, donc, je roulais paisiblement sur l'autoroute numérotée comme ci-indiqué, où la vitesse était limitée à 90km/h.
Fin août, je reçois un PV, m'informant que j'avais été flashée à 96km/h, que la maréchaussée m'accordait royalement 5km/h de tolérance  et donc, que je devais payer séance tenante 44  euros et qu'on allait me retirer des points, pour 1km/h de dépassement pur et dur.
Un peu fumasse quand même, je décide de résister.
Après avoir potassé la procédure sur internet, je réclame la photo. On me l'envoie et bien sûr, le chauffeur est complètement invisible.
J'écris au service concerné, toute fiérote d'annoncer que je n'étais pas au volant. Il a fallu quand même que je m'acquitte de l'amende (majorée à 68 euros, parce que j'avais traîné, avec tout ça), en tant propio du véhicule. Mais au moins, j'échappais au retrait de point. Il va sans dire que leur paperasse m'incitait férocement à dénoncer le conducteur fautif.

Dans mon esprit, j'étais quitte, persuadée qu'à Bobigny, ils avaient d'autres chats à fouetter que de me courir après.

Il faut croire que je suis un gros bonnet, parce qu'ils sont revenus à la charge. On m'annonce le 19 septembre que l'Officier du Ministère Public du Tribunal du Raincy (la sous-Préfecture) va s'occuper de moi. Le tout en termes choisis, dont ce genre d'administration a le secret.

Plus de nouvelle jusqu'à avant-hier.
Je reçois un courrier recommandé avec AR.
Et là, on m'annonce que je suis prévenue d'avoir commis un excès de vitesse (alors qu'ils n'ont aucune preuve de ça), et on me compte en plus 22 euros de frais de procédure.

Par dessus le marché, ils se sont trompés sur mon nom, ces idiots.

Je ne sais pas encore quelle suite donner à cet embrouillaminis, mais ce qui certain, c'est que les juges de Bobigny n'ont rien d'autre à faire que de se préoccuper de moi.
Leurs dossiers qui s'empilent peuvent attendre; les malfrats peuvent courir: je suis là, moi, le caïd de l'Est parisien.



                                              Dorénavant, il faudra me parler poliment.

mercredi 11 janvier 2012

C'est le printemps

Mais si!
Je sais qu'on est en janvier. Peu importe. Moi, je vous dis qu'on est au printemps.

Ce matin, encore à la nuit, je dormais à moitié à un feu rouge pendant que ma voiture ronronnait, rassurante. Il crachinait. Ça s'annonçait moyen.

Soudain, j'ai senti passer un air de printemps.

Sur le coup, je n'ai pas analysé d'où venait cette impression.
Dans un sursaut de vitalité, je me suis mise en mode "primitif". Nez, yeux, oreilles, phéromones, cerveau reptilien en alerte.
Ce sont mes oreilles qui, en quelques secondes, ont élucidé ce que j'ai d'abord pris pour une hallucination.


Deux merles chantaient.








lundi 9 janvier 2012

Fille de vieilles pubs

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais mon univers culturel est peuplé de toutes sortes de fantômes.
Le genre d'ectoplasme guilleret qui crée la petite étincelle de complicité avec des gens "qui ont connu ça". Genre ancien combattant.

Dans cet univers, les pubs tiennent une place de choix. Il faut dire que j'ai été privée de télé pendant mon enfance. J'allais donc me planter devant l'écran des copines avec une gourmandise d'affamée, tous les samedis après-midi possibles. Je me régalais.
Je ne sais pas si c'est à cause de cette frustration, mais ensuite, une fois l'écran accessible, j'ai bu les images et les ambiances comme une assoiffée.
Et certaines pubs se sont imprimées dans ma mémoire avec la persistance d'un feuillage d'épicéa.

Magique. On a envie de se précipiter dans la première agence pour un départ immédiat direction Caracas.



Et cette petite merveille d'humour, avec de si belles images.

 ♬♪♩♬〪〪〪



Le style Grand Turc ultra kitsch.


Le genre Nouvelle Vague. On se croirait dans "Les parapluies de Cherbourg", en plus drôle.


Très jolie fête pétillante.〪〪〭〭〫〫〬



Ou encore la tête revêche et soumise de cette pauvre dame.

Et le sirtaki d'Orangina. Ils n'avaient peur de rien.


C'était beau, joyeux, chatoyant. Ces vieilles pubs me font encore rêver.

dimanche 8 janvier 2012

Galette secrète


Aujourd'hui, c'est le jour où rituellement, j'invite des amis à manger une bonne galette bien dorée et bien croustillante.

C'est un moment solennel: si la galette est loupée, le soleil ne revient pas. L'affaire est grave.
Ce qui était encore plus grave, c'était le dilemme où je me trouvais plongée il y a encore quelques années: me faire arnaquer par les pâtissiers griffus qui font payer leurs galettes une fortune scandaleuse,
acheter une mauvaise galette pas chère dans une superette (en plus, les fèves sont moches),
ou mettre la main à la pâte au risque de vexer le soleil.

Désormais, je suis délivrée du dilemme.
Finies les visites contraintes chez le pâtissier rapace!
Les galettes, je les fais moi-même et je m'en porte très bien.
Quoi? On doute?

La preuve:

Vous voyez bien que je ne bluffe pas.

Tout a changé le jour où j'ai enfin compris comment faire cette satanée pâte feuilletée qu'aucun bouquin de cuisine n'est capable d'expliquer correctement. Encore un coup du gang des pâtissiers!

Gavée de galette et de cidre rose, je vais faire un geste fou: vous livrer le secret.

Voilà les proportions que j'utilise. Il y a largement de quoi faire deux galettes de taille normales (50€ économisés! C'est-y pas réjouissant?)

400g de farine
325g de beurre
5g de sel (c'est beaucoup et c'est ce qu'il faut)
Un grand verre d'eau


!!!!!! PREMIÈRE PRÉCAUTION
La consistance du beurre est essentielle. Il doit être frais et ferme, sans être dur. Ne le laissez surtout pas devenir mou. Sinon, c'est la catastrophe.

Prélevez 50g de beurre, mélanger avec la farine et le sel avec les mains. Quand il est bien intégré au mélange, ajouter l'eau petit à petit en malaxant jusqu'à ce que le "pâton" (ça s'appelle comme ça) forme une boule. C'est le même principe qu'un pâte à tarte grossière. Facile.


Ensuite, il faut saupoudrer de farine le plan de travail. Je saupoudre abondemment dès que nécessaire. ÇA NE DOIT PAS COLLER! JAMAIS! Et puis le pâton est étalé en longueur, pas trop finement. Ensuite, le beurre est coupé en morceaux et placé au milieu.



La pâte est repliée par dessus de sorte que le beurre soit complètement recouvert.

Joli pyjama, non?
Avouez que jusqu'ici, c'est facile.
Ça va le rester, vous allez voir. Ici, on n'est pas vendus aux pâtissiers étrangleurs.

La moment est venu d'empoigner votre beau rouleau à pâtisserie. Mais pas question de chercher à étaler la pâte. Non. Le beurre est encore trop dur. Il faut juste APPUYER. Et ça donne ça.


Ensuite, la pâte doit être pliée en trois. La partie tournée vers le haut est repliée jusqu'au tiers de l'abaisse (c'est comme ça qu'on appelle la pâte qu'on étale au rouleau) et la partie tournée vers le bas est repliée par dessus. Ça fait une sorte de grosse enveloppe.
Quart de tour vers la droite!
Présenteeeeeez armes!!!!!!!!!

1

                                                                                2

On repasse un coup de rouleau précautionneux pour étaler tout ça de haut en bas.
!!!ATTENTION, LE BEURRE NE DOIT SURTOUT PAS PERCER!
Si c'est le cas, c'est qu'il est trop mou ou qu'il a été mal enfermé. Dans le premier cas, ce n'est pas grave: un coup de frigo pour le raffermir. Dans le deuxième, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? J'avais dit de BIEN ENVELOPPER le beurre! Faut écouter!

Une fois le machin (l'abaisse) étalée comme il faut, on replie la pâte exactement comme la première fois.
Re quart de tour vers la droite.
Cette opération s'appelle "faire un tour".

Il faut répéter exactement les mêmes gestes, dans le même ordre.


Moi, je fais sept tours. Huit parfois. Un truc au passage. Je note sur un papier les tours que je fais. Sinon, je me perds.
A chaque fois, je farine dessus et dessous.
Dès que je vois que le beurre commence à transpercer, je mets la pâte au frigo.
Au bout de deux, trois tours, on peut étaler au rouleau normalement. Mais la consistance de la pâte est ferme et élastique. Plus il y a de tours, plus elle va résister et plus il faut déployer d'énergie.
Normalement, il faut trente minute pour réaliser une pâte feuilletée de A à Z. Parfois un peu plus l'été, où, à cause de la chaleur, la pâte doit être expédiée au frigo plus souvent.

Au bout du compte, la pâte ressemble à ça.


Il ne reste plus qu'à faire la crème aux amandes.
Là, un môminet de 4 ans saurait la faire.

On fait ramollir (presque fondre)100g de beurre au micro-ondes. On ajoute 100g d'amandes en poudres, 100 g du sucre (je préfère le roux), 3 jaunes d'oeuf, 20-30 g de fécule ou de farine, une lichette d'extrait de vanille et 1 cuillère à soupe de rhum.
C'est fini.
Rien n'empêche de remplacer par des pommes, des poires ou des scoubidous. Tout est possible. C'est votre galette et pas celle du pâtissier, je vous rappelle.

Quand la garniture est prête, on divise la pâte en deux au cas où il faut une très grosse galette. Sinon, gardez-en la moitié qui prend la direction du congélateur. L'autre moitié, c'est elle qui sera divisée en deux.
On étale au rouleau.
On pose une assiette à dessert pour vaguement marquer un cercle. On découpe.
On place de la crème, ou des pommes....sur le premier cercle.


!!!!!ATTENTION! LA CRÈME NE DOIT PAS ÊTRE TROP ABONDANTE NI S'APPROCHER TROP PRÈS DU BORD. Sinon, débordement assuré en cours de cuisson.

N'oubliez pas de mettre dans la garniture une fève ou un Louis d'or, selon vos moyens. C'est un symbole de fécondité. On ne rigole pas avec ça.
Faites de petites encoches croisées au couteau tout autour du cercle garni. Badigeonnez au pinceau avec de l'eau, pour que l'autre cercle colle bien. Soudez avec les doigts.

Ecrasez un jaune d'oeuf cru avec un pinceau et enduisez de jaune toute la galette.
Enfin, décorez en formant des stries avec une fourchette.



Au four!
Assez chaud, le four: 180-200°C, c'est bien.

S'il vous reste un peu de courage, avec les chutes de pâte, on peut faire des petites cochonneries d'apéro assez sympathiques. Le tout, c'est de toujours re-étaler la pâte couche sur couche, sans jamais la chiffonner.

Avant cuisson. Après, je n'ai pas eu le temps de photographier: on m'a tout dévoré en un clin d'oeil.
Alors? Hein? C'est juste un coup de main à prendre. Finie la dictature des pâtissiers!

samedi 7 janvier 2012

Noël bis repetita

Noël, c'est ce soir.
Si. Je vous assure.

Les gens d'ici, évidemment, ils sont alignés sur la tradition catho. Même s'ils croient à Dieu comme moi à l'honnêteté des politiciens, c'est comme ça. Ils sont alignés. 25 décembre obligé.

Mais, ils ne sont pas les seuls. Eeeh oui!
Les chrétiens orthodoxes, eux, ils n'ont pas le même calendrier. Du coup, pour eux, Noël, c'est le 7 janvier.
Enfin, ça dépend des orthodoxes, parce que certains se sont alignés sur notre calendrier, sauf pour Pâques qui est à la même date que les autres orthodoxes. Comme les Grecs.
Déjà, là, on sent nettement l'influence byzantine. Le goût des discussions alambiquées et des questionnements poussés.
Enfin bon.  Ça les regarde.
Ils ont bien le droit de s'organiser comme bon leur semble. Vive la liberté!

En tout cas, moi, ce soir, je suis allée voir  ce qui se passait chez les orthodoxes de Bondy.
Je préviens tout de suite que je n'ai fait aucune photo. Ça me gêne de faire des photos dans un lieu de culte. On n'est pas dans un zoo.

Fallait voir d'abord les embouteillages monstres qui bloquaient tout dans le quartier et jusque sur la Nationale 3. C'était amusant.
Ensuite, l'église de Bondy est toute, toute petite. On avait bien essayé de mettre en place un semblant d'organisation, mais les gens s'obstinaient à entrer par la sortie et à sortir par l'entrée. Embouteillages encore.
A l'intérieur, tout le monde se pressait autour des prêtres en costumes sacerdotaux superbement brodés, qui officiaient lentement au milieu de chants à tomber par terre et de vapeurs d'encens.
Au centre, un grand rameau de chêne sec.
Ceux des premiers rangs étaient recueillis et silencieux et les autres, derrière, papotaient joyeusement. C'était terrible!

Et puis les prêtres sont sortis en disant des prières, emmenant avec eux le rameau de chêne. Tout le monde les a suivis, non sans oublier de ramasser la paille qui était répandue au sol. Du coup, les gens se sont très vite trouvés plus ou moins couverts de paille.
Dehors, après d'autres chants et d'autres prières, le rameau de chêne a été enflammé avec d'autres morceaux de bois et ça a fait un grand feu de joie. Un peu comme sur cette image-là:


Et quand les prières ont été finies, alors les danses ont commencé autour du feu, sur une musique sautillante. Tout le monde s'amusait bien. Pendant ce temps-là, les klaxons enragés des automobilistes égarés au milieu de la foule et des voitures de plus en plus bloquées trompettaient jusqu'à nous, mais personne n'y prenait garde. Faut dire qu'en plus du reste, le vin chaud circulait et qu'il réchauffait rudement bien.

Les danses se sont arrêtées. Les gens sont partis. D'autres sont arrivés. La cour de devant était pleine de monde qui discutait en surveillant (mal) les enfants qui s'amusaient beaucoup à jeter de la paille dans le feu.

L'église s'est remplie à nouveau et moi, je suis partie, parce que je me suis rendue compte trop tard qu'elle était devenue inaccessible tellement il y avait de monde.

Jamais vu un soir de Noël à l'église aussi gai.
A défaut des doigts de pieds, ça m'a réchauffé l'âme.

Normal. Le Christ est né ce soir, après tout.






mercredi 4 janvier 2012

Initiation

J'ai beau être prof, je suis surmenée.
C'est plus fréquent qu'on ne croit.

Là par exemple, je devrais attaquer mon boulot. A 22h18. Vous allez me dire: "Et pourquoi que tu l'as pas fait avant, ton boulot?"

C'est vrai. Je ne l'ai pas fait avant.
Et je m'en vais de ce pas expliquer. Parce que c'est vrai que ça me casse la cougourde de devoir m'y mettre si tard, avec mal au crâne en prime.
Surtout pour corriger des expressions écrites.

Depuis quelques temps déjà, je cherche un véhicule. Autant vous dire que pour moi qui suis aussi hermétique qu'une huître à ce genre de science, c'est un cauchemar. Je n'y connais strictement rien, je ne sais pas distinguer un Laguna diesel d'une Fiat 500, même par temps clair. Parlez-moi de soupapes, de durite, de turbo-injection, des mérites comparés des moteurs essences et diesel et j'attrape une jaunisse.

Jusqu'à maintenant, j'avais réussi à esquiver la corvée: d'autres se la farcissaient à ma place. C'était un peu lâche, mais confortable.
Tandis que là, seule au monde, il m'a fallu affronter la bête.
A moi les joies des épluchages d'annonces et d'étude pénible des avis comparatifs!
A côté de ça, pleine d'espoir, j'ai cru m'alléger la tâche en questionnant des amis  plus experts que moi. Grossière erreur! Les amis sont variés et avec eux, leurs certitudes et leurs méthodes.
L'adepte du neuf, m'a envoyé compulser les listes de mandataires en m'assurant que l'occasion était la plus sûre manière de me faire avoir.
L'inconditionnel de l'occasion m'a asséné son avis sur toutes sortes de combines auxquelles je ne comprenais goutte, tout en m'affirmant que le neuf était une arnaque, puisque les voitures se dévaluaient à la vitesse de la lumière, sitôt achetées.
Celui qui copine avec son garagiste m'a envoyée chez le gars qui, goguenard et le regard aiguisé du vieux renard, a essayé de me fourguer une ruine pour une somme astronomique, tout en me proposant de prendre le café avec lui.

Alors hier, j'ai décidé que j'étais assez grande pour me débrouiller seule.
Forte de mes études intensives de fiches techniques, de mon intuition et après avoir fait une prière au Très Haut, je me suis lancée à l'assaut des petites annonces.

C'est ainsi que, tremblante, j'ai décroché mon téléphone hier soir, pour répondre à une annonce qui venait de paraître. Le monsieur que j'ai eu au bout du fil avait l'air normal. Un être humain. La voiture avait l'air bien: pas trop coquette, pratique, modeste, pas trop vieille ni usée. Pas gratuite non plus, hélas, mais pas astronomique.
On a pris rendez-vous.
Et ce soir, je l'a achetée.

Vendredi prochain, je serai l'heureuse propriétaire d'une Renault Modus diesel bordeaux métallisé, avec jantes en alu, vitres arrières teintées, courroie, freins, pompe neufs garantis 1 an, 2 pneus neufs aussi, tout qui marche impec, de septembre 2006, qui a roulé en tout et pour tout 34500km.
En prime, entretenue par un cadre de chez Renault vétilleux.
7250 euros

Est-ce que je me suis fait avoir ou pas?

L'avenir nous le dira.
En tout cas, je suis vraiment contente que tout ce cirque soit fini.

Et maintenant les amis, je vais aller travailler pour ma classe. Y'a pas d'heure pour ça!


lundi 2 janvier 2012

Et voilà le travail!

Pendant que la terre tremble, que les champs magnétiques s'inversent, que les glaces fondent et que les Américains se terrent dans des bunkers anti-apocalypse à 50 000 $, moi, je sombre dans un nouveau vice:
Je me suis remise aux travaux de dame.

J'ai failli me couper plein de fois. L'ongle de mon pouce gauche a été pas mal rabioté.
Les yeux ont failli me sortir du crâne.
Je me suis battue avec mon chat qui voulait participer à coups de pattes traîtresses.
Bon nombre de minuscules boucles sont parties valser sous mes meubles, ce qui m'a forcée à faire des acrobaties insensées et à ramasser pas mal de poussière. Tout en gardant un oeil sur le chat, s'entend...

Finalement, ça m'a bien distraite du monde qui s'écroule.

Et c'est toute fiérote, le cheveu en bataille, l'oeil explosé et le genou noirci que j'ai l'honneur de vous présenter ma toute nouvelle collection:


Et vous savez qui m'a filé le virus?

Allez, un petit effort!
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De 2011 faisons table rase

L'année qu'on vient d'enterrer fut particulièrement immonde. Autant dire que je ne la regretterai pas.
Adios 2011. Ça me fait pas plaisir de prendre un an de plus dans les dents, mais là, je passe outre.

Un des seuls trucs 2011 pas trop déprimant, c'est cette nouvelle manie de bloguer. Au début, je voulais pas. On m'a poussée (merci Vlad) et finalement, j'aime bien. D'abord, je me suis dérouillée question bricolages-sur-le-net. Non pas que je sois une bête, certes non, mais j'ai tout de même fait de gros progrès. C'est satisfaisant.
Ensuite, j'ai découvert des gens qui écrivaient bien des choses intéressantes. Le blog a remplacé le salon du XVIIIème siècle, à part qu'on ne reçoit plus chez soi en perruque poudrée, mais sur un écran. C'est moins convivial, mais plus simple. Enfin moins convivial, faut voir...j'ai découvert aussi que les blogueurs se rencontraient et formaient des bandes de vieux potes assez désopilantes. Y'a même des fâcheries, c'est dire.

Mais la surprise entre toutes, c'est que des gens m'ont lue, moi. J'étais pourtant quasi sûre que je bramerais seule pendant des mois dans le désert des Tartares avant qu'un égaré veuille bien se pencher sur ma prose.
Alors bien sûr, au début, il y a eu les copains copines qui ont jeté un oeil complaisant encourageant.
Merci à  Nadezda, Lecanasson, Sorcière, Vlad... de ne pas m'avoir laissée me morfondre dans mon trou virtuel.

Et assez vite, à ma stupeur, d'autres sont venus: Homer, Killya, Pirée, Francis, Nicolas, El Camino, Frederic, Captainhaka, MHPA, David Burlot, Minijupe, Juntos,  Chat de Nuit, Boutfil, Corto74, Copine Débile, Solveig, Anka, Thierry Régis, Monsieur Poireau, Madame Dubartas....., sans parler des anonymes ou des inconnus qui viennent à moi de leurs lointaines contrées. Pensez donc! Jusque de Thaïlande ou du Honduras! Incroyable!
 J'espère que je n'oublie personne et sinon venez tout casser, vous avez le droit.

Alors, chers tous qui m'ouvrez tant de perspectives et me régalez de vos textes et de votre amitié, je vous souhaite une très bonne année 2012.
A commencer par une bonne digestion de tout ce que vous avez mangé et bu hier.
De continuer à écrire ce qui vous chante ensuite.
Et tout plein de chose agréables pour l'année toute neuve.