vendredi 9 novembre 2012

Ach Gross Paris!


Dans la nuit de mercredi à jeudi, les trains et les RER au départ de la gare du Nord ont arrêté de circuler. Blocage général. Foutoir. Anarchie. Salauds de Franciliens descendus sur les voies.
Quelle mouche les a donc piqués, ces furieux?
Pour descendre la nuit sur les voies dans le secteur de la Plaine Saint Denis, c'est vrai qu'il faut en pincer pour la promenade. D'ailleurs le porte-parole de la SNCF s'est empressé de les charger d'un flamboyant:

"Au départ on a un petit problème électrique qui aurait dû concerner 150 personnes pendant une heure et au final on se retrouve avec une vraie pagaille qui a touché des dizaines de milliers de personnes"

Pour un peu, il les traitait de gueux.


                                Admirons, à 1mn10, la façon dont cette dame expose la situation.         

Le bonhomme (ou la bonne femme), du haut de son arrogance, ne se rend même pas compte de l'énormité de son propos. Le "petit" problème électrique ne devait durer qu'une heure de rien du tout (une paille, aux heures de pointe) et ne concernait que 150 pauvres diables coincés là debout, tassés les uns contre les autres, à moitié morts de fatigue.

Ce qu'il oublie de dire, c'est que ce genre de "petit" problème est tellement habituel sur cette ligne B, que les gens qui l'empruntent deviennent enragés. Les rames sont irrégulières, pas toujours sûres, sales, et pour peu qu'on ait le mauvais goût d'y voyager entre 17h et 19h, on y fait l'expérience d'une promiscuité bétaillère. 


Je connais des gens qui déploient des trésors de ruse pour que leur futur employeur, s'il est parisien, ignore le parcours du candidat infortuné, condamné à emprunter cette ligne. Trop d'aléas. Au suivant.

Le plus absurde, c'est le prix de ce périple.
J'habite en zone 4, à une vingtaine de kilomètres de Paris. Une carte d'abonnement mensuel coûte 99,60€. Un carnet de 10 tickets d'une gare lambda vers Paris, environ 30 €. Un carnet de tickets de bus/métro: 12,50. Evidemment, si ces billets sont achetés à l'unité, c'est plus cher.

Cette histoire de pagaille, due au ras-la-casquette des voyageurs exaspérés aurait dû amener la SNCF à s'excuser platement.
Vous n'y pensez pas!
Des années que ça dure et qu'on n'en parle jamais. Là, il a fallu que l'Eurostar et le Thalys soient bloqués, et que la circulation soit vraiment perturbée pour qu'enfin, on sache.

                                          
Et pendant ce temps-là, la mairie de Paris propose doctement des mesures de restriction draconiennes à l'encontre des automobiles. Delanoë veut faire interdire les véhicules diesel, les voitures de plus de 17 ans d'âge, ses adjoints proclament benoîtement qu'ils veulent rendre la vie impossible aux automobilistes. Vive l'écologie!
Et pendant ce temps-là, les Franciliens n'ont qu'à se débrouiller. 
Z'ont qu'à pas habiter la banlieue tous ces crevards!

Comme si Paris était un îlot coupé du monde! C'est très bien l'écologie, je suis pour. Mais alors qu'on se pose et qu'on réfléchisse un brin. Comment vont faire les gens si la circulation automobile tourne au cauchemar organisé et si les transports demeurent à ce point coûteux et délirants? 

J'ai bien envie de citer Pierre*, tiens: "je ne n'aime pas dire du mal des gens, mais en effet Delanoë, la clique à Delanoë, toute cette bande de bras cassés plein de morgue, bref, vous voyez qui je veux dire, ils sont gentils."



* Les cinéphiles s'y retrouveront.




26 commentaires:

  1. Ah la ligne B !
    J'ai causé une fois avec un chauffeur de train suite à un arrêt en gare inopiné, suite à un de ces "incidents voyageurs" qui avait mobilisé pas mal de monde pour ramasser la barbaque dispersée sur les voies. Sous le sceau de la confidence il m'a indiqué qu'elle totalise bon an, mal an, plus de 270 suicides à l'année.
    Ce qui est insupportable, en plus de la crasse, de l'odeur, des bandes de racailles qui se croient chez elles, des mendigots roms, c'est la quasi-totale absence d'information délivrée aux passagers, ces cochons d'usagers tout juste bons à raquer et la boucler.
    Pour ma part, je refuse d'utiliser les transports collectifs, on ne dit plus transports en commun quand on est socialiste. Pour toutes ces raisons, sans parler du tarif proche du racket en regard de la prestation. J'utilise donc ma bagnole, là au moins je suis seul ou accompagné des personnes qui m'agréent, je peux écouter religieusement du Bach, profiter de la clim quand il fait chaud et du confort de la sellerie.
    Le jour où la RATP et la SNCF offriront le même niveau de prestation que dans les années 60/70, j'envisagerais peut-être de revoir ma position. Et encore, il restera le problème des fréquentations qu'on peut y faire.

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    1. Je vois que vous la connaissez bien!
      En effet, c'est beaucoup. La ligne B attirerait-elle les désespérés? Et en effet, il m'est arrivé plusieurs fois d'aller repêcher ma fille coincée quelque-part sur cette ligne de malheur (la dernière fois, c'était au Bourget), parce que quelqu'un s'était flanqué sous la rame. Pas de bus de substitution, des touristes affolés, des gens qui faisaient du stop pour avancer jusqu'à chez eux... Dans ces conditions, la voiture est l'alternative idéale, voire la seule. C'est évident. D'autant que la SNCF est encore loin de pousser le raffinement jusqu'à diffuser les concertos brandebourgeois. Quand on en sera là, une source d'hydromel coulera dans mon jardin.

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  2. Tu as raison de parler de ça et je comprends l'exaspération des gens : les problèmes techniques sur certaines lignes de RER sont très très pénibles.
    Je fais partie de ces privilégiés qui circulent en voiture, je dis privilégié car j'ai emprunté le RER B et le RER A durant des années.
    Je propose d'ailleurs de caser un Delanoë en pleine heure de pointe au milieu d'une rame bondée. Je ne peux plus l'encadrer, il ne touche plus terre celui-là.

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    1. Donc tu n'es pas un privilégié. Tu en as soupé et maintenant, comme beaucoup d'autres, tu fuis ces endroits maudits.
      Enfin maudits...pas tout le temps. Quand ça marche, on gagne beaucoup de temps. Mais quand ça coince, alors ça coince bien.
      J'étais beaucoup dans les transports en commun la semaine passée. Et mercredi, miraculeusement, je suis rentrée tôt chez moi. J'ai eu le nez creux. C'est ça qui est usant: on ne peut jamais savoir quelle tuile va bien pouvoir arriver et quand elle arrive, alors la SNCF ne fournit jamais la moindre alternative pour s'extirper du guêpier. C'est un piège angoissant.
      Delanoë plane complètement.
      Je te rejoins entièrement: il faudrait le choper et le coller de force au milieu de la populace entre gare du Nord et Sevran à 17h42.

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  3. Du temps où elle s'arrêtait à Luxembourg, puis Gare du Nord, la ligne B ne fonctionnait pas si mal.
    Pas d'article pendant deux semaines, puis trois en deux jours, c'est une alternance régime/boulimie rédactionnelle ?

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    1. Il fut donc un temps où la ligne B ne s'arrêtait pas aux Halles?
      Désolée pour le rythme heurté auquel je publie mes billets, mais parfois, je n'ai pas la tête à ça. En ce moment, ça me reprend. Les mystères de l'inspiration... :)
      M'enfin boulimie, faut pas pousser non plus, hein Juntos!

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  4. Et la ligne H alors, on n en parle jamais de la ligne H du transilien SNCF délaissé, comme le RER B , par le Conseil Regional de l IDF car desservant une majorité de villes " sensibles " ( dixit le directeur général des services infrastructures du Conseil Général )

    Hier j étais à Paris. Métro vers 17h pour gare du nord. Là on ne parle même plus de bétaillère mais de wagons plombés : l horreur. J ai failli mourir étouffé par une grosse dondon aux seins énormes.

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    1. en fait tout ça pour dire que je hais les transports en commun et que je suis admiratif devant ceux qui n ont pas d autres choix que de les prendre

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    2. Non c'est vrai, on n'en parle jamais de celle-là. Elle a l'air bien aussi.
      Sans blague? Monsieur le directeur général a dit ça?
      ............................
      Je suis sans voix.

      Je propose qu'on l'attache à Delanoë et qu'on les colle ensemble à 17h18 dans un wagon plombé plein de matrones à forte poitrine, jusqu'à Creil.

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    3. Et qui lui peloteront le cul,
      Comme au Bailli du Limousin...

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    4. Il me semble qu'on lui pèlera le jonc, au baillis, plutôt. Enfin bon, soyons modernes.

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  5. l'organisation des transports de masse... Curieusement tout un "savoir faire" ou plutôt un savoir plaire à jamais perdu.
    Tu parlais du Bourget alors pas très loin.

    http://www.memorialdelashoah.org/b_content/getContentFromNumLinkAction.do?type=1&itemId=1396

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    1. Ça se construit lentement et ça se perd vite, ces choses-là.
      Pas si loin dans le temps non plus...

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  6. ahhhhhhhhhhh ! ma bête noire le Delanoé, je le hais ! avec sa manière de parler " des parisiennes et des parisiens" avec sa voix sucrée et prétentieuse, je le supporte plus ! il a transformé Paris en bordel à paillettes et maintenant, il veut faire le grand Paris, t'imagine les pauvres gens qui prendront le RER jusqu'à Caen ? le pire, c'est que la prochaine mandature, on aura à tous les coups l'autre pétasse d'Hidalgo avec ses potes tous verts qui continuerons à nous coller le souk avec leurs idées à la con !
    Mais à quel moment les " usagers" des transports réagiront-ils enfin ? ils ont une puissance de feu vu leur nombre, qu'ils n'utilisent pas !

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    1. Ça c'est du coup de gueule premier choix! Tu t'es surpassée et c'est un honneur d'accueillir un si magnifique commentaire!
      J'adore!

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  7. Quand c,esty pas les grèves, c'esty les "incident voyageurs" (pour les euphémisme à la c..n, ils ont la palme) quand c'esty pas les "incidents voyageurs", c'esty les "problèmes techniques"...Bon, ok, une rame qui tourne 365 jours par an, ne peut pas ne pas avoir un problème ou deux, mais là, c'est quasiment quotidien!

    D'autres métros de par le monde fonctionnent à la même cadence et ne connaissent pas ces pannes chroniques.

    Mais effectivement, la cerise sur le gateau empoisonné reste le comportement des employés qui confine au plus belles heures de l'Union Soviétique.

    Je me demande cependant pourquoi les "usagers" (autre euphémisme) ne réagissent pas plus souvent et aussi violement. Cela amenerait les planqués de la SNCF et autres fromages à réviser un peu leur jeu.

    Quand des gens se plaignent en murmurant entre eux mais n'ont pas ce qu'il faut dans le pantalon pour gueuler un bon coup devant l'un de ces rond-de-cuir pour lesquels nous ne sommes que les cochons de payants, ils méritent un peu leur sort.

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    1. Mais la SNCF, c'est et demeurera le fief des Rouges. Il ne faut pas oublier que les reconductions de grève sont votées...à main levée et qu'on se charge de convaincre les réfractaires à la grève de ne pas venir bosser.

      Enfin, de toute façon, quand on a démoli ta bagnole, au bout du compte tu ne viens pas bosser. Idem à la RATP.

      En outre, à chaque merdouille, on retire les régulateurs de trafic (c'est à dire des jeunes sans emploi)pour envoyer des malabars de la sécurité privée de la SNCF qui feront ce qu'ils voudront des gens puisqu'à l'intérieur d'une gare, c'est un espace privé et non public !

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    2. Taratata. Les malabars en question s'ils sont bien des agents de sécurité privée, sont néanmoins assermentés au titre de l'article 21.2 du Code de Procédure Pénale, ce qui les place non seulement sous le contrôle d'un Officier de Police Judiciaire mais également sous celui du Procureur. Ils ne peuvent donc pas faire ce qu'ils veulent.

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    3. Vu la gueule de certains, je ne suis pas sûre que tous sachent compter jusqu'à l'article 21.2 du Code Pénal.

      Le coup de matraque, une fois que tu l'aies pris en pleine poire, même s'il ne t'était pas destiné à l'origine, c'est pas le Code Pénal qui en effacera les conséquences.

      En France, la Justice n'aime pas les geignardes de victimes. On préfère les gros malfrats, ça fait plus class' comme fréquentation.

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    4. Il faut aussi voir le guele des fonctionnaires qui font grève.

      Une fois, à Gare de Lyon, en partance in-extremis pour l'Italie sur le seul train de la journée qui passait, nous avons vu certains de ces "victimes de la société" déambuler sur les quais. De gros rougeauds bien nourris, brassards rouge autour du biceps et banderole cocboy sur leur ventre bien rempli.

      Des gars qui font la révolution et qui mangent plus qu'à leur faim tous les jours.

      Ce quand certains voyageurs du metro ne sont que des chomeurs se rendant à un entretien d'embauche...

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    5. Mais on s'en fout des chômeurs...ce qui nous intéresse, ce sont les acquis !

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    6. J'ai laissé filer la causette et voilà que je décroche. Qu'est-ce que c'est au juste, un "régulateur du trafic"? Et pourquoi on les débauche pour mettre des malabars à la place?
      Après, c'est bon, j'ai compris.
      Allez-y, continuez, moi, j'écoute. Et j'apprends plein de choses :)

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    7. Les régulateurs de trafic, ce sont les jeunes sortis sans diplôme à qui on a attribué le rôle extrêmement dangereux de canaliser les banlieusards derrière la fameuse ligne jaune de sécurité avant l'arrivée des trains en retard ou supprimés d'ailleurs (ce qui est un paradoxe, mais à la SNCF, on n'est pas à une contradiction prête). Avouons que les gens évitent quand même de les agresser. Bref, on a copié les pushmen du métro japonais, bien qu'en France, les voyageurs des RER font cela très bien tout seuls.

      Or quand la tension monte, que la bonne femme au micro commence à gueuler ses ordres, que les trains s'alignent comme supprimé sur les écrans, qu'on fait courir d'un quai à l'autre les mères de famille affolées pour un hypothétique train qu'on annule dans la foulée et que la SNCF sent que ça va mal tourner, alors on dégage au pas de course les régulateurs et on les remplace par les malabars pour que les gens ferment leur gueule et déblaient le terrain s'ils ne sont pas contents.

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  8. Le même jour, sur la ligne D, un train déraillait à Bercy, bloquant toute les lignes D1 / D2 entre 17h00 et 20h00. Quel rapport entre la ligne D et Bercy ? Mystère. Le bordel de la ligne D est d'un tel commun qu'il en est devenu un non-sujet. Il fut une époque où les transformateurs sautaient régulièrement le vendredi soir, jetant toute la banlieue sud coincée à Paris dans la panique. J'ai vu des mères de famille éclater en sanglots au bord des quais cherchant désespérémment à contacter les halte-garderies où les attendaient leurs bambins. Je me suis vue débarquée à Boissy terminus par un bus de substitution, puis faisant 15 bornes dans la nuit à travers la forêt de Sénart entre autre, où les bêtes rousses ou noires ne sont pas les plus à craindre, jusqu'au Château du Maréchal de Saxe où je retrouvais enfin les lumières de la civilisation (béni soit ce Maréchal).

    Le gross Paris jusqu'aux plages du débarquement ! Gross rikolade ! z'aiment pien rire ces Franzosen !


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    1. Tu as fait 15 bornes dans la nuit à travers la forêt pour rentrer chez toi????
      Au milieu des sangliers?
      .......
      Tu te rends compte de la chance que tu as? Grâce à la SNCF, tu as des tas d'histoires à raconter aux copains. Merci qui?

      Bon, si je fais le compte, lignes B, D, H, même combat.
      Une autre?

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    2. Non, j'ai juste traversé la forêt, mais j'ai fait 15 bornes un vendredi soir depuis Boissy Saint Léger, hors de moi, dont une partie au bord de la Nationale non éclairée, ce qui n'était pas très malin.

      Et je n'ai pas vu de sangliers, ni de sadiques, ni personne : J'étais dans une telle rage que j'aurais fendu le crâne du premier qui m'aurait adressé la parole.

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