lundi 22 octobre 2012

Faut pas pousser mémère dans les orties

Avant, j'habitais à Sevran.
Un coin charmant, au bord du canal de l'Ourcq, loin des citées obscures où on se canarde à tour de bras.
La maison suintait d'humidité l'hiver. Et puis surtout, l'Education nationale, appliquant ses beaux préceptes de mixité sociale, comptait sacrifier notre fille en l'envoyant dans un de ces collèges effrayants dont la Seine-Saint-Denis a le secret.
Donc, nous avons fui et nous sommes passés à l'Ouest.

On ne peut nier pourtant que Sevran reste un vivier culturel. C'est un des bons côtés des villes communistes, enfin...écolo maintenant, le maire a senti le vent tourner et il a prudemment viré sa cuti.
C'est pourquoi mes filles ont continué à étudier la musique chez les Rouges-Verts. Ici, chez les socialistes, le conservatoire fait pitié. Pas à cause des profs qui font ce qu'ils peuvent, mais à cause d'une politique culturelle privilégiant les thés dansants.
Tout ça pour dire que Sevran me devait des sous.
Une histoire de frais d'inscriptions.

J'aurais dû toucher mes 194, 46 euros en mai dernier.
Non titulaire de la carte du parti, je savais que je devais m'armer de patience. A Sevran, le personnel municipal est très urbain, mais il ne faut pas le bousculer. Surtout si on n'est ni un copain, ni un fils de, ni un vieux stal (qui a dans ce cas des tas de copains), ni quoi que ce soit de connu.
J'ai donc réclamé mes sous en septembre.
Le conservatoire municipal m'a adressée à un certain X, à la mairie.
Premier contact excellent. Le gars était en train de téléphoner à un pote et il a eu la bonté de ne pas me faire attendre. Il était tellement détendu et amical que je suis prête à parier qu'il avait les pieds sur son bureau.
Il promet de faire le nécessaire, s'excuse. Tout juste s'il ne me colle pas une bise.

Fin septembre, toujours pas de sous.
Je rappelle.
Le gars était en train de causer avec un copain et, toujours sympa, m'identifie tout de suite. "C'est vous les 194,46 euros?"
Oui, c'est bien moi.
Il se confond en excuses, ne comprenait pas pourquoi ça avait (il avait "merdé" sur le bout des lèvres) cafouillé et me demande de venir déposer un RIB. Ce qu'à Dieu ne plaise, parce que je connais trop bien les guichets d'attente à Sevran. Va pour le scan. Promis juré, c'était réglé le lendemain.

Mi-octobre bien avancée, toujours pas de sous.
J'appelle Monsieur X.
Là, il causait avec son assureur qui l'engueulait, parce qu'il avait laissé conduire sa femme sans assurance. Du coup, j'ai failli attendre.
Monsieur X, un peu crispé, sans doute à cause de l'assureur, s'étonne de ce que je n'ai toujours rien reçu et espère que mes 194,46 euros n'ont pas été virés à quelqu'un d'autre.
J'espère aussi.

Résumé de l'histoire.
Sevran me doit des sous depuis cinq mois et rien ne vient.
Sevran est une des villes les plus endettées de France , détails -->ici.
Sevran emploie des gens qui passent leurs journées à faire causette au téléphone pendant que les honnêtes gens triment comme des nègres forçats.



Moralité?
Y'en a pas.




23 commentaires:

  1. t'as plu qu'aller gueuler haut et fort et menacer de plainte pour détournements de fonds, les verts en ce moment, ça les traumatissent....tu as trop de patience !

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    1. Parfois oui Boutfil, il faut faire ça, mais en la circonstances, je ne crois pas que ça serait la meilleure solution. Subtilités de la diplomatie municipale...
      Là ça y est. Le gars se sent coupable. Il m'a rappelée trois fois dans la matinée en se confondant en excuses et il me jure ses grands dieux que le virement a été fait hier.
      Voyons ça.

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  2. Faut plus dire nègre, ça va faire un pataquès, même si on est bien d'accord que les Noirs ont effectivement bossé comme des nègres dans les champs de coton et ailleurs.

    Mais faut plus dire "Nègre".

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    1. Et pourtant, en français correct, c'est "noir" qui est péjoratif et non pas "nègre".

      L'influence anglo-saxonne n'y est pas étrangère. Ce qui est plutôt paradoxal pour peu que l'on veuille bien considérer que tous ces connards d'associatifs bien pensants, petits soldats de l'armée du Bien, passent leur temps à conchier les Etats-Unis et leur main-mise sur le monde, y compris dans le domaine linguistique.

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    2. En russe, c'est "noir" qui est pejoratif>

      "tchornyie jope"

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    3. @ Lecanasson, "Nègre" est devenu péjoratif, c'est vrai. Sauf dans des expressions telles que "art nègre" ou "bosser comme un nègre".
      Mais c'est vrai que quand on se réfère à l'étymologie, c'est bien moins moche que "mûlatre", par exemple. Ça vient de "mulet"....
      Je ne sais pas pourquoi ça a viré à l'insulte comme ça.

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    4. @Koltchak, c'est péjoratif "Noir""? Vous trouvez? Pourtant c'est ainsi. Quelle honte y'aurait-il à avoir la peau noire?
      Mieux vaut un "noir" franc et clair qu'un "personne de couleur" sournois. Ça, c'est puant d'hypocrisie.

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    5. @ Tchetnik, qu'est ce que ça veut dire "jope"?

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    6. Je n'y peux rien. Nègre est en français correct le terme exempt de toute connotation péjorative, il vient du latin niger qui désigne la couleur noire. Alors que dans le même temps, noir était classiquement utilisé pour marquer le mépris envers les gens de couleur.

      La bascule s'est faite lorsque les connards bien pensants se sont mis à singer les anglo-saxons qui eux usent du "black" comme nous du "nègre", alors que "nigger" est carrément raciste pour le coup.

      Inversion des valeurs qui a logiquement imposé une inversion de notre vocabulaire.

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    7. @Io

      "Jopa" signifie la partie de votre anatomie qui vous sert de fondement. Ce que vous posez sur une chaise en gros.

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  3. Tiens ce soit, le maire de Sevran s'est invité à RTL pour faire la manche. Il réclame à l'Etat une rallonge de 5 millions € pour éviter la mise sous tutelle de la ville.

    Il va falloir se montrer patiente...

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    1. Il n'arrête pas de demander des sous depuis des années. Vu la tournure prend la ville, il n'a pas fini.
      Je suis très patiente.

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  4. Sevran n'est plus la ville la plus endettée de France car elle vient de se déclarer en faillite. Ce qui entend que les fournisseurs ne seront pas payés. Les employés de la Mairie de Sevran ne seront pas payés tout de suite, ils vont devoir attendre que les assurances ne mettent en branle à condition que le Public ait une assurance dans un tel cas, du jamais vu.

    Le problème, c'est que si les gens ne viennent pas bosser, ils sont considérés comme démissionnaires, c'est toujours ça de gagner pour la Mairie.

    Sevran n'est que le début, la suite arrive. Le Flamby peut se tortiller comme il veut sur le trône, gratter les fonds de tiroir, il n'y a plus un fifrelin dans les caisses.

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    1. Pas encore, sauf si l'Etat refuse de casquer.

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    2. En français politiquement correct, ce n'est plus rien du tout, puisque les bien pensants ont réussi le tour de force à faire interdire l'idée sulfureuse qu'on seraient tous différents, confondant dans leur salmigondis linguistique : pareils = égaux devant la loi.

      Bref en sous-entendant qu'on est tous différents, on seraient d'infâmes nazillon de prisunic qui préconiseraient une justice à deux couleurs, alors qu'en fait ce n'est qu'un question de pognon et de relations.

      Mais chut, faut pas le dire.

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    3. J'ai donc eu une inspiration lumineuse, le jour où j'ai décidé de partir de ce guêpier.
      Sérieusement, les employés ne setont plus payés? Tu es sûre, lecanasson?

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    4. @Koltchak, en l'occurrence, l'état serait bien mal venu de refuser, parce qu'à de lointaines époques, la construction des cités a été imposée par l'état, sans que les communes comme Sevran aient leur mot à dire. Aux communes concernées d'en assumer aujourd'hui les conséquences.
      J'avais déniché la recherche d'un étudiant en géographie urbaine qui exposait l'historique de cette aventure et c'était édifiant. Il faudrait que je le retrouve.

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    5. Non, c'est le premier hoquet. Le gouvernement va allonger les 5 millions, histoire de combler le trou trimestriel et gagner du temps jusqu'à la prochaine fois, quitte à creuser une dette qu'on nous autorise pour l'instant à 3 %. Le problème, c'est que Sevran ne sera pas la seule ville à faire la mendigote à l'avenir et un jour qui arrivera certainement plus vite qu'on ne veut l'envisager, l'Etat aura de plus en plus de mal à fournir monnaie sonnante et trébuchante aux villes, qui tardera à payer ses fournisseurs et ses employés. Et ce sera la galipette finale.

      D'ailleurs, c'est déjà en cours depuis des années dans certains secteurs publics : les infirmières et les flics sont dans l'incapacité de faire payer régulièrement leurs heures supp car l'Etat est raide comme un passe-lacet. Soit, ils pourraient les récupérer, mais alors, leurs collègues qui les remplaceraient feraient des heures supp qui s'ajouteraient aux leurs, impayables et irrécupérables.

      Et puis les banques ne vont pas nous lâcher avant d'avoir eu notre peau et les os, comme en Grèce.

      A moins d'une révolution...comme en Islande.

      Un pays de fous !!!

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  5. J'ai le sentiment que vous n'allez pas voir votre pognon de sitot...

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  6. au CET des Six Routes de la Courneuve sous Pompidou c'était déjà le bazar et le regroupement familiale voulu par Bouygues et réalisé par Giscard n'avait pas eu lieu.

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  7. On vit une époque formidable où il faut pleurer pour avoir son dû!
    Et j'accorde la palme du "mauvais payeur" au rectorat!
    Si tu travailles pour eux en tant que remplaçant ou maître aux., parfois on te verse tes premiers sous 3 jours avant Noël alors que t'as commencé à travailler à la rentrée!!!
    Et lorsque tu te retrouves au chomedu, même combat! Plus de 2 mois pour toucher 3 ronds!!!

    ***
    Bises et bonne journée****

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    1. C'est vrai! Ce sont des rats! Et ils paient les primes misérables qu'on gagne en corrigeant les évaluations de CM2 que le monde nous envie avec un retard titanesque.
      N'importe quel employeur privé serait allumé, mais eux, non.

      Bises à toi aussi et bon vendredi!

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