lundi 25 mars 2013

La manif contre le mariage pour tous, troisième épisode.

Il paraît qu'au sortir de l'hibernation, les ours commencent par péter très fort. A tel point que leurs pétarades résonnent dans la montagnes et les paysans roumains y voient le signe de l'arrivée du printemps.
Les oursonnes pètent aussi et en plus, elles se réveillent avec un marmot-ourson, né pendant l'hiver, alors qu'elles ronflaient.
Maintenant, une petite devinette: quelle est la différence entre les ours et moi?
.....
???
Je me réveille d'une hibernation longuette.
C'est le printemps.
Je défend à quiconque de prétendre que je ronfle.
Il est bien entendu qu'aucune de mes connaissances n'aurait le mauvais goût de continuer plus avant les comparaisons.

C'est ainsi qu'hier, bien réveillée et chaudement vêtue, pour la troisième fois, je m'en suis allée déambuler à Paris pour râler contre ce "mariage pour tous"stupide, démago, mal-à-propos et dangereux dérivant. Deuxième bonne raison: j'en ai soupé, de ce gouvernement d'incapables arrogants qui complète le boulot de Sarko en nous menant tout bonnement à la ruine. L'envie me démangeait d'aller le leur dire en face. Troisième très bonne raison: j'étais curieuse de voir ce qui allait se passer.
Dernière excellente raison: c'était aussi l'occasion de retrouver ma chouette bande de copains, Vlad, Boutfil et Corto et d'en découvrir d'autres très sympas: La Mouette rieuse, Regard Naïf, La Plume à Gratter, le Plouc Emissaire. 

Voilà ce que j'ai vu et entendu.

Même foule compacte qu'aux derniers rassemblements, même public familial mesuré et poli, mais moins bon enfant. J'ai noté la présence de personnes très âgées, marchant vaillamment, soutenues par les leurs. Certaines en fauteuil roulant. C'était émouvant.
Quelques familles musulmanes arboraient des pancartes en français et en arabe: "On est avec vous".
Moins de sourires, des visages plus graves. Des drapeaux bleus blancs rouges. Tous convergeaient vers la porte Maillot avec une détermination plus silencieuse.
Beaucoup plus de signes d'amitiés et de banderoles aux fenêtres, aussi.

L'avenue Charles de Gaulle, entre La Défense et la porte Maillot était noire de monde. Cinq kilomètres d'une foule serrée et même agglutinée, car les organisateurs nous empêchait d'avancer.


Là, pas de musique ni de fanfreluches agitées comme au carnaval, mais des appels angoissés au calme et au recul.
Personne ne voulait reculer.
Les gens en avaient clairement assez d'être considérés comme une poignée de gêneurs. Deux manifs fourrées sous le tapis et une pétition expédiée comme un rot discret, c'était trop.
Les gens immobilisés là ne pensaient qu'à une chose: avancer jusqu'aux Champs Elysées et être entendus. "Non au mariage pour tous" mutait à vue d'oeil en un "Hollande démission", "Du boulot pour nos enfants", "Taubira casse-toi".

Finalement, nous avons décidé, comme pas mal d'autres, de nous glisser vers l'avenue Foch. Il nous semblait dangereux d'être pris dans cette foule grossissante et coincée là et nous voulions tenter d'atteindre les Champs Elysées par la face ouest.
Là, nous avons eu la surprise de voir certaines rues barrées par les organisateurs eux-mêmes. J'ai entendu grommeler qu'ils faisaient le boulot des CRS.

Après une pause dans un café, à deux pas de l'avenue Foch, nous avons cru à un repli. C'était confus: des gens avançaient, d'autres faisaient demi-tour. Au loin, nous apercevions les lumignons des CRS qui barraient la place de l'Etoile et sur la place, des silhouettes  déambulaient comme à la promenade. Certains s'étaient donc glissés jusque dans le sanctuaire interdit.

C'est alors qu'à proximité de l'avenue des Champs Elysées, Ô surprise! On nous y a dirigés tout tranquillement. Elle était ouverte! Des voitures y circulaient encore et les conducteurs nous faisaient des signes d'amitié, alors qu'on leur bloquait le passage. C'est à cette occasion que pour la première fois, j'ai vu un taxi aimable et empressé à laisser passer les piétons. Un événement.
Nous sommes descendus, mi-étonnés, mi-méfiants, vers le rond point des Champs Elysées. Bien évidemment, un solide barrage de CRS en barrait l'accès et pas question de passer.
Là-haut, vers l'Etoile, la foule qui semblait bloquée, stagnait.
Petit à petit, l'espace autour de nous s'est peuplé. Plus de jeunes, mais toujours des vieillards, des familles et des entre-deux, comme nous. Et puis aussi beaucoup de journalistes, caméra à l'épaule.
Une poignée de jeunes types déplaisants, qui cherchait la cogne faisait face aux CRS. Classique.

Il y a eu quelques jets de bombes lacrymogènes.
J'ai aperçu un homme à terre, au milieu des CRS.
Des renforts sont arrivés le long de l'avenue et la foule s'est agitée. Le bruit à couru qu'ils avaient donné des coups de matraques au passage...

Pendant ce temps-là, d'autres manifestants sont arrivés sur le ronds point-même, derrière des CRS, pris en sandwich.
A aucun moment je n'ai vu des parents se servir de leurs enfants comme de boucliers humains.
Les agitateurs dont on nous rebat des oreilles, j'en ai vu très peu. Aucun doute que nous nous trouvions dans un secteur assez stratégique et ils étaient à tout casser une vingtaine, plus en position de face à face qu'autre chose.
La Marseillaise a été entonnée plusieurs fois et les CRS avaient l'air bien embêtés.
J'ai causé longuement avec un monsieur fort intéressant, économiste de son état et un temps chargé de la gestion des comptes de ces messieurs les sénateurs. Guère optimiste sur la manière dont nos dirigeants successifs mènent nos affaires. Féroce, même. Je sais désormais où les gens commencent à planquer leurs deniers: en Allemagne. Bon à savoir.

Vers 19h, frigorifiés et le nez qui chatouillait un peu à force de respirer l'air rendu épicé par les lacrymo, nous sommes tranquillement rentrés, contents d'avoir accompli notre devoir.

Si une quatrième manif est organisée, j'y retournerai. Il est grand temps que les pieds nickelés qui nous tiennent lieu de dirigeants regardent la réalité en face.
 Et vous savez quoi? Je parie qu'on sera plus de 300 000 !*



* Plus d'un million de personnes, en réalité. Le préfet de police de Paris avait bu.


10 commentaires:

  1. oui, on y retourneras et on sera encore moins gentils ! il faudra que les organisateurs s'organisent mieux, on y va pas pour reculer !
    gros bisous ma belle

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    1. Les organisateurs ont joué un jeu un peu louche.
      Revendiquant les Champs à corps et à cris un jour et réclamant le contraire le lendemain..
      J'aimerais bien aussi qu'on m'explique comment sont recrutés les gars qui calculent les prévisions de chiffres. De 100 000 à plus d'un million, la marge est large. Et je voudrais aussi qu'on me dise comment coincer une foule pareille sur un espace trop exigu sans s'attendre à ce qu'elle s'étende.
      Surtout après avoir joyeusement ignoré les précédentes manifs et s'être torché (pardon) avec une pétition aussi volumineuse..
      Donc oui, on y retournera.
      Bisous!!

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  2. un peu qu on y retournera à la 4ème s'il le faut reste à savoir si ce sera avec des gants de velours ou le casque lourd !

    la colère gronde !

    bisous

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    1. Et des chaussures légères corto! Et plein de citron aussi!
      Oui, si Hollande bafouille jeudi, ça va commencer à sentir la poudre.
      Bises!

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  3. Vouii moi aussi, je referai le voyage, crénom !
    Ce fut une sacrée belle journée !
    Bisous

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    1. Un peu fraîche tout de même :)
      Mais la prochaine fois, il fera beau.

      Bisous la mouette!

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  4. que d'adrénaline mes petits choux.

    ça j'aime bien:"Les agitateurs dont on nous rebat des oreilles, j'en ai vu très peu. Aucun doute que nous nous trouvions dans un secteur assez stratégique et ils étaient à tout casser une vingtaine..."

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    1. Bah Bourdon, adrénaline, pas vraiment. Surtout l'impression que Hollande et sa clique (comme ceux d'avant aussi) se fout de nous et bazarde le pays. Alors surtout de la consternation et de la colère.
      Quant aux agitateurs, ils hantent chaque manif. Inévitable.
      Ce serait malhonnête de ne pas dire qu'il y en avait, même s'il se contentaient d'être là à parader devant les minettes. Comme il est inqualifiable de prétendre que les CRS n'ont balancé de fumigènes et chargé qu'à cause d'extrêmistes nombreux. Car c'est faux.
      Ces gars-là étaient quantité négligeable.

      Il serait temps que le gouvernement se rende compte qu'il se passe quelque chose.

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  5. Le capitaine de pédalo perd les pédales.
    Merci pour ton compte-rendu fidèle.
    A bientôt pour les prochaines manifs :)

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    1. Vlad Bonsoir !
      Viens voir le mien aussi et il y a des photos, que tu peux prendre :-)

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