mercredi 19 octobre 2011

L'automne et Baudelaire

Chant d’automne



Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.


Tout l’hiver va rentrer dans mon être : colère,
Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon coeur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé.

J’écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ;
L’échafaud qu’on bâtit n’a pas d’écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
Sous les coups du bélier infatigable et lourd.


Il me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu’on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui ? - C’était hier l’été ; voici l’automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.

...

Charles Baudelaire

9 commentaires:

  1. Merci pour ce cadeau d'automne. Mon poète préféré, que c'est beau.

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  2. J'adore !
    Mon préféré est celui qui commence par :"quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle..."

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  3. Quelle merveille !

    Oubliez toutes les conneries qu'on raconte sur Halloween le 31 Octobre et célébrez la grande Fête Celtique de Samhain qui durait jusqu'au solstice d'hiver : on sacrifiait le bétail, le Royaume des Vivants et des Morts se confondait et les Défunts venaient nous soutenir pendant que le Soleil disparaissait dans le Ciel. Et pour finir, au plus noir de la Nuit et de la Forêt, la Chasse Sacrée, la Mesnie Hellequin poursuivait le Grand Cornu, Notre Cerf légendaire, qui, par sa mise à mort, nous rendra le Printemps.

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  4. @Copine Débile, oui, ce poème-là est aussi poignant, aussi juste et aussi incroyablement triste. Je me le réserve pour un jour de spleen intense :)
    @Anonyme, ce soir, on dirait bien que c'est toi, le poète. C'est le genre d'histoire immuable peuplée de noms redoutables qui me transporte. Encore!!!

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  5. Sa virilité revenant à triple galop, le Grand Cornu que vous connaissez tous sous le non de Cernunos, notre Dieu-Cerf, perd ses bois en février. Malheur à celui qui les conserve, il est devenu escouillonné ! C'est le cocu de nos histoires gauloises, celui qui porte les cornes bien haut et qui ne passe plus les portes qu'en se cognant, celui que les biches abandonnent à son triste sort de châtré pour de fougueux mâles à la ramure prochaine.

    Alors les jeunes de la communauté, sentant l'odeur sanglante de l'hallali, lancent la Chasse au cocu, le charivari médiéval, où résonne encorele "ker bar" celtique, "la tête lourde", jusqu'à la mise à mort et le dépeçage de l'inutile qui ne sert plus rien à la Communauté.

    De sa virilité triomphante, Cernunos voit ses glandes du cou gonfler puis éclater à l'apparition de ses nouveaux bois. C'est notre Dieu thaumaturge, et le Grand Veneur de la Folle Chasse, entouré de ses chiens, de ses chevaux écumants et de ses piqueurs enragés, aura lui seul le privilège de planter sa dague dans le cou du Dieu de la Forêt et de se repaître des glandes sacrées. Alors le don sera transmis par Cernunos à nos Rois de France, faisant d'eux les seuls Souverains d'Europe capables d'apposer les mains et de guérir les écrouelles !

    Mais à quoi bon toutes ces vieilles histoires, nous n'avons plus de pays, puisque nous n'avons plus de Roi et nous avons oublié le Grand Cornu de la Forêt de nos druides.

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  6. très joli poème et très bien illustré ;)

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  7. Joli poème. Très exotique.
    Après deux jours gris et nuageux, ciel plombé puis orage, le soleil réchauffe mon vallon à peine roussi ... Ici, l'automne peine à s'imposer. Les oliviers, les pins maritimes, les cyprès , mon mimosa, mon citronnier, mes yuccas résistent fièrement.. et même les chênes du bois en face ont gardé leur vert soutenu. Les trembles , les acacias, les sureaux, au-dessus de ma maison aussi.
    Nissa la bella...

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  8. @ThierryRégis, merci. :)
    @Sorcière, je découvre qu'à Nice aussi, il y a donc un hiver. Mais sans doute pas le même qu'ici. Quelle chance tu as de vivre dans un environnement pareil!
    @Anonyme, c'est parti pour l'épopée. J'allume le feu, j'éteins tout le reste et j'écoute......

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  9. Dans une grande plaine où se confondent Seine et prairies humides s'élève une sépulture sacrée des aïeux autour de laquelle se réunissent druides et guerriers quand la guerre l'exige et sur laquelle les cerfs viennent paître. On dit que c'est là que les Carnutes (ceux qui sont dévoués à Carn ou Cernunnos)prirent les armes de la révolte contre César, c'est là qu'un homme fut désigné sous le nom de Vercingétorix (le grand roi des guerriers. Car c'est là aussi dans le tumulus que sont entreposées les extrémités des armes triparties, les oriflammes, que l'on replante sur leurs hampes lorsque la guerre hurle aux portes de la Gaule. Avides d'intégration et prudents, les Francs dont le rusé Clovis préservent le lieu et ses armes et le nomment "mundgawi" Protège-Pays en germanique ou Montjoie en français. Le lieu est redoutable pour les Chrétiens et plein de mauvaiseté. Que faire d'autre que d'y bâtir une cathédrale et d'y entreposer les restes d'un saint. Les extrémités des pointes triparties sont perdues et le tumulus arasé, mais pas dans l'esprit du peuple fidèle à son vrai Roi et ses représentants ; les armes reparaissent sur les manteaux de nos Rois de France sous le nom poétique de "Fleurs de Lys" et nos Rois en reconnaissance à Cernunnos sont les seuls à avoir le droit de chasser le cerf et d'enterrer leurs familles au lieu dit du Champ Lendit (l'indire latin ou endroit de convocation des druides selon César)sous la protection des anciennes armes, lieu que l'on connait aussi sous le nom de Basilique Saint-Denis.

    "Montjoie, Saint-Denis !" sera le cri de guerre d'une certaine Pucelle de France qui portait "Fleurs de Lys" en son manteau et sur sa selle et qui boutera l'Anglois hors de France!

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