dimanche 30 octobre 2011

Homo erectus is not dead

Il n'aura échappé à personne que je vis en ville. En banlieue. Plus exactement en Seine-Saint-Denis.
Un coin où il ne fait pas bon être un arbre errant ou un bosquet sauvage. Ni un piéton ou un cycliste.

On s'habitue.
On s'anesthésie à la vue de l'asphalte, des murs, des chantiers et surtout, des voitures.

Moi-même, je suis un salaud de pollueur (une salope de pollueuse, sauf votre respect, ça fait vulgaire. je m'abstiens) qui prend sa bagnole au lieu de sa taper la côte de Clichy à vélo. Fut un temps, j'ai ferraillé avec les élus pour tenter de ralentir les élans des champions de course qui dévalaient ma rue à fond de train. J'avais aussi fait savoir qu'abattre tous les arbres de la ville n'était pas forcément une bonne idée.  Depuis, des tronçonneurs sont venu démollir l'unique arbre de la rue et les champions du volant nous régalent chaque jour de leurs exploits.
De plus, j'ai beaucoup appris sur la mentalité très particulière des grenouilles de mairie.

L'apathie, la sagesse m'a gagnée. J'ai cessé de ferrailler, me contentant de peu: le passage d'un vol de canards dans le ciel d'automne, le passage furtif et ondulant d'un fouine à 2h du matin dans la rue déserte, le trottinage pressé d'un hérisson ou le chant entêtant des mésanges amoureuses, en avril. Bien regarder partout avant de traverser comme si des espions bulgares me traquaient et n'utiliser mon vélo qu'à condition de tenir une forme de naturiste (ce qui ne veut pas dire que je mène mon vélo en tenue impudique).

Pour un peu, mon esprit évinçait la ville: je finissais par ne plus la voir.

Hier, brutalement, elle a ressurgi dans toute sa violence.
J'étais en voiture, comme souvent, avachie à un feu rouge, première de la file. Un conducteur pressé est arrivé en face, a dépassé tous ceux qui, comme moi, attendaient paisiblement le moment d'avancer. Le pneu crissant, l'oeil noir, il était prêt à tout, même à me rentrer dedans. Il s'en est fallu de peu. Il m'a frôlée et c'est là que j'ai aperçu son regard fixe d'augmenteur de statistiques.

Alors, je me suis demandé ce que je faisais là, dans ma boîte en ferraille, au lieu de marcher à pied.
Le type qui a failli m'envoyer dans le décor, il est finalement assez typique.

HOMO ERECTUS IS NOT DEAD!



Sont-ce la bagnole ou la ville qui nous désincarnent à ce point et nous renvoient au stade de primate?
J'ai vu de mes yeux vu des gens délicieux se laisser aller à des excès ahurissants, comme s'ils se sentaient complètement invincibles dans leur utérus pétaradant. Homo erectus. Un déferlement d'agressivité impressionnant. Homo erectus encore.
Des instincts de mort comme les jeune cinglé qui a voulu ma peau. Homo erectus maximus.

Je m'en vais réfléchir très sérieusement à tout ça, histoire de ne pas tourner à Homa erecta trop vite.
En attendant la pénurie de pétrole généralisée, l'avenir est peut-être dans cette trouvaille d'avenir: l'insulte numérique à l'arrière de sa bagnole, qui nous fera rire au lieu de nous pousser à la guerre.

A moins qu'il ne faille purement et simplement renoncer à l'automobile et par la même occasion, aux supermarchés hideux et chers, aux déplacements incessants qui nous rongent nos journées, à la vie à expédiée à la vitesse de l'éclair au lieu d'être savourée, au risque permanent de finir en bouillie à cause d'un amateur de conduite sportive, au ...... redevenons homo habilis et sapiens.  Rêvons mes frères.

D'ailleurs c'est dimanche
et on change d'heure.

14 commentaires:

  1. Nous avons réglé vite fait le problème, plus de voiture et nous allons partout à pieds, même loin , on prends notre temps qui dans le fond, à notre âge, nous est compté, donc on peut le dépenser tranquillement !! et on redécouvre la ville, les arbres, les oiseaux et on voit de loin les homoerectus qui sont sur une autre planète.....mais je suis bien consciente que c'est un grand luxe de pouvoir le faire !!

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  2. La bagnole est à l'homme ce que Goldorak est à Acturus : la manifestation de ses superpouvoirs, d'un égo invincible qui se surdimensionne à volonté...le panard.

    Le cycliste est un provocateur blasphématoire de la route, le pieton un obstacle aléatoire qui heurte les précieuses roues et se paie le culot de salir le pare-brise avec des bouts de barbac.

    Quant au reste au ras de sol, gosses, petits animaux et autres inmportuns comme personnes déjà bléssés sur le sol, ils sont indolores, à peine une secousse, il parait...se méfier du sanglier qui blessé peut faire demi-tour et retourner le précieux tacot...mauvais joueur.

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  4. Oui... j'ai supprimé quelques lignes , qui exprimaient ma haine des transport en commun.

    La marche à pieds, sous notre ciel clément ,ça peut aller.

    Une ville sans arbres, quelle tristesse.

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  5. PS homo sapiens d'accord, mais homo sapiens neandertalensis.

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  6. Le transport en commun permet de humer l'humain. On y ressent les agitations lunaires, les flambées martiennes et des clins d'oeil vénusienns. Une pointe de jovialité jupitérienne et beaucoup de résignation saturnienne à moins que cela ne soit une rêverie toute neptunienne. Mais qu'arrive un incident indépendant de la volonté dont on ne sait qui et voilà la révolte des sans-culottes uranienne qui s'emballe, on sort la guillotine plutonienne, ça va barder, mais las ! un train arrive et voilà la masse écumante qui se rue sur les portes à peine ouvertes, comme ce voleur de Mercure sur un étal de fruits et envoie valdinguer tous les signes aux quatre coins du zodiaque.

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  7. @Anonyme,
    La jupitéro-marsienne que je suis, ne supporte pas la promiscuité... En outre, mon Saturne (en conjonction avec le soleil et l'ascendant) n'invite pas nécessairement à la résignation, c'est aussi un calculateur froid, et cruel... J'ai des bouffées de haine et la tentation de voter Marine, à chacun de mes voyages en tram. Et Io parlait de la régression des automobilistes...

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  8. Saturne à l'ascendant en conjonction avec le soleil, ça veut dire que tu est un signe doublé genre Lion/Lion ou Bélier/Bélier avec Saturne en première maison ? Oh Bonne Mère ! Il va falloir retrailler ton ego envahissant ou faire une cure de désintoxication à Paris intra-muros ! Ou le plateau du Larzac !

    Dans les transports en commun, on y est sans cesse interpelés sur l'humain. Un jour, j'y ai rencontré un homme plutôt beau, genre beauté Sagittaire, le type racé et plutôt discret, pas Mr Rebanne. Evidemment vu le personnage, j'imaginais la femme genre Grâce Kelly, un couple aérien, la class quoi. Un jour, j'ai vu la femme avec le bonhomme : c'était la femme du beauf du Canard Enchaîné : une vraie rombière, mâchouillant de la mâchoire, mal aimable, le renvoyant chier d'une voix de radasse...ça m'a fait ruminer toute la journée, car j'y ai vu aussi une Grâce Kelly avec un mec genre Daniel Ceccaldi (tout aussi mal embouché). Conclusion 1° - les transports en commun sont une mine de renseignements - 2° je ne comprends rien aux couples.

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  9. @Boutfil, tout luxe s'arrache à la force du poignet! Moi je dis bravo. Bel esxemple d'homo sapiens sapiens dentellicus. :)
    @Sorcière et Anonyme, j'étais sûre que vous alliez vous trouver toutes les deux! Je lis vos échanges avec bonheur en voyant que mon blog sert aussi de terrain de rencontre. Allons-y pour neandertalensis, ça n'est que justice. Cet "homo" là m'avait tout l'air d'être plein de sagesse.

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  10. @ Anonyme: Non, un sagittaire ascendant scorpion, avec une conjonction saturne soleil en sagittaire mais dans l'orbe de l'ascendant fin scorpion... jupiter et mars en opposition, MC-FC.


    @Io, dans une autre vie, j'ai été passionnée d'astrologie... une autre de mes lubies.

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  11. @Sorcière : Et beh ! On ne me l'avait pas encore faite celle-là : Sagittaire ascendant Scorpion avec un Saturne. Il faudra que je vérifie mes fiches. Mais je n'ai pas encore un spécimen comme toi.

    Mais avec une arrière grand-mère qui tirait les cartes, étonne-toi d'avoir un scorpion un peu trop présent...un scorpion, ça farfouille là où les autres n'osent pas...

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  12. On voit même des fous qui roulent en vélo sur les trottoirs.
    Je crois que j'ai envie de campagne

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  13. Bonsoir David, merci de ta visite :)
    Des vélos sur les trottoirs, des rollers, des trottinettes, des bagnoles garées n'importe comment, des poubelles....on nage en pleine préhistoire. Grompf!

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  14. C'est bien la preuve que les gens ne savent plus s'ils sont mâle ou femelle.

    Ce soir, une pétasse m'a hurlé dessus parce que, arrivant face à moi en double file dans la ruelle de ma résidence, je ne lui cédais le passage alors que j'étais sur ma file. Du coup, j'ai fait homo sapiens automobilus : je lui ai lancé "Et connasse, t'as pas l'impression d'être pas à ta place"."

    Si cela avait été un mammouth, j'aurais cédé, mais là, faut pas charrier. Je prends ma voiture une fois par semaine...

    Pardon, Laure, j'ai pêché...

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