lundi 24 septembre 2012

Finlandais apocalyptiques

Apocalyptica!

Je suis un peu fiévreuse, en ce moment. Il me faut des berceuses pimentées, mais trop énervées non plus.
Ce groupe étonnant a su trouver le cocktail parfait: la douceur du violoncelle et la violence du Metal.
Tous sont des musiciens classiques, qui ont viré de bord.
Le résultat est terrible!

Sur ce, je vous souhaite bonne écoute et bonne nuit.


samedi 22 septembre 2012

Martine a grandi

Vous vous rappelez ces albums gnangnans, qui présentaient le quotidien d'une gamine proprette dont on voyait toujours la culotte?

Martine, qu'elle s'appelait. Martine fait ceci ou fait cela sans le moindre pet de travers, même les chiens avaient l'air niaiseux et avec ses histoires, les petits enfants étaient édifiés sur le vaste monde à la sauce fleurette.

L'époque des sautillements joyeux parmi les petits animaux charmants est passée. Martine a grandi et appris la vie. La vraie.
Je vous propose donc un inédit.


Martine défouraille.

vendredi 21 septembre 2012

Du bois pour l'hiver

Mon cerisier est gigantesque. 


Année après année, il grignote tous les morceaux de soleil qui passent et mon jardin s'étiole. Ses racines envoient de rejets un peu partout: je suis obligée de scruter ce qui sort de terre pour ne pas me retrouver un beau matin envahie de rejetons sauvagement enracinés.

Il n'a même pas été capable cette année de m'offrir une récolte correcte. Certains mécontents de mes amis sont allés jusqu'à prétendre que les cerises étaient pourries.
C'en était trop.
Le bougre devenait insolent.

J'ai donc décidé de sévir.

Voilà quelques jours, j'ai scié deux branches. Elles se sont laissées faire sans trop râler. J'ai tout de même mis deux bonnes heures à tronçonner tout ce fouillis.


Le grand feignant de chat, lui, m'observait nonchalamment, visiblement pas concerné du tout par cette agitation.


Résultat: une suée, quelques fatigues et un bon stère de bois.


Le cerisier s'est vengé.
Le temps a viré frisquet, j'ai attrapé froid et aujourd'hui, il pleut des cordes.
Mais il ne perd rien pour attendre. La grosse branche qui surplombe toute ma façade, je l'aurai. A elle toute seule, elle me fera bien deux stères.
Vais lui apprendre à vivre, à ce Tartarin feuillu.

mercredi 19 septembre 2012

On croit rêver

Il existe en Europe une tradition de la dérision, de la liberté de penser et de s'exprimer qui n'a pas l'heur de plaire aux ressortissants de certaines minorités.
On caricature, on crache et on dégoise à tout va depuis des lustres sur tout et rien. C'est de mauvais goût souvent, bien envoyé parfois, et alors? C'est notre droit de déconner, non?
Loin de déplorer la vague pisse-froid, certains de nos officiels l'encourage en appelant à " ne pas discriminer", à ne pas "provoquer" et autres mots d'ordre qui reviennent ni plus ni moins à baisser la garde devant un obscurantisme insupportable.
Cette veulerie va si loin, que c'est à se demander où est la part d'opportunisme et celle de bons sentiments nauséabonds.

Début juin 2012, Courrier International, dans son numéro 1126 rapportait qu'Amnesty International dénonçait la discrimination à l'encontre des Musulmans perpétrée dans des pays comme la France, la Belgique, l'Espagne, les Pays-Bas ou la Suisse. Le voile est présenté comme un vêtement traditionnel qu'il est intolérable d'interdire, la construction de minarets comme un droit et le taux de chômage des Musulmans est présenté comme un avant-goût d'apartheid.
J'avoue avoir du mal à comprendre comment on peut être aussi aveugle, aussi empressé à se fourrer la tête dans le sable.
L'islam ne fait pas la part des choses entre politique et religion et tout naturellement, les musulmans ont tendance à adapter ce mode de pensée aux pays qui les accueillent. C'est d'autant plus frappant qu'en général, les gens qui émigrent ne sont pas les plus éduqués.  C'est ainsi, admettons. Mais on en rajoute encore une couche en les présentant comme des victimes d'un ostracisme fascisant.

Qu'on nous foute la paix!

Que chacun fasse ce que bon lui semble avec sa religion chez soi. Mais à partir du moment où on nous en impose une de manière aussi sournoise et sirupeuse, en nous faisant croire qu'on est coupable d'être incommodé, alors c'est détestable. Surtout quand on sait à quel point les moins fins de cette communauté ont l'invective facile. Combien de fois ne les ai-je entendu, à bout d'argument, cracher du "racisme" à la figure des gens qui leur refusaient un passe-droit? Du "sale Blanc" ou d'autres vilains mots, des coups de poings incidieux dans les transports ou des sifflements d'hostilité à l'encontre d'un jeune fille non voilée, autant de violences dont Amnesty ne parle jamais.

Notre pays est laïque.
On aime ou on n'aime pas.
Si on n'aime pas, personne ne retient personne. Seulement nos politiques ne veulent pas admettre que cette manie de la tolérance outrancière à tout et n'importe quoi, assis qu'ils ont été sur nos principes de laïcité, a mené à une situation dangereuse. On comprend bien qu'ils n'aient pas envie de voir des furieux descendre dans les rues.

Mais au moins pourraient-ils avoir la décence de ne pas culpabiliser ceux qui ne demandent rien d'autre qu'un peu de neutralité.







mercredi 12 septembre 2012

Au revoir les suceurs de sang

Je vis environnée de vampires.
L'hiver, ils dorment, engourdis qu'ils sont, tapis dans leurs logis obscurs.
Mais aux beaux jours, ils émergent et là, c'est table ouverte.
Mon sang doit être le Clos Vougeot du genre, parce que ça ne rate jamais. J'ai toujours le sentiment que si un vampire patrouille le secteur, il est pour moi.


Quand automne arrive, un soulagement sourd me sussure  qu'enfin, le temps est venu de plus partager malgré moi ma précieuse hémoglobine.
Nous y voilà enfin.

Ça a commencé au printemps, comme d'habitude. Une nuit de bon sommeil, la musique des vampires volants me zinzinule aux oreilles. Plus moyen de dormir: il faut savater l'intrus. L'intruse plutôt, car Dracula est une dame: saigner les honnêtes gens lui permet de faire ses enfants. Drôle de moeurs...
Cet exercice est toujours pénible: tuer ou subir cette musiquette insupportable, promesse d'un festin de sang et de jolies plaques qui démangent, au réveil.
Je tue sans pitié.
A coup de semelle.
Tant pis pour ma nuit. Le temps que mes alertes intérieures s'apaisent, que je sois sûre qu'une autre suceuse ne viendra plus me saigner, il est l'heure d'aller travailler.

Toute la belle saison, nous nous pourchassons. Mais au fil du temps, les suçons sont moins rouges, le zinzinulement moins discordant. On s'habitue.

Mais attention au vampire sauvage!
Celui-là n'est pas civilisé. Il ne fréquente pas les maisons. Il n'a pas de l'éducation. Impossible de s'habituer.
Il vit en forêt et sa goujaterie n'a d'égal que sa voracité.
Déjà, il vous fond dessus à tout moment. Même en plein midi.
Ensuite, il a de mauvaises manières. Il farfouine jusque sous les vêtements et pompe sans s'essuyer la trompe. Une fois l'affaire faite, il laisse sur la peau une intense démangeaison et un souvenir aussi boursouflé qu'un muffin. Un rustaud.


J'ai ouïe dire qu'un cousin exotique encore plus mal embouché venait parfois en visite pour ses vacances. Le tonton Cristobal des vampires ailés est parfois repéré du côté des pistes de Roissy, jusqu'à Villeparisis. Celui-là prend l'avion et une fois arrivé, il fait comme les autres. En prime, il laisse un cadeau au nom joli: la malaria. Malheur à qui le rencontre; il a déjà fait quelques victimes dans le secteur immédiat de l'aéroport.

Je ne l'ai jamais rencontré, celui-là. Mais une année, des feuilles pourrissaient dans ma brouette et l'eau qui suintait de ce tas puant attirait des moustiques étranges. Des étrangers, encore. Un soir, ça n'a pas raté: j'ai surpris l'un d'eux occupé à me sucer le mollet, parce que j'ai senti une vraie piqûre.
Elle a tellement gonflé que j'ai dû voir un médecin, lequel a diagnostiqué une piqûre d'araignée. J'ai eu beau lui répéter que j'avais vu de mes yeux vu le vampire habituel me pomper le sang, il n'a rien voulu savoir.

Ce moustique-là restera un mystère.




vendredi 7 septembre 2012

Rentrée 2012, premier cru classé hors concours.

Pendant que notre ministre très respecté réfléchit à la prochaine mise en place d'une "morale laïque" dans nos écoles, nous rentrons.
Dès vendredi dernier 31 août. Un jour en avance sur le calendrier normal, car depuis des années, au nom de notre engagement pour notre mission sacrée, nos inspecteurs en décident ainsi sans qu'on nous paye un centime.


Notre école est ancienne. Un nouveau bâtiment biscornu a complété l'ancien, lui-même aménagé de bric et de broc. Quatre salles de classe à l'origine, douze aujourd'hui.
L'une est perchée tout en haut d'une sorte de donjon, toute seule.
Trois autres à l'étage ne peuvent accueillir que dix-neuf élèves en même temps, à cause du seul et unique escalier qui y mène. Raisons de sécurité.

Depuis que les maîtres ont le privilège de devoir passer deux années de plus à l'université, pour cause de master, ils débarquent dans l'arène devant les élèves directement.
En haut lieu, on a tout de même considéré que le procédé était un peu risqué, d'où quelques timides garde-fous: pas de CP, ni de CM2, ni de double niveau, ni d'aménagement dans une classe isolée pour les nouveaux profs.
Quand bien même on leur refilait froidement, il y a peu, des morceaux de classes dispersés, composés de camaïeux de maternelle, de CM2 et de niveaux multiples à foison. "Ça sera formateur, Mademoiselle".



Notre école accumule les défis. Nous avons passé des heures de notre précieux temps offert, le 31 août, à tenter de résoudre ce casse-tête. Nos nerfs, on les a passés ensuite sur les kilos de livres à trimballer, comme les tables et les cartons. C'est le boulot de la mairie? Ah bon?

Voici les cartes de notre jeu:
- carte des recoins isolés (interdits aux nouveaux)
- carte des CP, CM2, doubles-niveaux (interdits aux nouveaux).
- carte des effectifs: les classes sont presque toutes chargées  bloc. Vingt-huit en CP, trente-deux en CM1, trente et un en CM2... (pas de classes trop chargées pour les nouveaux)
- carte de la possible ouverture de classe à laquelle le nombre d'élèves nous donne droit, en principe.
Cette situation était prévisible dès juin dernier.
- carte de la patience. Le 7 septembre: nous attendons toujours. Tout est provisoire car, si l'ouverture tant attendue est autorisée, alors il faudra réorganiser toutes les classes.
Les commandes de matériel sont en attente.
Le travail est en attente.
Tout est en attente.


Bien entendu, les réseaux d'aide ayant disparu, les enfants en difficulté (doux euphémisme pour quelques-uns) sont livrés tout crus aux classes de trente et plus. 
Les remplaçants sont en voie de disparition accélérée: interdiction de tomber malade. 


C'est un bordel insensé. Ça y est, j'ai craqué.

Je me reprends.

Je m'en vais préparer mes programmations évaluatives de morale laïque. Notre bon ministre a raison:
 "C'est un ensemble de valeurs que nous devons partager (...) la connaissance des règles de la société, du droit, du fonctionnement de la démocratie, mais aussi toutes les questions que l'on se pose sur le sens de l'existence humaine, sur le rapport à soi, aux autres, à ce qui fait une vie heureuse ou une vie bonne... La République doit enseigner sa vision de ce que sont les vertus et les vices, le bien et le mal, le juste et l'injuste."