lundi 27 février 2012

Coiffure d'hiver, coupe de printemps

Bientôt mars, il est grand temps de bichonner le jardin.
D'abord, je suis en retard: j'aurais dû le chatouiller voilà déjà quinze jours-trois semaines. Seulement c'est le moment qu'a choisi la Sibérie pour nous rappeler à son bon souvenir: tout s'est figé ans la glace. Quand c'est comme ça, le sol se transforme en béton et essayez toujours d'y planter ne serait-ce qu'un couteau. Bernique!
Qui plus est, même bien équipée, je n'avais pas trop envie de jouer les forçats du Goulag en m'échinant dehors par des températures pareilles.

Ensuite, le jardin, j'avoue la honte au front que depuis deux hivers au moins, je le délaisse. Il est bon zig et il n'en a pas trop profité pour faire le fou. Pas d'invasion d'orties, pas de chardons partout dans la pelouse  la végétation verte et rase.
Il a pas trop râlé, mais là, je sentais bien qu'il allait me le faire payer si je lui faisais pas son petit soin d'hiver.
Déjà l'an dernier, il a boudé et m'a donné moins de fruits que d'habitude.
Et puis il a laissé des rejets de cerisiers envahir les recoins.
Les rosiers étaient rabougris.

En clair, il commençait m'en vouloir.
Peut-être même à dépérir.

Là, j'ai pris les choses en main, comme au bon vieux temps.

L'urgence, c'était de mettre de l'engrais au pied des fruitiers et des rosiers, pour qu'ils reprennent des couleurs.
Vacherie! Ça fait bien plus de deux ans, parce qu'avant, j'avais une réserve de sacs de fumier de cheval et ça fait belle lurette qu'elle est épuisée... Bon.
Donc, plus de fumier. Dommage. C'est le top du nec plus ultra le fumier de cheval. Les jardins adorent ça.  Ils deviennent tout fous quand on leur en donne et se mettent à faire plein de fruits et plein de fleurs magnifiques.

Heureusement, j'avais une solution de secours: le compost. Oui, la terre noire et très riche que des armées de vers de terre très sympas fabriquent avec les épluchures et les fruits pourris qu'on veut bien leur donner.
C'est gratuit, ça sent bon et je me suis laissé dire que les jardins ne crachaient pas dessus non plus.
Ça tombait bien, mon tas de compost menaçait de devenir envahissant: du 5 ans d'âge au moins. Super choix.
Quand j'ai attaqué le tas par la face sud. Rude boulot.
J'ai dû remplir trois brouettes à ras bord pour le satisfaire.
Goulu!

En creusant dans le tas, j'ai enfin compris pourquoi mon jardin était envahi, le printemps venu, de gros cétoines dorés friands de pétales de roses.
Mon compost est un dortoir pour bébés cétoines.

Bébés
Adulte



          J'en ai dérangé plein.











J'ai répandu mon or noir un peu partout là où il fallait.
Ensuite, les bras engourdis de futures courbatures, j'ai entrepris d'inspecter les détails: mine de rien, le gel tardif a fait des dégâts.
Là, rien de bien méchant. Les feuilles ont brûlé, mais elles repoussent déjà.


Là, par contre, c'est l'hécatombe. Tout un naissain d'araignées nées trop tôt. Tout est mort. Paix à leur âme d'araignée. J'aime bien les araignées.

                                 Les petits points jaunes, ce sont de minuscules araignées, passées de vie à trépas.


Et puis mon azalée rouge, qui avait imprudemment commencé à fleurir avant les frimas, elle s'est racornie comme une vieille semelle.
Seul moyen de la sauver: tailler dur. La pitié est mortelle. 
                                                                          Avant

                                                                        Après


Le froid commençait à descendre, j'ai entrepris de tailler mes rosiers et de dresser un peu les grimpants devenus trop indépendants. C'est qui le chef ici, hein?
C'est ainsi qu'on se réchauffe chez moi. Equilibre branlant sur un escabeau, la main gauche qui tâche d'attraper la branche de rosiers coupable, de la maintenir fermement, tandis que la droite  la ligote comme il faut, à sa place. Ça va lentement. Grosse concentration sur l'équilibre, les épines, les traîtrises de la branche qui ne demande qu'à repartir brutalement dans sa position première. Le chat qui veut escalader l'escabeau aussi..
Pas simple d'être le boss du jardin.

Plutôt contente de moi, assez moulue, j'entreprends de ranger tout avant le gros morceau de la prochaine fois: la taille des arbustes du fond du jardin. Là, c'est un boulot d'homme. J'ai intérêt à faire des pompes, quand les courbatures annoncées auront lâché prise.

Et clac!
Le tuyau d'arrosage, branché au robinet du dessous de l'escalier, a fait un bond. Il s'est purement et simplement détaché. Là-dessous, évidemment, ça fuit. Sinon, c'est pas drôle. Alors j'ai rafistolé très mal, en attendant qu'un(e) spécialiste vienne m'expliquer comment on rebranche tout ce bazar.

J'ai compris le message.
Le jardin a bien aimé le compost,


                       le coiffage,
 le gratouillage...
                                                                  Il en redemande. 

Le coup du tuyau, c'est pour être sûr que je vais revenir.








dimanche 26 février 2012

Et si on se noyait?


Non, pas pour de bon. Les temps sont durs, c'est vrai. Mais pas au point de nous jeter tous ensemble dans le canal.

Ce soir, mes souvenirs et mes émotions me ramènent loin en arrière. Au pays des musiques de la Renaissance, si belles.

Les deux premières sont telles qu'on aurait pu les entendre au XVIème siècle.
La troisième est une très belle danse réinterpretée à l'orgue: résultat, des frissons partout.
La quatrième, je ne suis pas bien sûre qu'elle soit de la Renaissance. Elle pourrait, mais elle n'a pas d'âge. C'est une vieille chanson bretonne que tout le monde connaît, tellement bien chantée ici...

Fermons les yeux et noyons-nous.




vendredi 24 février 2012

Un tour chez les Grecs



Acte 1 scène 1
Il y a quelques années, tout juste vingt ans, une guerre éclatait chez nos voisins. La Yougoslavie a volé en éclats sous nos yeux.
Nous avons contemplé ce délitage macabre à l'abri et bien contents d'être du bon côté. Rassurés par la version simplifiée dont la télé voulait bien nous abreuver, nous l'avons bue jusqu'à plus soif.
A se demander si nous n'étions pas en manque d'exécutions publiques, pour contempler avec autant de gourmandise ce malheur si proche.
Quand la guerre a cessé, nous avons tranquillement cessé de frissonner, BHL s'en est retourné jouir de son mariage tout neuf à Saint Paul de Vence et le train-train des certitudes a repris son cours.
Ce qui fut la Yougoslavie a continué doucement à suppurer dans l'indifférence générale. Le spectacle était fini.

Acte 1 scène 2, 3, 4...
Piratages grandioses au large de la Somalie, émeutes de la faim un peu partout où manger ne va pas de soi, crises de violences ahurissantes dans des pays autrefois pacifiques, au Mexique, par exemple ...
Loin tout ça.
Très loin.
Distrayant au moment des infos de 20h, pour accompagner le dîner. Théâtre d'ombres.
Digestion endormie.

Acte 2 scène 1
Voilà que ça recommence près de chez nous. Encore les Balkans. Décidément, ils sont bien remuants ces gens-là.
C'est la Grèce qui fait des siennes, cette fois.
Endettés qu'ils sont. En même temps ma bonne dame, c'est un peu normal. Pensez donc. Ces gens-là sont feignants comme des couleuvres, à dormir tout l'après-midi, pendant que les honnêtes gens travaillent. Et puis permettez-moi de rire. A part l'huile d'olive et le sirtaki, ils n'ont pas grand-chose à vendre. C'est vrai pourtant que les plages sont jolies....


Et les médias en rajoutent une couche en nous expliquant que l'Allemagne qui est bien bonne en a assez de renflouer ce pays de jouisseurs. Ben oui quoi! On la comprend, l'Allemagne! Des gens sérieux, les Allemands, bosseurs, disciplinés, tout.
Bonne commerçante aussi, l'Allemagne: pensez donc, elle vend en 2010 pour 403 millions d'euros d'armes. 223 obusiers et un sous-marin, exactement. Pourtant, la Grèce était déjà endettée jusqu'à l'os à cette époque. Alors?
Aïe, premier grincement.
Si seulement c'était le dernier...

Il se trouve que j'ai des amis très chers en Grèce. Des gens qui ont toujours travaillé dur. Ils payent leurs impôts comme vous et moi.
Ces amis, médecins tous les deux, exerçaient à Londres. Ils ont fait le choix de retourner en Grèce il y a quelques années, parce qu'à Londres, ils ne se sentaient pas chez eux. Je suis allée les voir il y a deux ans. Ils étaient heureux d'être revenus au pays. Déjà, on parlait des grèves et de la pénurie de carburant, mais leur région, l'Epire, n'avait pas été touchée.
Moi, comme à chaque fois, je me laissais porter par leur qualité de vie. Pas de trépidance, pas de RER à affronter tous les matins, salutations dans la rue, réunions d'amis le soir à la fraîche, chant des cloches.



Je notais bien quelques bémols qui couinaient discrètement: beaucoup de grosses voitures, toutes achetées à crédit. Beaucoup de belles maisons toutes neuves. Crédit encore. Je ne me suis pas attardée. C'était leurs affaires.

Hier, mon amie qui ne se plaint jamais m'a écrit. Voilà textuellement ce qu'elle me dit:

"  ...Les magasins ferment les uns après les autres , le chômage est à 22% ( 1.000.000 !!!). Les gens ont commencé a avoir faim, ils ont coupé le chauffage (en Epire, il fait aussi froid que dans l'Est de la France, l'hiver). Je ne vois aucun de ceux qui nous gouvernent prendre leurs responsabilités.








Je t' ai dit que nous n'avons plus de salaire et que nous avons des impôts  affreux à payer? Et malheureusement la vie quotidienne n' a pas baissé du tout.
C'est difficile pour une grande partie de Grecs.  On va voir.  On se trouve dans le centre du cyclone. Où il va nous amener, on va le voir bientôt."
.......

  Voilà plus de 2000 ans, ça n'allait pas non plus. Les gens se trouvaient réduits en esclavage pour dettes. Les Grecs plus aisés et instruits dénonçaient le monopole des nobles sur le pouvoir. Troublant, non?
En réaction à cela naquit la démocratie. 

Attendons la scène 3.













lundi 20 février 2012

Contemplation

Sarkozy fustige les feignants de chômeurs et les salauds de pauvres.
Hollande promet monts et merveilles.
La Grèce crève.

Et moi et moi et moi?
Je contemple le monde, par la fenêtre de la chambre.





Les hommes sont fous.


vendredi 17 février 2012

Brocante aux fromages

Bilan de ce soir: un vieux camembert un peu mou, un reste de Beaufort râpé qui se desséchait au fond du frigo, deux carrés de Kiri qui faisaient la tête au large dans leur boîte.

J'aime pas gâcher.

Alors j'ai empoigné beurre, farine, crème...
Ça donne ça:




A table!

jeudi 16 février 2012

Jeu des onze

Solveig m'a envoyé un jeu-chaîne.
Il faut dire 11 choses sur soi.
Il faut répondre à 11 questions (indiscrètes, héhé!)
Il faut formuler 11 autres questions qu'on envoie à 11 autres blogueurs.
Rigolo.
Mais quel boulot!

Alors:
11 choses sur moi:
1/ Je suis une gamine prolongée. Même pas honte!
2/ Copine des bébêtes. Toutes les bébêtes. Surtout mes chats.
3/ Une probable vie antérieure quelque part entre la Russie et la Turquie.
4/ Le plaisir d'une tasse de thé prise en rêvassant devant mon jardin, dans le chant des oiseaux.
5/ J'aime danser dans les fêtes traditionnelles et ailleurs.
6/ J'aime écouter toutes sortes de musiques. Un faible spécial pour la musique de la Renaissance, le klezmer, les chantes slaves, Vivaldi...olala! J'arrive pas à me limiter!
7/ Je déteste pas l'autodérision.
8/ Ma poignée d'amis m'est indispensable. Mais j'ai besoin d'être seule aussi de temps à autre.
9/ Je ne résiste pas à l'appel d'un bon plat, ni à celui d'un bon parfum.
10/ Marcher dans la ville ou dans la nature, le nez au vent, c'est le bonheur.
11/ J'aimerais apprendre à parler vraiment bien une langue étrangère. Les langues me fascinent.

Les questions de Solveig:
1-Une ville, un village, où vous êtes bien.
J'aime bien Ioannina, Epire (nord de la Grèce). Une ville nichée au bord d'un grand lac, le tout entouré de montagnes.
2 - Le paysage inoubliable pour vous.
La Maurienne en été ou les chutes d'eaux islandaises monumentales.
3 - Un événement, même minuscule, qui vous a marqué.
Le moment où j'ai pris conscience que mes parents vieillissaient.
4 - Une cicatrice, sur le corps ou au coeur, qui fait partie de vous. 
Pas facile ça... Je vais me réfugier dans la facilité: ma marque de naissance, dans le dos. La peau y est un peu boursouflée comme si j'avais été brûlée. Mon père avait la même. Mes filles ne l'ont pas.5 - Ce pour quoi vous pourriez "tuer" (éventuellement !)
Pour venger mes gosses si on les abîmait.   
6 - Un fait qui a décidé de votre vie. 
Ralala! C'est pas facile décidément. Ça se joue en ce moment, je crois. Je suis en plein divorce...7 - Aimeriez-vous être un homme (une femme) ?
Pour un temps limité, oui.  
8 - Si oui, pourquoi ?
Pour voir comment va le monde dans un autre sexe et aussi pour voir quelles émotions ressent un corps d'homme.    
9 - La parole à vous dire pour vous faire chavirer.
Euuuh....ce sont surtout les regards qui me font chavirer.
10 - Un prof qui vous a donné confiance en vous.
Mon prof de philo. Monsieur Drapron. Il était ouvert, amical, compétent et humain.
11 - Ce tag vous a-t-il profondément ennuyé ???.
Pas du tout! Mais certaines questions m'ont donné du fil à retordre :)

Mes 11 questions:
1/ Pourquoi t'es-tu lancé(e) dans l'aventure "blog"?
2/ Quel est ton souvenir d'avant tes 15 ans le plus marquant?
3/ Où aimerais-tu vivre?
4/ Si tu pouvais remonter dans le temps, quelle époque choisirais-tu?
5/ Par quoi commences-tu tes journées, le plus souvent?
6/ Qu'aimes-tu chez toi? (physique, caractère, autre)
7/ As-tu un regret? Si oui, lequel?
8/ Si une bonne fée se présentait à toi, quel souhait lui ferais-tu?
9/ Que fais-tu lorsque tu as besoin de te détendre?
10/ Quel est l'objet auquel tu tiens le plus?
11/ Une oeuvre (musicale, littéraire...) qui t'a marqué(e)?

Mes 11 blogs amis:
Les petits papiers de Nadezda - Le Blog d'une Copine Débile -  Un râleur de plus - Chat de Nuit - L'incroyable doit passer par l'écriture - Boutfil - Corto - El Camino - Le Bourdon Masqué - Le petit monde de Gildan. Monsieur Poireau
Bon courage les amis!
Et au plaisir de lire.



 - Vous devez publier les règles
2 - Chaque personne doit écrire 11 choses à propos d'elle
3 - Répondre aux 11 questions puis créer 11 nouvelles questions pour les personnes taguées
4 - Vous devez choisir 11 personnes et mettre un lien de leurs blogs sur votre post.
5 - Rendez-vous sur leurs blogs afin de leur dire qu'ils ou elles ont été tagué(e)s
6 - Ne faites aucun tag sans les prévenir
7 - Vous devez obligatoirement taguer 11 personnes.

Baptême au KdB

Hier soir, j'ai pris mon courage à deux mains.
J'ai sauté dans ma voiture à l'heure où on met trois heures à faire vingt kilomètres, pour aller au Kremlin Bicêtre voir un peu à quoi ressemblait la bande à Nicolas. 

Le coin est à l'opposé de chez moi et j'ai pas de GPS. C'est dire si la curiosité me dévorait..

Voilà un moment que je les scrute derrière l'écran et j'en ai eu marre de pas les voir sous le nez. Après tout, je risquais quoi? Ils allaient pas me balancer des pierres, tout de même. Bon.

De fait, j'ai été accueillie par une bande de mecs sympas.
Sympas et tolérants d'ailleurs, parce qu'un petit plaisantin (suivez mon regard) avait mis tout le monde au parfum en m'annonçant comme une vieille réac.
Bien évidemment, c'est une vile calomnie.
La politique m'emmerde.

On a bu, rigolé et mangé. La serveuse régnait d'une main accorte et ferme sur tout ce monde-là. Même les grandes goules filaient doux.

J'ai bien aimé les gens, l'endroit et l'accueil.
Je remercie Gildan pour la photo qui révèle si bien l'essence du lieu.


                                                        Je crois que j'y retournerai.



mardi 14 février 2012

Fais-moi mal

J'apprends que Serge Letchimy n'a pas été sanctionné. Vous savez, le gars qui dégaine du nazisme pour dénoncer les propos de Guéant au sujet des civilisations qui ne se valent pas toutes. 
En sortant "blanchi" du bureau de l'Assemblée Nationale, il a même dit: 
«Cela montre bien que nous restons dans un pays de liberté et de respect de la démocratie".

Allez-y les gars, insinuez sournoisement qu'Untel fricote avec Mein Kampf et on va voir ce qu'elle dit, la démocratie. Hardi petit!

Je ne m'étendrais pas sur la consternation que tout cela m'inspire. On survole péniblement le niveau d'une cour de récréation d'un quartier mal famé.
En revanche, qu'une telle débauche d'ordures soit possible sans aucune sanction attise ma curiosité.
Suffit-il que le personnage différemment coloré pour qu'on lui laisse le droit de vomir des insanités? Parce que là, avec le nazisme en médaille, on monte en puissance. L' étiquette de "descendant d'esclave" lui donnerait tous les droits?
Si ça c'est pas du racisme....

D'où vient donc ce goût étrange de notre beau pays pour l'auto flagellation? 
Le refrain sur notre passé de supposés colonisateurs sans foi ni loi, d'esclavagistes ou d'exploiteurs tous azimuts ne cesse d'aller crescendo. Pourtant, le temps ne retropédale pas. Et je ne crois pas que la France se soit comportée plus mal que le Grand Turc ou les tribus guerrières qui peuplaient le Grand Erg oriental. Question de style. 

Pourtant, il a fallu trente ans pour que la responsabilité du FLN dans les atrocités de la guerre d'Algérie soit évoquée. Et encore aujourd'hui, il est de bon ton de présenter la France comme un pays de salauds qui aurait définitivement plongé l'Algérie dans la ruine.

On passe pour un bon zigue si on décrète une bonne fois pour toute que l'esclavage évoqué plus haut était l'apanage des Blancs. 
Bon
    
Mauvais
Très mauvais

Dans les bouquins d'histoire, on élude prudemment la responsabilité des chefs locaux ou celle des trafiquants arabes. Quant au trafic qui perdure au Soudan ou en Mauritanie, on lui jette un voile pudique. 
Il faut faire profil bas coûte que coûte. Les Blancs sont coupables. Un point c'est tout.

La France accueille plutôt généreusement les miséreux. Tellement  que ça en devient outrancier. Et il se trouve encore des associations ou de bonnes âmes pour juger qu'on les traite mal et qu'on n'en fait pas assez. 

Dans les quartiers sensibles, le racisme anti Blanc est devenu un fait banal. Personne n'en parle, sauf Tarik Yildiz. Normal, c'est le Blanc qui est raciste. Toujours.

Jusqu'où va-t-on pousser le ridicule? Et surtout pourquoi?
Pourquoi le pays vibre-t-il de ce sentiment de culpabilité envers l'étranger ou le Français exotique, alors qu'il se plie en douze pour accueillir, ne pas vexer, donner des sous, soigner? 

Je crois qu'à ce train-là, la France risque de basculer dans un racisme féroce. Tout le monde va stigmatiser tout le monde, la parole trop longtemps confinée à l'amitié entre les peuples nous sautera au museau comme une fouine affamée et les Noirs et les Blancs se foutront sur la gueule.

A ce moment-là, il sera temps de méditer sur les propos de Claude Guéant.







mercredi 8 février 2012

Poils turco-arméniens

Ça pleut en ce moment: "avis de grand froid sur votre bonne ville", "soldes spéciales froid", "froid par ci, froid par là".
Il a bon dos le froid. On cherche à nous fourguer les résidus de soldes sur son dos.
On se paye sa tête, au froid.

Je peux vous dire que les marchands du Temple, moi, ils me font doucement rigoler.

Je suis équipée.
Voyez plutôt.

Importation directe d'Erzurum, ma chèèère.


Ça sent déjà l'Asie Centrale frisquette. Pourtant, c'est possible que bientôt, on nous colle Erzurum en Europe. Bizarre? Pas du tout, puisque c'est en Turquie.


Au risque de fâcher, je précise même que c'est dans l'ancienne Arménie. vous savez, cette région que le gouvernement Jeune Turc a "nettoyé" de tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un Arménien, il y a longtemps. Et bien, on est en plein dedans.

Le secteur grouille de moutons bruns très laineux à grosse queue grasse. La queue, on vous la sert en morceaux fumants, si vous êtes l'invité d'honneur. C'est sûrement délicieux quand les loups hurlent de faim dans le blizzard, mais par les chaudes nuits d'été, c'est une épreuve.

Ma tenue extra grands froids spéciale Asie centrale est faite de cette laine-là. Bien râpeuse qui gratte et qui réchauffe direct.
Je l'ai achetée il y a longtemps dans une épicerie qui vendait de tout, même des peaux de loups et des colliers à clous pour les chiens qui chassent l'ours. Quand le marchand a compris que je cherchais ce qu'il y avait de plus grand pour mon papa qui avait de grosses mains, il s'en est allé extraire le nec plus ultra son arrière boutique. La transaction a eu lieu avec le respect qui s'impose pour une personne aux vastes mains.

Personne dans la famille n'a encore osé la porter, cette tenue. On se demande bien pourquoi.




lundi 6 février 2012

Inspiration & résistance


Oyez oyez, amis! Ce soir, c'est Charles d'Orléans qui régale.

Hiver, vous n'êtes qu'un vilain,
Été est plaisant et gentil,
En témoin de Mai et d'Avril
Qui l'accompagnent soir et main.
Été revêt champs, bois et fleurs,
De sa livrée de verdure
Et de maintes autres couleurs,
Par l’ordonnance de Nature.
Mais vous, Hiver, trop être plein
De neige, vent, pluie et grésil ;
On vous dût bannir en exil.
Sans [point] flatter, je parle plain, vous
Hiver, vous n'êtes qu'un vilain.
  

Et pendant qu'on chasse le phoque à ma porte....

Bord du canal de l'Ourcq hier

je m'en vais résister à l'hiver vilain par tous les moyens.

Antigel, hier aussi

vendredi 3 février 2012

❅ Froid ❅

 Il fait froid.
Tout le monde a l'air surpris.
Les gens préféraient la douceur pas franche qui s'installait dès janvier.
C'était pourtant inquiétant. Je nous voyais déjà tremblants de fièvres quartes, aux prises avec les anophèles, ou ramant vers un hypothétique Arche de Noé au-dessus des villes noyées.
Là, je dors tranquille.

Il fait 7 degrés dans ma chambre (je ne chauffe jamais ma chambre).

Mon bassin est gelé.

Mes poissons batifolent au ralenti sous la glace.

Mon chat devient dingue de les voir à portée de patte sans pouvoir rien faire.

Les amours en cage lampionnent.


Un drame de la nature a éclaboussé mon escalier.


Après quoi, le guerrier déçu se repose en maudissant la glace.

Et moi, je déguste une soupe brûlante...


... en écoutant cette vieille chanson russe à la gloire du grand froid et des chevaux. Yat Kha, groupe de rock sibérien y ajoute la touche sibérienne des harmonies, l'amitié, la vodka et un clip superbe.





jeudi 2 février 2012

Respect

Le 16 janvier dernier, j'ai vu passer des oies sauvages. Elles volaient plein sud et je me suis demandé quelle mouche les piquait.
Le fond de l'air sentait le printemps.
Mésanges déjà amoureuses. Merles chanteurs à l'aube pâlote.
L'hiver semblait loin.

Les vols d'oiseaux migrateurs m'ont toujours imposé le respect. Voir ces bêtes finalement pas bien grosses braver la distance, les vents, l'épuisement...depuis la Préhistoire la plus obscure, me renvoie aux tréfonds de mes mystères originels.

Cette fois, j'avoue, j'ai douté.
J'ai cru que les oies se trompaient.
Elles ne se trompaient pas.
L'instinct préhistorique ne se discute pas.
50 000 ans d'expérience.
L'hiver nous a finalement fondu dessus avec une brutalité de soudard.

Moins neuf ce matin avec du vent.

Je présente mes excuses aux oies.


mercredi 1 février 2012

L'école est funambule

Funambule? Comment ça funambule? 

Le ministère aurait-il offert au corps des inspecteurs'une formation accélérée d'équilibrisme sur fil?
Pourquoi pas? Ça se fait, dans les grosses entreprises, de payer aux cadres des stages de survie dans la jungle ou des séances de saut à l'élastique. Il paraît que ça aide ensuite à mieux exploiter le pigeon fédérer et motiver les équipes.



Sans doute que les inspecteurs de l'éducation nationale ont la foi chevillée au corps, puisque pour le moment, ils n'ont nul besoin de ce genre de réjouissance pour accomplir leur mission avec la ferveur que nous leur connaissons. Je salue au passage mon inspectrice adorée, Madame .......biiiiip....... et je lui baise les mains. En vrai, j'aurais dû en plus lui coller du dévouement. C'est comme ça. Il faut terminer les courriers adressés aux inspecteurs par....blablabla..... "l'expression de mon respectueux dévouement". Faute de quoi, vous passez pour un cul terreux ou un agitateur pas fréquentable. Et l'inspecteur vous saque.

Bon, alors d'où sort cette histoire de funambulisme?
Cette image me poursuit et s'impose.
Je vais essayer d'expliquer pourquoi.

La vue d'un funambule en train de vaciller sur son fil, à dix, vingt, cinquante mètres du sol provoque d'ordinaire un dressement de poils sur l'échine. Normal. Le public craint comme un seul homme qu'il aille se fracasser en bas. Et comme un seul homme, il pousse un soupir de soulagement que ça n'arrive pas. Cette angoisse est délicieuse, parce que le risque est réel, mais on se doute que le gars, sur son fil, s'entraîne depuis l'âge de quatre ans et qu'il maîtrise l'affaire. On a peur en sécurité et par procuration. C'est merveilleux.

La fréquentation de l'école du premier degré fait également dresser le poil sur l'échine. Ses intimes craignent qu'elle ne se soit lancée sur le fil un peu inconsidérément et qu'elle ne se rompe les os à tout instant. Le fil est long et branlant. Le funambulisme, pas son fort et le risque est sévère. Tout le monde retient son souffle en transpirant à grosses gouttes, car dans ce cas, il est CERTAIN que la numéro va finir en bouillie sanglante.
C'est glaçant.


En clair, la Maison ne tient plus que grâce aux scrupules des fourmis de base. Les maîtres et maîtresses d'école ont en face d'eux des mouflets aux grands yeux. Ils se fréquentent au minimum six heures par jour, quatre jours par semaine. Impossible de les abandonner à leur triste sort. Et le pire, c'est que l'institution le sait très bien et compte là-dessus. Elle endort la fourmi en lui causant "mission", "cause", "devoir", "engagement"... on se croirait à l'armée ou au monastère.
Tout cet énorme édifice soutenu à bout de chélicère  par le seul sentiment de "je ne peux pas leur faire ça"... Lequel se trouve concurrencé par "marre de me faire exploiter, envie de toute envoyer chier".
Dangereux.

La mission devient impossible.

Inutile de faire le catalogue de ce qui débloque. Ni de me grimer en syndicaliste. Tout le monde commence à se rendre compte que les classes se gonflent comme des fugu et que les malades ne sont jamais remplacés.
Ce qu'on sait moins, c'est que l'administration fait gentiment pression pour que le bénévolat devienne l'ordinaire, "dans l'intérêt des enfants". Vas-y que je joue sur la corde sensible pour faire passer la pilule.
En Finlande, les heures sup sont payées. En France, jamais. D'ailleurs, la notion d'heures sup n'existe pas. Pas plus que la médecine du travail.

Désormais, les petits nouveaux arrivent dans les classes sans aucune formation. A charge pour les "anciens" de les aider. En gros, on nous demande de les former à l'oeil sur notre temps personnel. Et si le concours a laissé passer des erreurs qui n'ont aucune notion d'orthographe et confondent les tonnes et les quintaux*, en prime, on refait leur éducation de base.

Faute de personnel suffisant, on commence à voir arriver dans les écoles des gens recrutés à Pôle Emploi, formés à la pédagogie comme moi aux mystères des moteurs. Deux solutions: laisser les gosses leur faire la peau ou aider. A votre avis, on fait quoi?

De plus en plus, internet est nécessaire. Pour la saisie des résultats des abondantes évaluations, pour pêcher les informations qu'on n'a pas le droit de louper, pour bosser... Or là où je travaille (Aulnay-sous-Bois), la seule imprimante se trouve dans le bureau de la directrice  et il n'y a pas d'ordinateurs dans les classes. Cherchez l'erreur.
L'achat d'un ordinateur et surtout de l'encre, c'est pour qui?


Comme le matériel d'apprentissage des langues vivantes.... il faut bien souvent aller se le chercher et se le payer. Surtout dans une classe de vingt-sept**, mieux vaut avoir du biscuit. Comme une collègue s'en plaignait, voilà quelques années, à la conseillère pédagogique concernée, celle-ci lui répondit d'un air pincé qu'"elle n'avait qu'à prendre sur ses deniers, comme tout le monde" pour acheter le nécessaire. 
Toujours "dans l'intérêt des enfants", bien sûr.

Lorsque Madame l'inspectrice convoque pour des réunions d'infos ponctuelles, c'est sur le temps de midi. Ou après la classe. Si on ne mange pas ou si après la classe, on a des choses à faire, tant pis. Garde à vous! 

Ce qui n'empêche pas Madame l'inspectrice de me faire mariner depuis presque un an pour me rendre mon rapport d'inspection. Un détail. En même temps, là, l'"intérêt de l'enfant" n'est plus en jeu. C'est du mien qu'il s'agit et ça, on s'en fout pas mal.

Les vacances, que même notre bon ministre envisage de nous sucrer, il faut tout de même savoir qu'elles se passent en partie au boulot. Le reste, ma foi,  c'est un temps de récupération indispensable. Bien peu ont idée de l'état de fatigue auquel sont rendus les profs aux veilles de vacances. Qui sait que les premiers jours, beaucoup tombent malades sous l'effet de la décompression. Les autres dorment furieusement quasi non stop pendant plusieurs jours.


Qui se rend compte que désormais, si on est malade, on va au turbin quand même pour ne pas pénaliser les mômes (pas de remplaçant) "dans l'intérêt des enfants" ni enquiquiner les collègues qui se les récupèrent?
J'aimerais bien que Monsieur Luc Chatel vienne se rendre compte de ce que c'est de venir tenir une classe, fusse-ce "dans l'intérêt de l'enfant", avec une gastro qui vous transperce la tripaille ou une crève qui vous embue le cerveau. Service de cour inclus, bien sûr.
Et aussi qu'il se coltine le remplissage de ces livrets trimestriels abscons de 32 pages, pondus par des lèche-bottes zélés, dont personne ne comprend un traître mot. Des heures perdues pour rien, à noircir du papier en pure perte et à s'user les yeux.
Et puis encore qu'il soit obligé de se remettre au travail, une fois rentré chez lui, pour corriger et préparer. Alors, on verrait.

Je n'ai rien contre le funambulisme, non. A condition de s'entraîner. 
Là, c'est du suicide. 
Partout autour de moi, les gens s'effondrent, tombent malades, dépriment. 
Trop, c'est trop.

C'est inhumain de remplir les classes comme des oeufs, d'infliger aux profs d'être à la fois enseignants, éducateurs, assistantes sociales, psy, spécialistes dans toutes les matières (Toutes? Toutes), disponibles 12 heures sur 24 sous prétexte de mission et de vacances. Le tout la joie au coeur, le sourire aux lèvres et tout le boulot préparé sur des fiches abondantes et rédigées dans le plus pur style maison.
Le prof français est un des plus mal payé d'Europe. Qu'à cela ne tienne. Il doit aussi être heureux et fier de contribuer à la bonne santé comptable de la bonne Maison en achetant lui-même ce dont il a besoin pour travailler.
Désastreux enfin de les considérer comme des feignants poisseux, en insinuant que les vacances et les mercredis ne sont que des moments de glandouille. Monsieur le ministre ne fait rien d'autre en clamant partout qu'il va y remédier en mettant tout le monde au boulot pendant ces jours infâmes d'inactivité.

Je n'ai pas fait grève mardi 31 janvier. Je suis contre les grèves d'une journée par principe: elles ne servent à rien. De plus, le corps enseignant s'est décrédibilisé en multipliant les grèvounettes.  Dommage. C'est maintenant, qu'elles voudraient dire quelque chose. On s'est grillés.
Et puis de toute façon, j'avais promis aux gosse d'apprendre les fractions avec des bonbons et que nous ferions de la peinture l'après-midi.

Reste plus qu'à diviser en quarts, tiers et autres et le tour est joué. 

J'ai pas eu le coeur de leur refuser... typique du système.
A vot'bon coeur.

N'empêche que là, au fond , j'étais gréviste quand même.
La prochaine fois, je mettrai un brassard "gréviste" en allant bosser. Comme les Japonais.





* Ça s'est vu.
** Chez moi cette année, CM1. L'an dernier, c'était 29, CM2.