mardi 22 novembre 2016

Habillée pour l'hiver

Il n'aura échappé à personne que je nourris une sympathie coupable pour tout ce qui est slave. Par les temps qui courent, c'est un coup à passer pour un suppôt de satan Poutine ou pire.
Qu'à cela ne tienne, laissons les croquantes et les croquants jaser.

Récemment, en traînant chez les Russkofs (internet est un jouet enchanteur pour ça), j'avais relevé quelques fantaisies bien de chez eux en matière de mode animale: ces gens-là ne reculent devant rien quand il s'agit de créativité. Tout, absolument TOUT est permis. Du coup, c'est fort divertissant, parce qu'en un clin d'oeil, le pire succède au meilleur.
J'ai découvert chez eux des objets absolument ignobles, mais aussi de vraies merveilles.

Vous me direz, mais qu'est-ce qu'une dame occupée comme moi allait fabriquer à fureter chez des gens qui écrivent en cyrillique?

Je cherchais des accessoires chauds et pas trop chers.
Finaude, je supputais que les Russes devaient s'y connaître.

Ils s'y connaissent.

Je suis désormais l'heureuse et fière propriétaire de chaussettes de folie en poils d'une certaine chèvre qui, si j'ai bien compris, est très proche cousine des chèvres du cachemire.
C'est ultra doux et CHAUD! Mes petons sont à la fête. C'est Tatiana qui les tricote (les chaussettes, pas mes petons).


Pendant que j'y étais, je me suis payée aussi les moufles et l'écharpe. Vu la qualité de la laine, ça m'a coûté des clopinettes et j'ai reçu ma commande en moins d'une semaine. Fini d'avoir les doigts gelés en arrivant au boulot, après ma descente de Montparnasse à vélo!


Mais ça, c'est du grossier. Du matériel certes efficace, mais tout de même pour tâcherons mal dégrossis.
J'ai gardé le meilleur pour la fin.

Le châle d'Orenbourg

L'alliance du chaud et du raffiné. La laine provient du duvet de la gorge des chèvres Pukha (les cousines des Cachemiries). Une chèvre ne produit pas plus de 300 grammes de ce duvet par an. Pour le récupérer, il faut leur peigner le cou amoureusement.
On n'est pas loin des délicatesses des cueilleuses de thé. 
Le tout tissé sur un fil de trame en soie et travaillé à l'ancienne. Ça donne un résultat d'une finesse arachnéenne, c'est super costaud et incroyablement doux et chaud.

Il existe encore là-bas, dans le fin fond de l'Oural, des petites dames qui savent travailler cette laine-là et moi, j'en ai trouvé une toute mignonne qui m'a envoyé ce châle de fée. Il pèse une plume. Tatiana en tisse, mais celui-là, je l'ai commandé à Galina.


Gloire soit rendue à internet, à Tatiana, Galina et aux autres perles tisseuses et tricoteuses...
et aux chèvres!

 





jeudi 17 novembre 2016

Place au LSU

Encore une trouvaille !
L'Education nationale nous gâte.
C'est une année faste.



Sitôt passée la fureur du PPMS (voir à ce sujet, ce rappel utile ---> ici), voici venue la déferlante du LSU.

Le Livret Scolaire Unique 

On ne parle plus que de ça.

D'abord, le concept arbore un profil de vainqueur: un livret unique du CP jusqu'à la terminale, élaboré en ligne, consultable par les parents via leur smartphone, transmissible à l'heure près en cas de déménagement... Hein? Tout de même!
Quelques rabat-joies calamiteux ont bien sûr tenté de gâcher la fête avec des objections du genre: l'admission à Louis Le Grand de Jordan compromise par sa manie de balancer des coups de compas à Rachid quand il était en CE2 (cette sale vicelarde de Madame Pinchard l'avait noté dans le LSU), les doutes émis quant à la protection des données par l'Education nationale, le principe jugé foireux, le présupposé discutable que tout le monde dispose d'Internet et j'en passe. C'est petit.

Ce bijou a été annoncé à grand son de trompe comme entré en vigueur à la rentrée 2016.
En septembre, il en a été vaguement question.
En octobre, notre directeur se fend d'une réunion spéciale, où le bijou nous est présenté. Il est disponible! Mais personne ne comprend comment le remplir.
Hélas, le constat est sans appel. Le truc dysfonctionne à pleins tubes. De toute évidence, il a été bâclé et présente une masse de vilains défauts. Un exemple?
Cunégonde est maîtresse à mi-temps. Elle partage sa classe avec Hildegarde. Pour remplir le LSU, il faut que l'une des deux se branche sur son portail personnel académique et donc, qu'elle offre à l'autre un plein phare sur son profil professionnel, son CV, son état civil, son avancement, sa notation, ses messages et absolument tout ce qui constitue un dossier rigoureusement confidentiel. Cunégonde a intérêt à bien s'entendre avec Hildegarde.
Les nigauds qui garantissent la sécurité absolue du machin n'avaient pas pensé à ce détail.
Depuis la rentrée de novembre, alors que la préparation des livrets (qui dévore un temps fou, vu la quantité de compétences plus ou moins ubuesques qu'on nous oblige à  aligner) commence à urger, ils se sont mis à corriger fébrilement le bijou. Chaque jour ou presque, nous recevons des messages de modification et plus personne ne sait comment s'y prendre.

Le dernier en date de ce midi, 13h43, émane du secrétariat de l'inspection académique:
"Bonjour,

Afin d'accompagner les équipes éducatives dans la mise en place du LSU, M ....., directeur académique des services de l'Éducation nationale chargé des écoles et des collèges, a demandé la mise en place d'un " accompagnement de proximité par les FIP ".
Pour les circonscriptions ........, cet accompagnement prendra la forme de 8 permanences assurées par ......, formateur en informatique pédagogique, dans des écoles équipées d'une salle informatique, "équitablement" réparties sur les 2 arrondissements, aux dates et heures suivantes :

lundi 21 novembre, 11h30-13h30, école ...
(Et ainsi de suite pour sept autres dates, sur le temps du repas, alors qu'on s'est farci des heures de cogitation et de réunion sur le sujet depuis la rentrée, sans toucher un fifrelin supplémentaire malgré le temps passé à s'édifier ).

Une carte numérique localisant les écoles élémentaires et polyvalentes ainsi que les lieux et horaires des permanences vise à aider les collègues ayant besoin d'aide à déterminer la permanence la plus adaptée à leur disponibilité et contraintes."


On appréciera la qualité du français et on s'interrogera sur le message subliminal de ce courrier.
Traduction:
Personne n'y comprend rien, alors vu qu'il y a le feu, des QG de campagnes sont proposés en catastrophe pour tâcher moyen de rendre tout de même un vague livret en temps et en heure.
Vous n'irez pas bouffer ce jour-là, tant pis pour vous bordel de merde. Qui ouïe causer du LSU dîne.

Et si on se mettait à faire les choses dans l'ordre?
D'abord on réfléchit. Si l'idée est utile, on prépare l'affaire correctement pour la rendre utilisable. Enfin, on la propose et on l'applique.

Non, ça n'irait pas avec le genre de la maison.
A l'Education nationale, on est créatif.

                                                         Une prof gavée au LSU

Pas besoin de réfléchir. On lance une idée et on l'applique tout de suite. On organise après, si on peut.








mardi 15 novembre 2016

MES ESTAMPES JAPONAISES Taki Katei, Seiko Okuhara, Takahashi Hiroaki, Kono Bairei, Kamisaka Sekka

Je vous vois venir.
Oui, oui. On évoque l'estampe japonaise et aussi sec, l'oeil s'allume.

Canaillou!


Et bien sachez qu'ici, c'est une maison sérieuse.

Oubliez l'agitation polluée,
les taxis mal embouchés,
la sauce de la cantine,
le remugles du métro.

Respirez....
 

"Feuilles d'érable," Taki Katei 1894



Seiko Okuhara (1837-1913)  autour de 1890


"Pluie à Igusa", Takahashi Hiroaki (Shotei) (1871-1945) - Avant le tremblement de terre de 1923

"Criquet", Kōno Bairei (1844-1895) 


"Prêtre Nichiren en exil", Kamisaka Sekka 1909-10.
Il est considéré comme le dernier membre de la célèbre Ecole Rinpa d'art (crée au XVIIème siècle). Encore aujourd'hui, son art est unique: à la tradition Rinpa, il a ajouté des techniques occidentales telles qu'un certain usage de la perspective.

samedi 12 novembre 2016

Dernier cri de la mode féline, tendance russe

En direct de Russie, salon du grand chic félin, tendance hiver 2016.

Les frimas commencent, tes temps sont moroses, il est temps de penser au confort du seigneur du salon. La Russie rivalise de talents pour l'élégance et le bien-être des matous, nous vous les présentons aujourd'hui en exclusivité.

Tout d'abord, pour les soirées habillées, à l'attention des chatounes délicates et coquettes, une délicieuse robette à volants. Plusieurs tailles disponibles selon l'embonpoint de votre chère demoiselle.


Nul doute qu'elle goûtera les délices d'une couche à sa mesure pour son repos précieux, toute en couleurs subtiles.


Pour les goûters, les anniversaires ou les carnavals, votre matou appréciera cette tenue amusante de petite abeille.
Elégance et originalité, voilà le secret de la réussite sociale de tout chat respectable.


Une autre tenue de Bambi est disponible, si votre chéripounet s'agace à l'idée de revêtir une tenue de mouche à miel. C'est bien compréhensible.


Une soirée s'organise. Ciel! Chachou n'a rien à se mettre!

Voilà une mise royale pour un chat éblouissant.

Un prince apparaît.


Pour le repos du félin exigeant, cette charmante gamme donnera toute satisfaction.

Le char soviétique (très apprécié à Donetsk):

Le véhicule de prestige (plébiscité des chats dont les maîtresses sont équipées de dents en or)


D'autres merveilles venues de l'Est attendent les toutous à l'occasion d'une prochaine présentation.
Ne dévoilons pas tout et rêvons un peu.



mardi 8 novembre 2016

Seine-Saint-Denis, condamnation à vie

L'heure est grave, je vais vous raconter comment j'ai réussi à m'extraire de ce piège à profs redoutable qu'on nomme la Seine-Saint-Denis.
Il y a plus ou moins vingt ans, quand l'idée m'est venue de passer le concours de prof des écoles (quelle nom à la con!), je venais d'emménager dans le département, je n'avais pas envie de risquer une nomination à Maubeuge, avec un bébé.
J'ai donc opté pour le premier degré qui me garantissait un boulot pas trop trop éloigné, puisque les nominations sont académiques et pas nationales. Une académie, c'est un regroupement de départements où le candidat naïf est sûr d'être affecté, surtout si c'est celle de Créteil, dont dépend la Seine-Saint-Denis.
J'aurais dû me méfier.
Vingt ans de boutique plus tard, mon enthousiasme sautillant quelque peu tiédi, je décide de demander à changer d'académie.
 

J'avoue que je commençais à être un peu lasse des excès de zèle des inspecteurs, confondant le 93 avec un tremplin vers de juteuses promotions. Certains n'étaient pas dans cette logique, mais ils se remarquaient et disparaissaient vite.
Je confesse avoir été gagnée par un léger agacement devant le décalage entre les discours ronflants et le "terrain": pas vraiment la joie, le terrain. C'était de plus en plus grotesque et décourageant.
Et surtout, je voulais rejoindre mon amoureux qui habitait Paris et changer d'air par la même occasion.
Dûment conseillée, j'ai commencé par me syndiquer. Pas de syndicat, pas de mutation, c'était comme ça.
La fille du syndicat, au demeurant très agréable, a commencé par me prévenir qu'à moins de vingt-cinq ans d'ancienneté, mes chances d'obtenir ma mutation étaient infimes.
Devant ma mine consternée elle s'est empressée d'ajouter qu'avec "un bon dossier", on pouvait tout de même essayer, mais que ça allait être difficile.
Un bon dossier, en clair, ça veut dire qu'on est un cas social ou en phase terminale d'un cancer explosif. Eventuellement au bord de la tentative de suicide, ou déjà à moitié suicidé. Pour optimiser ses chances de quitter l'académie de Créteil et tout particulièrement le département de la Seine-Saint-Denis, l'idéal consiste à être les deux à la fois: cas social et suicidé (ou cancéreux).
J'exagère à peine.

Il se trouve que par chance, je me débattais depuis quelques années dans un bourbier familial plutôt sordide et, double veine, que je commençais doucement à y laisser des plumes. On tenait un espoir de "dossier". Encore fallait-il mettre tout ça en forme pour que l'inspection académique le juge digne de son auguste intérêt.
J'y ai passé des semaines.
J'ai enterré toute fierté pour livrer absolument tout ce que je pouvais ramasser de plus tragique et de plus sordide dans mon existence. J'ai triplé ma fréquentation médicale et j'ai fini par réellement me sentir perdre pied.
Cette mutation, à mesure que je mesurais la quasi impossibilité de l'obtenir, virait obsessionnelle et plus je l'espérais, plus je me rendais malade et plus je me voyais coincée à vie dans ce foutu département avec tout ce que ça supposait de renoncements.
Je suis allée voir le médecin conseil, l'assistante sociale, le responsable du personnel. Devant tous, je me suis présentée comme usée jusqu'à la corde, misérable, bonne à jeter.
Enfin, le "dossier", moulte fois revu, rectifié, complété, peaufiné, a été envoyé.
Je vous laisse imaginer mon état de nerfs pendant l'attente du verdict. Ça a failli m'achever.

J'ai finalement obtenu le sésame: les huit cents points distillés aux cas jugés sérieux. Mon dossier était "passé", j'étais complètement saturée de ce combat et ma principale motivation consistait à me reposer et à préparer mon déménagement. Il restait en outre quelques bricoles à régler, comme demander une école parisienne pas trop pourrie.
Cette année-là, 247 enseignants ont pu quitter la Seine-Saint-Denis vers d'autres académies: 9,35% des demandes. En gros 247 élus, armés de points surgonflés sur 2470. Et regardez bien ce document: combien ont obtenu Paris cette année-là?
Quant aux candidats entrants, les pauvres inconscients, ils étaient 17, presque tous avec des barèmes misérables.
L'année suivante, j'ai découvert une autre planète et un autre métier. Faut dire que je revenais de loin.
Au même moment, à l'Est, le délai pour espérer s'en aller est passé de 25 à 34 ans. Les postes vacants frisaient les huit cents en 2015 (source: la nana du syndicat rencontrée par hasard). Les journaux, muets jusqu'alors, en ont parlé.


 







samedi 5 novembre 2016

Officiel: les abeilles sont en voie de disparition

Depuis deux ans, je suis la marraine d'une ruche. Pas de quoi se gausser, c'est très sérieux.
J'ai simplement adhéré à une association intitulée "Un toit pour les abeilles".

 

Le principe est simple: moyennant un don modique, l'apiculteur a la certitude de disposer du minimum de fonds pour entretenir ses ruches et, en cas de vaches maigres, de ne pas devoir mettre précipitamment la clé sous la porte.
En échange, l'heureuse marraine (moi) est informée régulièrement de ce qui se passe dans sa ruche et découvre le métier d'apiculteur. En prime, je reçois en fin d'automne un lot de pots de miel avec l'étiquette de mon choix: Miam miam, Hidalgo tête de veau ou ce que vous voulez. C'est sympa.

C'est par le truchement de "Un toit pour les abeilles" que je suis devenue incollable sur les bestioles du même nom, leur vie, leurs moeurs secrètes et leurs misères. Surtout leurs misères, hélas. Et sur le boulot des apiculteurs; ils passent leur temps à balader leurs ruches, à les vérifier, à récolter le miel, oui mais pas trop, à constater les hécatombes et à limiter la casse comme ils peuvent. Un sacerdoce.

C'est ainsi que j'ai été informée ce matin, par un mail, que les abeilles faisaient désormais partie des espèces en voie de disparition.
On peut compter sur la presse pour en parler....silence total là-dessus, alors que l'information est assez vitale tout de même.

J'ai bien conscience d'être en train de plomber l'ambiance en plein week end. Alors, pour remonter le moral à tout le monde, je mets à la disposition une vidéo souvenir:


Et une pelletée de pétitions à qui voudra s'engager pour la cause.  Ne vous gênez pas, c'est à volonté, servez-vous.

http://www.sauvonslesabeilles.com/http://www.sauvonslesabeilles.com/

http://neonicotinoides.agirpourlenvironnement.org/http://neonicotinoides.agirpourlenvironnement.org/

http://www.fondation-nicolas-hulot.org/action/stop-au-massacre-des-abeilleshttp://www.fondation-nicolas-hulot.org/action/stop-au-massacre-des-abeilles

https://www.change.org/p/interdisez-les-pesticides-n%C3%A9onicotino%C3%AFdes-pour-sauver-les-abeilleshttps://www.change.org/p/interdisez-les-pesticides-n%C3%A9onicotino%C3%AFdes-pour-sauver-les-abeilles

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