mardi 30 avril 2013

Acte contre nature

Il est beaucoup question de nature, ici, en ce moment.
C'est la saison qui veut ça. Bourgeonnements, sève qui pète sous les écorces, hormones à pleins tubes.

Ceci explique qu'après six mois de solitudes glacées, je passe l'essentiel de mon temps à béer devant mes plantules ou à fourcheter du compost.

Il se trouve que je viens de me livrer à un acte que la morale réprouve: je n'ai pas laissé la loi de la nature s'imposer dans mon jardin. 


J'AI DÉMOLI LE DÉBUT D'UN NID DE PIES.

Les écolos me voueront aux gémonies, tant pis. De toute façon, un jardin n'a rien d'un espace naturel.

Désormais, tout le monde sait qu'un cerisier géant trône au beau milieu des mes trois cents mètres carrés. Il est l'objet de la convoitise féroce de tous les volatiles frugivores du secteur, qui y réservent leur place dès l'apparition des micro fruits. Par ailleurs, j'ai pris soin de border mon empire d'arbustes à petits fruits variés, parce que j'aime bien les oiseaux et je voulais leur offrir refuge et nourriture.
A ma grande satisfaction, toutes sortes de passereaux y baguenaudent ou s'y abritent: moineaux, mésanges charbonnières, bleues et à longue queue, merles, rouges-gorges, rouges-queues, un troglodythe mignon, un roitelet (que mon salopard de chat a tué il y a peu). Parfois d'autres que je ne connais pas.

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          Alors? Qui est capable de dire qui est quoi?
Toujours est-il que l'an dernier, j'étais réveillée aux aurores par des pies jacassantes, perchées sur le cerisier convoité. Elles faisaient savoir au voisinage qu'elles entendaient se le réserver. 



Moi, je n'en pouvais plus et j'ai eu beau leur lancer des patates à cinq heures du matin, sous l'oeil goguenard de mon chat, j'en ai eu pour mes frais.
Ensuite, elles ont tenté de s'en prendre à la nichée de mésanges à longue queue - des petits bouchons de duvet tout mignons - qui prenait le soleil au fond du jardin. Leurs minuscules parents les défendaient courageusement en criant si bien, que je me suis dérangée.

Je n'aime pas qu'on trouble ma paix ni celle de mes locataires. Surtout qu'ils m'avalent force chenilles et pucerons.

Aussi, quand par hasard, j'ai découvert qu'un couple de pies avait entrepris de bâtir un nid en haut du cerisier de la discorde, j'ai vu rouge.
Au diable la magie sacrée de la Nature, la chaîne alimentaire et tout le bazar.

J'ai commencé par balancer quelques pierres dans l'édifice naissant. Raté. C'est haut, un nid de pies.
Alors j'ai pris rageusement l'échelle et le grand manche téléscopique. Je me suis installée dans le cerisier et à coups  de manche, j'ai si bien fourragé dans les fondations du nid que tout a été dérangé.
Maintenant, la guerre est ouverte. 
La pie revient et je la guette. Dès que je la vois, je lui lance un "pchhhhht!" féroce et elle s'en va...pour revenir quelques temps après.
J'espère qu'elle finira pas se décourager. Pas de chance pour elle, je suis en vacances et je vais lui pourrir la vie pendant quinze jours.





jeudi 25 avril 2013

Retour à la nature

Il était temps que cet hiver de plomb finisse. Les éléments finissaient par trop bien coller à la maussaderie politique ambiante. Encore un peu et cette brouillasse glacée aurait fini par me porter au moral.
Je commence à entrevoir pourquoi les natifs de pays froids picolent.


Il se trouve que je possède un jardin un peu indiscipliné. C'est ma faute: je lui ai trop laissé la bride sur le cou ces dernières années et il est devenu insolent.
Du genre à dormir tous les matins jusqu'à pas d'heure et à vider le placard en douce sans nettoyer les miettes.


Déjà l'an dernier, j'avais entrepris de lui serrer la vis: taille des arbres et désherbage superficiel.
Ça n'a pas suffi.
Le bougre a tenté de faire la forte-tête dès que le soleil est revenu: mauvaises herbes, invasion de lierre, ronces,  racines de cerisier affleurantes un peu partout...
Et puis j'avais repéré des plantes en détresse, mal installées dans des sales coins. Il fallait agir.

Alors depuis pas loin de deux semaines, j'ai laissé le monde s'agiter derrière les portes de mon jardin pour lui refaire une vraie beauté.

J'ai tenté autant que j'ai pu, de sauver les violettes du désherbage. Va falloir aussi débarrasser les tulipes des herbes indiscrètes: elles en ont assez de se faire chatouiller.
J'en ai arraché, des racines! J'ai bêché des mètres carrés à en avoir le dos meurtri! Des seaux entiers de saloperies de saletés de mauvaises herbes de sa mère de végétaux envahisseurs ont rejoint mon tas de compost. J'ai curé mon bassin, apprêté mon futur potager, semé du lin bleu et des cosmos, refait entièrement ma rocaille...

Mes aspérules  enfin libres de se répandre.
La rocaille toute neuve.
Des heures et des heures de travail, au soleil, parfois pieds nus sur la terre tiède, les ongles noirs et le dos meurtri. Quel bonheur!

Bleuets débarrassés de leur bataillon de pissenlits
Géraniums déplacés, réinstallés en bonne place.
Le premier qui OSE prétendre y voir une mauvaise herbe est prié de venir me le dire en face, si c'est un homme.

J'aime autant vous dire qu'à ce régime, je me suis mise à dormir comme un chat, à me refaire une musculature et à presque oublier les sournoiseries tortueuses de notre gouvernement de vitreux.

Et demain soir, je suis en vacances!!!






samedi 13 avril 2013

Lin Shun Shiung

Encore une découverte!
Grâce à Eka.
Eka est peintre et géorgienne. Nous communiquons  par l'entremise d'images: photos et peintures surtout. Ça tombe bien, parce que je ne parle pas géorgien et Eka ne parle pas français.

Les fées ont bien doté Eka: tout ce qu'elle dégotte est beau.
Lin Shun Shiung est une aquarelliste taïwanaise contemporaine. Enfin "une"... au fond, je n'en sais rien. C'est peut-être un homme.

Pas moyen de trouver le moindre élément de biographie, ni sur internet, ni ailleurs.
Cette artiste (j'ai l'impression que c'est une dame) restera un mystère.

















jeudi 11 avril 2013

Du shit dans les fleurs

Mardi matin, 8h30, entrée en scène: mes élèves m'attendent dans la cour avant, les premiers sont rangés sagement, comme d'habitude. Les derniers s'effilochent en rang chiffonné, encore tout absorbés par leurs conciliabules.
Et voilà Yasmine qui s'avance vers moi et qui me sussure de sa voix fluette: "Bonjour maîtresse, regardez ce que j'ai trouvé".
Elle m'ouvre la paume de sa main et je m'attends à y découvrir un oiseau blessé.
Au lieu de ça, je vois un petit sachet transparent rempli d'une chose brunâtre et filandreuse.


J'ai juste le temps de lui faire expliquer qu'elle est tombée nez-à-nez avec sa trouvaille en se penchant dans les toilettes pour refaire son lacet. La chose se trouvant installée sur la tuyauterie basse arrière. Pas question d'ameuter toute la classe lâchée ainsi en vrac au-dehors, encore sous le nez des parents qui nous regardent, de derrière la grille.

Le petit sac de substance brune a été déposé chez la directrice, justement en train de sa battre pour répartir deux classes non-remplacées, dont les maîtres sont malades. Elle a de quoi s'occuper pour la matinée.

Alors, une fois installés dans les règles, j'explique. Les gosses sont surexcités. Ils veulent des détails. Faute de mieux, ils inventent déjà et imaginent des gros bras en train de fondre sur des malfrats, coincés en flag dans les toilettes de l'école. Yasmine est regardée avec des yeux neufs, chargés d'envie.
Elle a trouvé de la drogue!

Gorgés de rêves brutaux, on se met au travail. Proportionnalité, règle de trois, usages subtiles du passé simple. Conjugaison de conquérir...

Ce matin, jeudi, 8h30, entrée en scène quelque peu comateuse. Je tiens une solide crève et la journée promet d'être un peu longue.
Mes élèves m'attendent dans la cour avant. Comme d'habitude, Dragan me salue poliment et me parle de son chat. Drissou me lance un bonjour franc un peu gouailleur. Comme toujours, Robin, Rayane et Enzo traînent en voiture balai et les demoiselles sont attroupées autour d'invitations à un anniversaire.
Yasmine range son enveloppe et s'avance.
"Bonjour maîtresse, regardez ce que j'ai trouvé."
Et sa paume confiante s'ouvre sur le même sachet.

"J'étais assise sur le banc là-bas et comme mon cartable était lourd, j'ai basculé en arrière dans les plantes. C'est comme ça que je l'ai trouvé"

Yasmine aurait-elle un don pour repérer les semailles des dealers?

Pendant les deux récréations, les gosses ont joué à chercher de la drogue. Ils s'amusaient beaucoup. Et puis quoi! Pas de raison que ce soit toujours Yasmine qui trouve!

Notre école est ouverte aux quatre vents. Il a fallu se battre des années pour obtenir que les créneaux arrondis dans le muret qui la sépare de la voie piétonne soient obturés. Le rosier que j'avais planté et qui nous protégeait un peu a été ratiboisé par les jardiniers de la ville. Trop sauvage. Des marginaux alcooliques venaient pisser contre sous le nez des gosses et ils balançaient dans la cour des bouteilles vides et des canettes. La grille est symbolique. D'ailleurs, les parents en retard ne s'encombrent pas de scrupules et passent leurs mouflets par dessus bord pour s'en aller travailler tranquilles.

C'est beau l'ouverture sur le monde.







mercredi 3 avril 2013

Cahuzac n'a peut-être pas fini de nous étonner

C'est dit: le président ne savait rien. Le premier ministre ne savait rien.
Cahuzac le félon a avoué sa faute et maintenant, il pleure ses remords et demande pardon.


On se croirait au théâtre. 

Seulement ce midi, sur France Inter, j'ai dressé une oreille attentive aux propos d'Antoine Peillon. Oui, le frère de l'autre. Celui-là est journaliste à "La Croix" et collabore à "Médiapart".
Il suit de près le monde tortueux de l'évasion fiscale et en connaît un rayon là-dessus.

Ce midi, donc, il déclarait sans trop de gants que les 600 000 euros lâchés par Cahuzac, c'était une plaisanterie. 

D'après ses sources - et il a précisé qu'elles se recoupaient sur cette question - il en aurait bien plus au vert.

Alors je suis allée voir son blog . Il résume le jeu des sociétés écrans qui permettent aux gens fortunés de planquer leur argent à l'abri du fisc français. Déjà, le 20 mars dernier, Cahuzac semblait quasiment cerné. Difficile d'imaginer que le chef de l'état ne savait rien alors. Surtout qu'encore une fois, Antoine Peillon l'expert en la matière, entendu par la Dnif (division nationale des investigations financières) de la police judiciaire d'Annecy en février dernier est le frère de Vincent Peillon.

Il semble bien, d'ailleurs, que Cahuzac ne soit pas le seul à jouer à ce jeu-là. 

Une enquête judiciaire qui entraînerait une investigation poussée chez le groupe Reyl représenterait un grand coup de pied dans la fourmilière, car il y a d’autres personnalités que Jérôme Cahuzac, et tout aussi sensibles, qui sont gérés chez eux. On découvrirait alors un vrai secret d’État et un vrai scandale républicain, c’est-à-dire l’utilisation des places financièresoffshore par des hommes politiques français, de gauche et de droite, depuis de nombreuses années. Et pas seulement dans le cadre d’opérations de financement politique qui ont fait la une des médias, mais vraiment à des fins personnelles."

Le plus glaçant, c'est le mot de la fin:
"Je suis tout à fait prêt à rencontrer les juges d’instruction qui vont enquêter sur le cas de Jérôme Cahuzac, comme j’ai déjà rencontré les policiers de la DNIF, à leur demande. Je serais prêt, si cela ne me mettait pas en danger, ainsi que ma famille, à expliquer publiquement un système qui est devenu intenable."

Le gars craint pour sa vie.
Rien que ça!