mercredi 28 juin 2017

Gratuité du stationnement résidentiel dans Paris polluée? Pas si évident

Voilà quelques jours, il a fait chaud.
La ville de Paris a connu un pic de pollution à l'ozone et elle a pris les mesures ad hoc, dont la gratuité du stationnement résidentiel était la vedette.



Très bien. Les usagers parisiens étaient invités à laisser leur véhicule à leur place dans la rue, où le stationnement résidentiel est passé de 3,25 euros la semaine de 9h00 à 19h00, avec le mois d'août gratuit, à 9 euros la semaine de 9h00 à 20h00, mois d'août payant.
Je glisse perfidement ces détails en profitant du sujet, parce que cette mesure nous est restée sur l'estomac. Elle a déboulé sans crier gare le 1er janvier 2015 et on se demande toujours ce qui justifie un racket, une augmentation pareille. Ceux qui ont assez de picaillons pour se payer un parking n'ont bien évidemment pas ces problèmes.

Bref, le Parisien de base se voyait donc généreusement offerts quelques jours de gratuité du 19 au 22 juin inclus dans cet univers rapace. C'était toujours ça de gagné et du coup, la chaleur qui nous étouffait est devenue un tout petit peu plus respirable, malgré l'ozone.

Il se trouve que, comme d'habitude, j'avais payé mon stationnement pour la semaine, jusqu'au 23 juin.
Or le 23 juin à 15h49, j'ai la surprise de découvrir un texto m'invitant à renouveler mon abonnement pour une semaine, sans tenir compte le moins du monde de la gratuité sus-décrite.
Oui parce que, en même temps qu'on nous suçait le sang, nous augmentait le prix de l'abonnement, on nous proposait un joli petit système de paiement en ligne nommé Paybyphone. J'avoue que la mignonne application permet de raquer à distance, d'où le texto: c'est pratique.



Alors j'ai écrit à Monsieur Paybyphone pour m'étonner de ce qu'il s'était assis sur ces jours de providentielle gratuité et il me répond:

"Bonjour,
Nous vous remercions pour votre message qui a attiré toute notre attention.
L’application PayByPhone ne prolonge pas votre ticket de stationnement automatiquement.
Les agents de contrôle prennent en compte la journée de pic de pollution, et prolongent votre ticket de stationnement automatiquement au moment de la vérification.
Nous vous remercions d’utiliser le service PayByPhone et restons à votre disposition pour toutes vos demandes."


 Donc, j'en conclus que pas mal de distraits, dont moi, se sont déjà fait avoir plus souvent qu'à leur tour. Quatre jours encore, ça se sait. Encore faut-il écouter la radio ou lire la presse. Mais une journée par-ci, par-là, comme cela arrive de temps en temps, ça passe inaperçu et on ne pense pas forcément à faire le calcul du temps qui reste et dont personne ne nous informe.

Je serais curieuse de connaître le montant du trop-perçu que Paris encaisse de cette façon.






mardi 20 juin 2017

Juin, mois maudit

Le mois de juin promettait de nous en faire baver. Trois mois non-stop au pire moment de l'année:  avec la cohorte de fofolisme typique des dernières semaines. Même les élèves calmes, à cette période, deviennent bizarres. L'un décide, tel le kangourou du bush, de bondir par-dessus les 15 marches d'escalier qui restent à descendre, l'autre se met à miauler en classe. Pas plus tard qu'aujourd'hui, Corentin vrombissait en plein subjonctif: "Vrrrrrrrrrrrr!"

Les récrés deviennent sauvages: "Ta mère la pute" fuse et Louis de Montbazon crache au visage de ses petits camarades avant de  mordre le bras du pauvre Mounir qui passait par là. Louis est en CM2 et entre l'an prochain dans un collège privé très chic. Révolte angoissée contre sa condition trop lourde de fils de bonne famille? Peut-être, mais alors, pourquoi Tomy a-t-il besoin de qualifier de "putes" les mamans plutôt austères  de ses petits camarades, lui qui intégrera un collège du peuple peu porté sur l'élitisme social?
C'est l'effet fin d'année, décuplé en CM2. Un lâcher-prise qui surprend, parce qu'il attaque là où on l'attend le moins.

Pour pimenter encore l'affaire, il fait chaud.

Trente-trois degrés cet après-midi dans ma classe, sans un souffle d'air. De fait, nous avons bénéficié de l'installation de superbes fenêtres l'été passé, garanties isolantes. C'est gagné, elles ne ferment pas bien et ne peuvent pas non plus béer au-delà de 10 centimètres pour préserver la sécurité des élèves. Résultat: isolation nulle, aucun courant d'air possible et un soleil de plomb, pudiquement voilé par d'insignifiants rideaux. Naturellement, pas question de procéder au moindre embryon de réglage. Le job est fait, Madame Hidalgo a d'autres chats à fouetter que de s'occuper de maintenance. Les Jeux olympiques, c'est plus porteur, niveau com.

J'aimerais voir le salarié lambda oeuvrer dans ces conditions. Il se collerait aussi sec en grève et enverrait l'inspection du travail aux fesses de son salopard de patron.
Dans la mesure où l'enfant est au centre du système, où la réforme des rythmes scolaires a été imposée aux forceps et à prix d'or pour le bien-être chronobiologique des chers petits, on leur impose douze semaines de classe non-stop, dont la gerbe finale est une chaleur d'enfer. Quant aux profs, il va de soi qu'ils sont frais comme la rose du matin.
Va piloter le profil type "CM2 de fin d'année" dans cette touffeur, avec les spectacles de fin d'année à l'horizon et les livrets à te farcir, et je te promets qu'après, tu peux t'engager dans la Légion.

Mais c'est pas fini!
Juin 2017 nous gâte en nous assénant le pire cocktail:
fin d'année(= fofolisme) + canicule + RAMADAN.
Parce que, rosinette en pâte d'amande sur la charlotte aux framboises, c'est le Ramadan! Et oui! Les gosses de familles musulmanes pratiquantes dorment cinq heures parce que les nuits sont ultra courtes. Ahahah! Quel mois de juin facétieux décidément! Et comme en CM2, n'est-ce pas, on est un homme, un vrai, et bien on décide de ne pas manger le midi et de boire le moins possible. C'est ainsi que plusieurs de mes élèves sont réduits à l'état de tas informes, affalés sur leur table et incapables de faire quoi que ce soit. Quant aux filles, des mots louches prétextant des maux variés (ventre, tête ou rien) sont griffonnés dans les cahiers de correspondance pour excuser leurs absences de plus en plus fréquentes. Je soupçonne clairement une réquisition aux cuisines, mais que diable, au moins peuvent-elles dormir un peu entre deux séances d'épluchage. C'est toujours ça.

Pendant ce temps-là, indifférents à tout, mes chats sont vautrés comme des larves et ils ne foutent absolument rien.


Ce sont des sages.