vendredi 30 novembre 2012

Du vent dans les voiles

Depuis 2004, sous Chirac, le voile est viré de l'école.
Vu de l'extérieur, ça semblait pas mal comme idée, parce que dans les banlieues, des gamines commençaient à tenter le forcing en se pointant voilées au collège. Ça sentait l'enlisement pas franc et le remugle de Gaza.
Sauf que cette loi était tellement mal écrite que rien dans le fond n'était vraiment clair.
Que dit le BO*? (traduction en français: le bulletin officiel, la Bible du fonctionnaire, la référence absolue)

"2.1 La loi interdit les signes et les tenues qui manifestent ostensiblement une appartenance religieuse 
Les signes et tenues qui sont interdits sont ceux dont le port conduit à se faire immédiatement reconnaître par son appartenance religieuse tels que le voile islamique, quel que soit le nom qu’on lui donne, la kippa ou une croix de dimension manifestement excessive."

Donc, les gamines ne peuvent plus venir voilées. Le reste, c'est pour pas avoir la LICRA, le CACA et le MRAP sur le dos. Bien.
Mais quid des parents?
Là, c'est le grand brouillard opaque.
Le texte se débarrasse de la question. Ça va comme ça.

"2.3 La loi ne modifie pas les règles applicables aux agents du service public et aux parents d’élèves
(...)La loi ne concerne pas les parents d’élèves(...)."

S'ensuit un énorme flou gênant.
Car se pose l"épineuse question des sorties scolaires.
La kippa agressive ou la croix démesurée sont rarement un problème, donc qu'est-ce qui reste?
? ..... Voilà (D'accord, le jeu de mot est nul).

La loi est ultra courtoise, parce que jamais, au grand jamais, elle ne se permettrait d'imposer quoi que ce soit aux chefs d'établissements. A eux de se démerder de juger.
Et c'est d'autant plus sympa que les mamans voilées, elles, sont rarement disposées à laisser couler. Donc, entre une hiérarchie frileuse et des mères épidermiques--> dans ce genre, c'est vite choisi: on ne refuse pas les mamans voilées en sorties scolaires.
D'autant que dans certains coins, si on les refuse, outre le risque de se faire défoncer le portrait, on ne sort plus les gosses.

Hollande président, résignés à tous les déculottages  heureux de nous livrer aux joies de l'alternance, nous nous attendions à en remettre une couche.
Et bien pas du tout!
A la surprise générale, une circulaire de rentrée annexe publiée sur Eduscol (le portail national des professionnel de l'éducation, en français) durcit le ton. Elle est aussi bien planquée dans les méandres du Net qu'un micro film d'agent double, elle peut faire sa méchante. Que dit-elle?

Au chapitre "laïcité": "Il est recommandé de rappeler dans le règlement intérieur que les principes de laïcité de l'enseignement et de neutralité du service public sont pleinement applicables au sein des établissements scolaires publics. Ces principes permettent notamment d'empêcher que les parents d'élèves ou tout autre intervenant manifeste, par sa tenue ou ses propos, ses convictions religieuses, politiques ou philosophiques lorsqu'ils accompagnent les élèves lors des sorties et voyages scolaires."

Stupeur!
Incrédulité devant une pareille prise de position!
On a même téléphoné à l'avocat de l'Autonome ( en français, l'organisme d'assurance spéciale auquel tout enseignant soucieux de son cuir est affilié), pour lui demander ce qu'on risquait si on passait outre. Le gars a été laconique: le pénal.

Qu'on se le tienne pour dit.
Désormais, tout le monde va guetter la bonne occaz de tomber sur le râble des profs: les parents laïcards hérissés par le voile et de l'autre, les voiles qui vont hurler au racisme si on leur refuse les sorties, qu'on leur presque toujours ouvertes jusqu'à maintenant.

Comme personne à part les enseignants (et les parents laïcards--> dans ce genre,  qui savent toujours tout) n'a jamais entendu parler de cette circulaire et que depuis 2004, on trouve très chouette que les mères voilées accompagnent les mômes en sorties, il va y avoir du steak sur les murs.

Qui a une meilleure solution?

*Réf. : L. n° 2004-228 du 15-3-2004 (JO du 17-3-2004) 
CIRCULAIRE N°2004-084 Du 18-5-2004 JO du 22-5-2004

mercredi 28 novembre 2012

Plomberie, canard fatigué et cours d'Assises

Nos existences sont tissées de fils contrastés. En général, le traintrain ronronne et la pendule fait tic tac. Et puis de temps en temps, tout s'emballe, le coucou sort de la pendule en braillant et le train se prend pour un avion.
C'est aléatoire comme un poème surréaliste.

Je ne sais pas s'il faut m'en réjouir, mais chez moi, le coucou est aphone depuis longtemps à force de s'égosiller et le train a perdu ses freins.
Il se passe toutes sortes de choses tout le temps. C'est devenu un mode de vie.
C'est aussi la raison pour laquelle je viens de sombrer dans une sieste de dimension mexicaine.

Voilà un échantillon.

La série a démarré en mode tuyauterie.
Ma chaudière a rendu l'âme il y a peu. Nous avons eu froid.
Mon évier de cuisine s'est bouché et le tuyau d'évacuation s'est cassé alors que le débouchage avait eu lieu avec succès (le siphon était tapissé de cheveux boueux). Me voilà donc en plein jonglage entre seaux et bassines.




















Il y a deux jours, en sortant mes poubelles, je vois un canard en train de dormir sur le paillasson de la porte de mon sous-sol.


Un superbe col-vert qui a claqué du bec et s'est bouffi en me voyant approcher. Je n'avais pourtant que de bonnes intentions.
Je lui ai donc préparé une bassine d'eau propre au cas où il aurait eu envie de faire des ablutions et quelques miettes de pain. Là-dessus, je suis partie faire mes courses.
Au retour, il était toujours là, endormi, le bec dans les plumes.
J'ai voulu voir si tout allait bien et il a encore eu peur. Il s'est réfugié derrière mon vélo et j'ai décidé de le laisser tranquille.


La nuit est tombée et le lendemain, il était parti vivre son destin de canard.

Hier, j'ai reçu une lettre du tribunal de grande instance de Bobigny.
Je suis désignée pour faire partie d'un jury de cours d'Assises.
Voilà quelques temps, on m'avait avertie de ce que j'étais tirée au sort pour être éventuellement désignée. Ça y est. Je suis bonne pour aller voir de près ce qui se passe: deux viols et un assassinat en magasin.


A côté de ça, je tente de louer l'entresol de ma maison, pourtant impeccablement refait en joli petit deux-pièces sur jardin: rien. Choux-blanc complet et je ne comprends pas pourquoi. A croire qu'il n'est pas destiné à ça, sous peine de je ne sais encore quelles péripéties. J'en ai pourtant bien besoin pour payer le chauffagiste, le plombier et je ne sais quoi encore: le couvreur peut-être?

Parce que la canard ne m'a pas donné un radis pour l'hôtel et je ne crois pas que ma présence en cours d'Assises me permette de m'offrir des vacances aux Seychelles.


samedi 17 novembre 2012

J'étais à la manifestation contre le mariage pour tous.

Ça commençait mal: à la gare de Sevran Livry, on nous annonce un RER toute les trente minutes à cause de travaux mystérieux.
En fait, je n'ai pas été en retard du tout.

Arrivée à la station Denfert Rochereau, une foule de gens a attaqué l'escalier de sortie. Des familles, des copains, des jeunes, des vieux, des riches, des pauvres. De tout.
C'était des manifestants.

La courtoisie était frappante. En général, quand il y a foule dans un couloir de RER, c'est à qui vous passera devant, quitte à vous écraser le pied ou vous flanquer un coup de coude. Là non. On patientait.

La place Denfert Rochereau était déjà noire de monde à 15 heures. Des voix essayaient bien d'animer en expliquant des choses, mais la sono était si mauvaise que personne n'écoutait vraiment. De toute façon, il s'agissait de rappeler pourquoi on était là et tout le monde était d'accord: le mariage entre un homme et une femme, un père et une mère pour les enfants.

De la patience, il en a fallu, parce que le cortège s'est mis en branle à 16 heures passées. Il paraît que le boulevard Raspail était archi-plein de monde et qu'il fallait déjà que cette foule se mette en marche pour débloquer la place Denfert Rochereau.
En attendant, les organisateurs ont pris soin de rappeler le mot d'ordre: respect envers nos gouvernants, respect envers les opposants, seuls moyens d'être vraiment entendus. J'ai apprécié.
Comme j'ai apprécié de voir une telle diversité dans la foule réunie là. Un tel consensus aussi. L'appartenance religieuse n'était pas de mise (même si j'ai vu une mamie voilée), ni aucun ralliement politique et c'était très bien ainsi.

Des gens étaient venus du Cantal, d'autres du Nord, exprès pour la manif.
Des encouragements fusaient des balcons environnants. Je n'ai vu aucune opposition.


Question slogans, en revanche, ils ont fait un flop. Le gars essayait bien de faire scander les gens, mais on n'entendait pas grand chose, c'était souvent compliqué et de toute évidence, on n'avait pas trop envie de faire les clowns. Sauter sur place était un peu grotesque: les pépés et les mémés assez nombreux préféraient éviter de se fracasser aussi bêtement le col du fémur.

J'ai vu des passants applaudir au passage du cortège.


Certaines affiches m'ont amusée.


Je n'ai pas pu rester jusqu'au bout, malheureusement. Je me demande comment ça s'est terminé.
Il paraît que la presse n'a pas fait son boulot. Corto vilipende la façon dont cette manif, pourtant mémorable, a été retransmise. C'est lamentable.
De son côté, Vlad éructait râlait en direct, par voie de SMS, pour me dire que certains grossiers se déchaînaient sur Twitter, traitant de tous les noms les manifestants et déformant complètement leurs intentions.
C'est à s'arracher les poils du ventre.
Pourquoi un tel déchaînement d'un côté et si peu d'enthousiasme, de l'autre, à présenter cet événement?

L'idiotie et la malfaisance étaient hélas à prévoir. Les simples d'esprit se montent le bourrichon parce que des importuns ne pensent pas comme eux. Ce n'est pas nouveau.

Mais la presse?
Serait-elle muselée? Orientée?
Je ne peux pas croire une chose pareille.

mercredi 14 novembre 2012

Opération survie 1: comment se laver entièrement dans un litre d'eau?

Tout fout le camp, la pénurie nous guette.
Réagissons!

Saisissons les occasions de nous préparer à un retour au Moyen-Age à l'essentiel dans la bonne humeur!

J'ai la chance de vivre depuis quelques temps dans une ambiance assez monacale, faute de chaudière en état de marche et ma science de la Préhistoire de l'essentiel en question grandit jour après jour.
J'ai décidé de la faire partager, parce que la règle numéro un du retour à la sauvagerie aux sources, c'est l'entraide.

Ce matin, le chauffagiste est venu me secourir, armé d'une nouvelle chaudière. Le bougre est matinal. J'ai eu tout juste le temps de sauter de mon lit (peut-être le seul endroit chaud de cette maudite baraque) qu'il toquait. Oui, il toquait. Je n'ai plus de sonnette: on me l'a volée.
La jungle est à nos portes.

Le temps de l'accueillir, de s'expliquer, de faire un brin de vaisselle et de remplir quelques casseroles, le voilà qui coupe l'eau.
Je n'étais pas lavée et quant à ma tenue...un peu femme du Troll, voyez?


<---    Un doux mélange --->


          
Toujours est-il que j'ai entrepris de faire ma toilette avec un litre d'eau, crinière comprise. 

J'ai fait chauffer la moitié de l'eau sur le gaz pour la mélanger à l'eau froide dans une bassine assez grande. J'ai filé à la salle de bain, posé ma bassine à côté du lavabo et entrepris de me fourrer la tignasse dans l'eau. Il a fallu compléter avec un gobelet, parce que sinon, l'arrière de la tête restait sec. Toute la difficulté consistait à ne pas en renverser à côté.

Ensuite: shampooing. Autant dire que je n'ai pas forcé sur les doses.
Rinçage au gobelet et récupération de toute l'eau  dans le lavabo. 
Il faut garder un fond de verre d'eau propre!
Pourquoi?
Attendez, attendez....

Après quoi, l'eau étant encore tiède, j'ai entrepris de m'attaquer aux endroits idoines au gant de toilette et au savon.
Deuxième rinçage dans le lavabo. L'eau commençait à prendre une jolie couleur isabelle très "teinture végétale bio".
Nettoyage de mes petons, par plongée directes desdits petons, l'un après l'autre, dans le lavabo.

Et les dents?
Oui, et bien les dents aussi. Sauf que l'eau des cheveux, pieds, dessous de bras et le reste ne me disait trop rien pour me rincer la bouche, et voilà pourquoi j'avais conseillé de garder un fond de verre.

En cas d'oubli, on est bon pour goûter à la mixture.


En couleurs, c'était trop violent. Je n'ai pas osé.


Faut pas croire, on en sort propre comme un sou neuf.

Si j'avais été bien, j'aurais jeté l'eau sale aux cochons, ensuite.
Seulement je n'ai pas de cochon.

mardi 13 novembre 2012

Bestiole intrusive

A chaque rentrée mes élèves changent de place. Forcément, l'exercice entraîne un léger brouhaha. Nicolas a eu du mal à dissimuler sa satisfaction, parce qu'il se trouvait à côté de Nur-la-Très-Belle, mais Dgibril-la-pipelette était clairement contrarié de devenir le voisin immédiat de Zinedine-qui-ne-rit-ni-ne-bavarde-jamais.

L'opération ne doit pas s'éterniser, sous peine de dégénérer en agitation dangereuse. Sitôt terminée, il convient de remettre tout le monde au boulot et que ça saute.

C'est ainsi que j'attaquai bravement une révision de leçon sur les fractions. Du coriace qui nécessite de la concentration.
Alors que j'étais en train de partager un schéma de gâteau à la framboise en dix parts égales au tableau, car toute allusion à la nourriture galvanise immédiatement l'attention des troupes, j'entendis jaillir un cri étouffé.
"Maîtresse! Y'a une bête!"
Je me retournai et je vis une bonne douzaines de paires d'yeux braquées au sol, pendant que ceux de derrière se décrochaient le cou pour tâcher de profiter du spectacle.

La bestiole qui venait de me fusiller la leçon de fraction fuyait droit sur mon cartable ouvert, que j'eus juste le temps de barricader. Les cous décrochés du fond commençaient à s'approcher, incapable d'y tenir plus longtemps. Une bestiole en classe, c'est une attraction inespérée! Surtout qu'on se demande comment la maîtresse va réagir: hurlement affolé? Grimpette expresse sur la chaise du bureau? massacre insoutenable de l'intruse?

Il se trouve que j'ai une tendresse pour les bestioles. Même pleines de pattes.
Pas de massacre.

J'ai donc intimé l'ordre aux égarés de s'asseoir, je leur ai promis qu'ils allaient tous voir la créature et j'ai réclamé un pot de verre à Erwan. Tout rengorgé, il s'est exécuté avec des airs de vizir et, armée d'un mouchoir en papier pour faire bouchon, j'ai obligé le bestiau rapide comme une flèche à pénétrer dans sa prison.

Pas pour rien que ça s'appelle une scutigère véloce.

J'ai découvert ensuite que ça piquait...

Comme promis, je l'ai donc baladée sous le nez des mouflets qui se bousculaient pour la contempler. Jolie, n'est-ce pas?


J'en ai profité pour y aller de mon couplet dans le plus pur style "laissez-les vivre" et puis aussi "même pas peur".

Satisfaits, ils ont accepté de revenir aux fractions, mais une petite voix ne pouvait pas s'empêcher de l'entrecouper de loin en loin.
"Maîtresse, elle est morte".
2/10 + 5/10 > ou < 1?
"Maîtresse, elle saute".
2/4 = ?/8 ?
"Maîtresse, elle n'y est plus".

Je l'ai relâchée solennellement à la récréation. Elle n'a pas demandé son reste.






lundi 12 novembre 2012

Bientôt Noël: idée de cadeau

Les déjections canines jonchent votre trottoir? Vous empoisonnent la vie? Vous obligent à des contorsions insensées?

Voici l'alternative élégante.

Il suffit de demander au père Noël qui se fera un plaisir.


L'objet peut aussi tenir lieu d'arme de défense dans les transports en commun, quand une poussette indélicate vous projette violemment contre votre voisin irascible. Il permet de dégommer ensemble la poussette et le voisin, car le père Noël fournit un pied droit et un pied gauche.

C'est possible de boire du champagne dedans.


Ma chaudière est morte, je n'ai plus de feu


Ma chaudière a trépassé et je vis sans chauffage depuis plus d'une semaine.
La pauvre avait trente-trois ans. Une bonne vieille Frisquet coriace et vaillante. Elle déclinait dangereusement année après année, elle me faisait des fantaisies.
Elle est allée jusqu'au bout et maintenant c'est fini.


J'ai encore de l'eau chaude mais les radiateurs restent obstinément froids.

Alors, depuis une semaine, il faut vivre dans une maison fraîche. Très fraîche. Par chance, j'ai une cheminée, le salon reste donc à peu près vivable: autour de 17°C en moyenne (plus le soir, moins le matin). La cuisine stagne à 15-16°C. Ailleurs, c'est plus frais. Les couvertures s'accumulent sur les lits et le radiateur électrique portatif ne quitte plus la salle de bains.
J'ai fabriqué des boudins avec des serviettes de toilette pour colmater les dessous des portes
Un minimum  de deux pulls est indispensable mais le froid attaque sournoisement par les pieds. D'où l'adoption d'une tenue adaptée et efficace.

Chaussettes turques, opanke*: le bonheur des pieds.
              Depuis aujourd'hui, je me suis mise aux mitaines et à la doudoune japonaise bariolée criarde et chaude.




Les chats migrent au gré des changements de température: le plus près possible de la cheminée quand elle chauffe, voire SOUS la cheminée. Au matin, le tigré ici présent vient tranquillement se coucher sur ma tête, tandis que je dors du sommeil du juste. Il me met bien un peu les pattes sur la figure, mais dans le fond, l'effet bonnet de nuit chauffant n'est pas désagréable. L'autre descend au sous-sol se réfugier dans le linge sale.

Si la fraîcheur s'accentue, alors il faudra employer les grands moyens.

Soupes roboratives à tous les repas.


Feux d'enfer.


Et aux grands maux les grands remèdes, si la situation devient désespérée:

                                          Alcools forts, des boissons d'hommes faites maison.

Au pire, si on atteint le zéro: ma cagoule et mes gants d'Erzurum.

J'ai encore de la marge.
* Chaussures des paysans serbes.

dimanche 11 novembre 2012

Voilà ce que je pense du "mariage pour tous"

Je pense que cette histoire est un rideau de fumée.
Hollande revient sur ses promesses. Une par une, elles retombent comme des soufflés.
Alors qu'est-ce qui reste?
Deux-trois mesures pâlotes, piètres paravents aux vrais problèmes. Mais Hollande et ses lieutenants entendent nous les imposer pour ne pas se déjuger complètement.
Franchement, qui en France fait de cette question du mariage des homosexuels une priorité? Est-ce bien le moment? Nous vivons une crise de société grave, c'est désormais l'ère du chacun pour soi, des communautarismes, des angoisses et des violences... Le maire de Sevran est en grève de la faim, parce que sa commune est condamnée dans l'indifférence générale à une banqueroute permanente, les adolescents se suicident, se scarifient, boivent, baisent ou se réfugient dans les écrans cotonneux. Au lieu du consensus autour d'une règle commune, chacun forge les siennes propres et on transgresse à tout va.

Quand on nagera dans le calme et l'opulence, alors, on en reparlera. Mais mettre sur le devant de la scène une question aussi futile, dans un contexte pareil claque comme un crachat en pleine poire. D'autant plus qu'il n'est pas question de référendum.
Le message est clair: Français, votre avis, on s'en fout et vos problème aussi. Casquez, démerdez-vous et bouclez-la.
Place à cette grave question, importante entre toute: le mariage pour tous.

Déjà, le terme fait réfléchir. Place aux euphémismes si chers aux adeptes du politiquement correct. "Mariage homo", c'était trop violent, alors on lui préfère "pour tous", même si ça sous-entend qu'on va désormais pouvoir épouser son frérot ou son chien.
Ensuite, on brandit toutes sortes de chantages pour nous imposer ça.
Quiconque est contre devient un ennemi de la modernité, de l'égalité, de l'amouuuuur, des libertés, de la laïcité, un homophobe, bref: un parfait salaud.
Pour compléter le tableau, nos beaux penseurs enfoncent le clou avec le "droit à l'enfant". Au nom de l'égalité peut-être? La nature est une garce qui n'a pas accordé aux hommes le même pouvoir qu'aux escargots: l'hermaphrodisme. Il faut un homme et une femme au commencement du début d'un enfant.Vacherie! Alors on chosifie le gosse et c'est parti.



Le mariage est une chose sérieuse.
Pour les croyants, c'est un sacrement. Respectons au moins ça!
Sinon, c'est le seul socle un peu solide qui permet à ce qui reste de notre société pour ne pas voler en éclat. C'est tout de même une institution qui tient la route depuis plus de 5000 ans et ce, aussi bien chez nous que chez les Dowayos ou les Bachkirs: un papa et une maman pour les enfants, un cadre stable, des règles de filiation claires, un engagement à vie par la promesse faite en public devant tous...


Pour faire voler en éclats une telle assise, il faut des raisons solides.
La perspective de se refaire une virginité électorale par ce moyen, en agréant une infime minorité de revendicateurs me semble être un argument un peu mince.
Je crains que Monsieur Hollande et sa suite ne se servent de la cause homosexuelle pour servir ce qu'ils croient être leurs propres intérêts. S'ils voulaient rendre la vie des gays plus facile, qu'ils revoient le PACS et les mesures de protection au dernier vivant, par exemple. Ça serait déjà un début.

Contrer cette initiative irréfléchie et dangereuse n'implique en rien qu'on soit homophobe, liberticide ou facho. C'est juste un réflexe de bon-sens.

A toutes fins utiles, je signale qu'il existe une pétition qui réclame un réferendum sur cette question.
Le lien est ---> ICI

Une manifestation est organisée le 17 novembre prochain, au départ de la place Denfert Rochereau à 14h30. Toutes les précisions sont sur ce lien ---> ICI.

vendredi 9 novembre 2012

Ach Gross Paris!


Dans la nuit de mercredi à jeudi, les trains et les RER au départ de la gare du Nord ont arrêté de circuler. Blocage général. Foutoir. Anarchie. Salauds de Franciliens descendus sur les voies.
Quelle mouche les a donc piqués, ces furieux?
Pour descendre la nuit sur les voies dans le secteur de la Plaine Saint Denis, c'est vrai qu'il faut en pincer pour la promenade. D'ailleurs le porte-parole de la SNCF s'est empressé de les charger d'un flamboyant:

"Au départ on a un petit problème électrique qui aurait dû concerner 150 personnes pendant une heure et au final on se retrouve avec une vraie pagaille qui a touché des dizaines de milliers de personnes"

Pour un peu, il les traitait de gueux.


                                Admirons, à 1mn10, la façon dont cette dame expose la situation.         

Le bonhomme (ou la bonne femme), du haut de son arrogance, ne se rend même pas compte de l'énormité de son propos. Le "petit" problème électrique ne devait durer qu'une heure de rien du tout (une paille, aux heures de pointe) et ne concernait que 150 pauvres diables coincés là debout, tassés les uns contre les autres, à moitié morts de fatigue.

Ce qu'il oublie de dire, c'est que ce genre de "petit" problème est tellement habituel sur cette ligne B, que les gens qui l'empruntent deviennent enragés. Les rames sont irrégulières, pas toujours sûres, sales, et pour peu qu'on ait le mauvais goût d'y voyager entre 17h et 19h, on y fait l'expérience d'une promiscuité bétaillère. 


Je connais des gens qui déploient des trésors de ruse pour que leur futur employeur, s'il est parisien, ignore le parcours du candidat infortuné, condamné à emprunter cette ligne. Trop d'aléas. Au suivant.

Le plus absurde, c'est le prix de ce périple.
J'habite en zone 4, à une vingtaine de kilomètres de Paris. Une carte d'abonnement mensuel coûte 99,60€. Un carnet de 10 tickets d'une gare lambda vers Paris, environ 30 €. Un carnet de tickets de bus/métro: 12,50. Evidemment, si ces billets sont achetés à l'unité, c'est plus cher.

Cette histoire de pagaille, due au ras-la-casquette des voyageurs exaspérés aurait dû amener la SNCF à s'excuser platement.
Vous n'y pensez pas!
Des années que ça dure et qu'on n'en parle jamais. Là, il a fallu que l'Eurostar et le Thalys soient bloqués, et que la circulation soit vraiment perturbée pour qu'enfin, on sache.

                                          
Et pendant ce temps-là, la mairie de Paris propose doctement des mesures de restriction draconiennes à l'encontre des automobiles. Delanoë veut faire interdire les véhicules diesel, les voitures de plus de 17 ans d'âge, ses adjoints proclament benoîtement qu'ils veulent rendre la vie impossible aux automobilistes. Vive l'écologie!
Et pendant ce temps-là, les Franciliens n'ont qu'à se débrouiller. 
Z'ont qu'à pas habiter la banlieue tous ces crevards!

Comme si Paris était un îlot coupé du monde! C'est très bien l'écologie, je suis pour. Mais alors qu'on se pose et qu'on réfléchisse un brin. Comment vont faire les gens si la circulation automobile tourne au cauchemar organisé et si les transports demeurent à ce point coûteux et délirants? 

J'ai bien envie de citer Pierre*, tiens: "je ne n'aime pas dire du mal des gens, mais en effet Delanoë, la clique à Delanoë, toute cette bande de bras cassés plein de morgue, bref, vous voyez qui je veux dire, ils sont gentils."



* Les cinéphiles s'y retrouveront.




jeudi 8 novembre 2012

Oatcakes ou comment rendre mangeables les flocons d'avoine

Ceci est une insulte aux papilles. Ça a goût de papier, c'est râpeux à la langue, atrocement fade et la consistance de la chose passe du carton mâché au gluant du plus bel effet quand elle entre en contact avec un liquide chaud. Le pire, c'est l'eau. Mais le lait chaud n'est pas mal non plus.
Je préconise donc les flocons d'avoine à quiconque aurait besoin de se purger par le haut. Après un verre de trop, par exemple.


Je n'aime pas jeter.
Je n'ai pas de cheval à qui faire cadeau de mes flocons.
C'est ainsi que je me suis lancée dans la fabrication des oatcakes. Des biscuits salés à l'avoine, pure scottish spirit. J'en avais goûté en Ecosse et c'était bon.

Furetant sur le net et souvenirs aidant, j'ai abouti à la recette. C'est très simple.

Il convient de mélanger 200g de flocons abominatifs avec 2 pincées de bicarbonate de soude (ça commence très british, isn't it?), un creux de main de sel, 2 cuillères à soupe d'huile - j'ai utilisé de l'huile de noix, parce qu'un peu de Frenchy dans le British ne peut pas faire de mal - et assez de bouillante eau pour que le tout forme une boule bien ferme.

Ensuite, on étale la boule avec prudence, parce qu'elle a tendance à se disperser en morceaux erratiques, assez finement, et on plaque un verre par-dessus pour faire des ronds.

Le tout est enfourné à 200°C et c'est cuit quand une odeur agréable vient vous chatouiller les naseaux.

Ces petites galettes sont infiniment meilleures que la bouillie répugnante que les ascèses s'infligent. Avec du fromage, du saucisson ou de la confiture, c'est délicieux.




mercredi 7 novembre 2012

Queue bavarde

Oui je sais. Je tiens mon blog de manière un peu relâchée en ce moment. C'est que mon existence s'organise autrement: plus de vraie vie et moins de machine infernale d'ordi. Alors le dosage entre les deux laisse à désirer et je m'en excuse platement.
Par exemple, j'ai enfin fini de tronçonner mon cerisier et je vous prie de croire que ça prend du temps, cette fantaisie-là.

Aujourd'hui pourtant, malgré une furieuse envie de faire la sieste, je ne résiste pas à une causette bloguesque.
A cause d'une queue.
Non mais ça y est! J'en vois qui gloussent en pensant que je vais encore les saoûler avec mes chats!
Et bien pas du tout.

Ce matin, je tenais la main d'un ami infortuné, obligé de s'envoyer une visite à la préfecture de Paris.
Nous avons donc fait la queue ensemble et nous nous sommes trouvés pris en sandwich entre un écrivain bègue, dont la nigauderie touchait au sublime, qui contait fleurette à une puissante Africaine, et une petite Marocaine bavarde et tellement râleuse que même Vlad aurait été stupéfié.
Aucune image ressemblant de près ou de loin à ce que j'ai vu ce matin n'est disponible sur le net. J'aurais dû  photographier moi-même.

Les images de queue sont soit pas regardables, soit barbantes. Heureusement que les toutous sont là.
A 8h10, nous étions à pied d'oeuvre, plantés au milieu de la place. Mon ami rencogné dans un renfrognement explicite et moi, pas mécontente d'être là. Mon terrain de queue habituel, c'est Bobigny et le décor n'est pas le même.

Hein? Quand même! Bobigny, c'est autre chose! Observons que là au moins, le net propose à la consultation des images qui collent à la réalité. Tandis que Paris fait de la propagande.
En outre, la discussion qui s'est engagée à l'arrière a achevé de me réjouir. Le gars bredouillant qui se prétendait poète et écrivain tentait visiblement d'entreprendre la Noire dodue et lymphatique située immédiatement derrière moi. Le malheureux était tellement timide qu'il alignait les ricanement bêtas et les propos cousus de fil blanc fluo du genre: "D'habitude je ne parle pas aussi facilement, surtout aux femmes. J'ai du mal avec les femmes, vous savez. D'ailleurs je suis célibataire. mais avec vous hihihihi je sens que le courant passe. J'ai tout de suite vu que vous étiez gentille hihihihii." Et ainsi de suite. La fille, prudente, flairant l'éventuelle possibilité de profiter de l'occasion, restait évasive. Elle a quand même eu le culot de se prétendre apprentie vétérinaire, ce qui semblait hautement improbable. Mais dans le fond, face au distingué écrivain de sciences fiction qui argumentait aussi savamment, tout était permis. Là-dessus, ils ont échangé leurs noms et leurs numéros de téléphone. Le gars s'est excusé de devoir se sauver parce qu'il était en retard (qu'on veuille bien m'expliquer ce qu'il faisait là), et il s'est enfui dans un galop de guingois incroyablement disgracieux.
Mon ami restait imperturbable, tandis que je dissimulais ma bonne humeur croissante dans ma grosse écharpe.

C'est alors que ma voisine de queue de devant, une petite brune terne, a commencé à râler.
Contre un monsieur qui photographiait les enfants chinois, d'abord. C'est vrai que la scène était charmante: deux tout petits s'ébrouant en riant sur la place, devant la queue zigzagante.
Cette initiative l'avait mise en rage. Ne voyant pas trop où était le problème et sentant venir une séance de récrimination pénible, je m'efforçais de ne rien exprimer, mais je l'ai regardée (contrairement à mon compagnon de queue qui perdait savamment son regard dans le vague d'un air sévère) et la séance a commencé.
Après le photographe, est venu le tour des resquilleurs. Car la grande porte s'ouvrait et personne ne surveillait la queue (alors qu'à Bobigny, les uniformes veillent au grain), sauf deux policiers postés juste à l'entrée.
Cette petite dame à l'oeil aiguisé vitupérait d'une voix douce, qui rendait ses considérations encore plus déroutantes. "Je ne suis pas raciste, mais regardez qui fait la queue et qui est agglutiné près de l'entrée." En effet, la ligne tendait vers l'Européen et l'Asiatique, tandis que le noeud de gens en désordre était plutôt coloré.
Ça prenait un tour pénible et pour la décourager de continuer plus avant, j'ai avancé un "Ils étaient peut-être là avant" sans conviction. Grossière erreur. Elle a pris mon propos au premier degré et m'a aussi sec reproché ma clémence. Pour un peu, j'étais responsable du déferlement de crève-la-faim sans foi ni loi qui étaient en train de submerger le pays. "Je ne veux pas payer pour ces gens-là, c'est pour ça que je ne veux pas de la nationalité française et que je m'en vais au Canada". Tiens donc! Elle était marocaine et, en se radoucissant un peu, m'a expliqué par le menu que la France foutait le camp à cause des pique-assiettes Noirs et Arabes qui venaient y faire la loi avec la bénédiction des Français. Il a été question de natalité galopante, de pays saigné, d'injustice et du détail de la manière dont les Canadiens, eux, faisaient le tri à leurs frontières. J'étais édifiée.
A ce stade de la discussion, un policier avenant nous a priés d'avancer. J'étais bien contente de ne pas être au Maroc où leurs homologues guident les queues à coups de trique et encore plus d'être débarrassée de cette petite dame douce et hargneuse. Je me demande comment mon ami s'en serait tiré sans moi. Est-ce que son air fermé aurait suffit à lui clouer le bec?

Après quoi, on nous a introduits dans les lieux avec force contrôles, conduits par des types costauds assez peu amènes. Contrôles inutiles au demeurant, puisqu'aucun ne m'a délestée des deux couteaux et des ciseaux rangés dans mon sac à main.
Ensuite, nous nous sommes trouvés assis à attendre avec un numéro à la main, dans cet univers Revizoresque caractéristique de nos belles administrations. La queue était terminée. Mon ami s'est animé. Le spectacle était fini.