vendredi 30 mars 2012

Explosion de jardin: qui est coupable?


Jamais vu un printemps comme ça.

On se croirait à Irkoutsk. En vingt jours, on est passé de l'hiver figé dans le gel à l'été torride.
Moi j'exagère?
Que non! J'ai encore un souvenir cuisant des services de cour, il y a peu, où le froid était tellement mordant que les lèvres se craqueluraient à vue d'oeil. On ne tenait ce long quart d'heure qu'à condition de tourner le dos au vent en dansant sur place une espèce de kolo* informe.
Tandis que maintenant, les fleurs s'ouvrent toutes comme autant de petits feux d'artifices qui font "pop". Magnolias, cerisiers, forsitias, tulipes.... tout le monde à l'unisson. Du jamais vu.
Bien évidemment, comme les autres, mon jardin est devenu dingue.
Regardez-moi ça:

Même les fleurs de pissenlits dont on dit tant de mal, sont jolies.



Les roses de Noël n'ont même pas défleuri que les tulipes fatiguent déjà.


Les amours en cage n'en finissent pas de mourir.


Ma clématite feuillit en accéléré et cette année, elle est encore plus mal coiffée que d'habitude.


Evidemment, mon cerisier est devenu blanc comme les cheveux d'un bonhomme de neige et les fleurs lui poussent de partout.







Pendant ce temps-là, mon lilas peaufine ses bourgeons ni vu ni connu. Le figuier se dépêche d'affûter ses armes et la sève pète sous les tiges.

Dans cette frénésie de pétales hirsutes, j'en profite pour faire sécher mon linge dehors (qu'est-ce qu'il sent bon après!),


 mes chats, gagnés par l'ambiance, se laissent aller.

Et moi, je tâche de garder mon sang-froid. Ce printemps sibérien n'est pas désagréable. On se donne rendez-vous dans deux semaines pour les premières cerises? 


dimanche 25 mars 2012

Marché de l'heure d'été

Midi et demi, heure et temps d'été.

Tout le monde était encore réglé sur l'hiver, alors le marché battait son plein.
Il y avait foule.

Des petites vieilles dames méticuleuse qui tâtaient les fruits entre deux trottinements.
Des belles gitanes sanglées dans des robes décolletées, le cheveu méché et froufroutant, perchées sur des mules à talons hauts.
Des Arabes à charriot déterminées à marchander ferme, qui tenaient la dragée haute aux marchands.
Des jeunes filles printanières à la recherche du vernis à ongles ou du quolifichet qui les rendrait irrésistibles.
Et les jeunes gens assortis, tapis entre les étals, occupés à les envisager.
Des copines et des copains de tous âges, avec ou sans marmaille, qui flânouillaient en rigolant, bloquant la foule à marée montant et descendante.

Et puis il y avait moi.

Mon butin

Test: faut-il revenir à la vinasse?

Que Choisir vient de publier une étude sur la qualité de l'eau dans nos commune.

Guère rassurant. On s'en doute..

 2 747 communes distribueraient une eau non conforme aux normes dictées par le code de la santé publique. Et mieux vaut vivre en ville qu'à la campagne où l'eau est cochonnée par les épandages agricoles.
En clair, dans la doulce France, l'eau est devenu un bouillon d'onze heures. Et il faut la payer quand même!

La pollution d'origine agricole représente 69% des cas de pollution. Vive l'agriculture intensive... pas étonnant que les abeilles, ou ce qu'il en reste, deviennent citadines. 

Tout un tas de problèmes de santé pas francs nous pendent au nez avec ça. Les pouvoirs publics lâchent de bout des lèvres que l'eau trop nitratée n'est pas bonne pour les femmes enceintes et les nourrissons. Foin des détails et prenez-en ce que vous voulez.
C'est étrange, sur Internet, je n'en ai pas trouvé de liste claire des maladies provoquées par les saletés en question. Sûrement un hasard.

Quant au principe "pollueur-payeur", on ne connaît pas.

La pollution radioactive (là, on n'y peut rien, à part déménager) représente 4%. Sinon: cancers.

La pollution due à un dysfonctionnement représente 27% des cas. Excusez du peu! Le gars a picolé parce que l'eau de son robinet est dégueu. Saoul comme une grive, il balance la dose des sels d'aluminium ou de chlore ou autre chose et résultat: Alzheimer.

Le plus intéressant dans tout ça, c'est qu'en cliquant sur ---> ce lien, on peut savoir si sa commune est buvable ou pas.

Chez moi, la qualité de l'eau est jugée bonne. Encore que..j'aimerais être sûre que les mesures effectuées correspondent bien à la réalité.
 J'attendrai donc encore un peu pour me remettre au gros rouge qui tache, comme mes ancêtres.



Mais chez vous, c'est comment?

mardi 20 mars 2012

Les agneaux demandent le silence


C'est dans ma voiture, en route vers le boulot, que je l'ai appris.
J'étais en retard et j'ai pris pile les infos de 8h00 en pleine poire.
Ça réveille.

Cette histoire de carton dans une école m'a saisie presque au saut du lit.
Ça assomme.

D'autant plus que rien ne nous a été épargné. La journaleux aiment se gargariser dans l'horreur. C'est bon ça, coco.

J'arrive donc à l'école sonnée. C'est pas l'envie qui m'a manqué d'éteindre cette radio de malheur, mais j'ai été prise de scrupules. C'est pas bien de couper le sifflet aux assassinats d'enfants. Alors je l'ai laissée.

C'est pour ça que j'ai été doublement contente d'arriver sur le parking de mon école.
J'aime bien retrouver mes petits monstres et en plus, j'étais vraiment soulagée à la perspective de ne plus entendre parler de tout ça pendant sept bonnes heures.

C'est dire ma consternation quand j'ai appris qu'on nous priait de bien vouloir observer une minute de silence à 11h dans les classes.
Non mais franchement, à quoi ça rime?
Qu'est-ce qu'ils y peuvent, mes mouflets de 10 ans, à cette boucherie?
Je me vois bien arrivant en classe. Présences, appel de cantine, étude. Et puis: "mes chéris, un dingue à massacré des pauvres gosses comme vous dans une école. C'est très triste et très glauque, alors nous allons nous taire 1mn à 11h pour y penser bien fort."
Un coup à les chambouler encore plus, les pauvres.

Je considère en outre que les têtes pensantes qui règnent sur notre beau pays n'ont pas à me dicter la marche à suivre en matière de minute de silence ou autres. C'est moi qui ait affaire aux enfants. Pas eux.

J'ai donc protesté haut et fort que je n'en ferais rien.

Un peu de pudeur, quoi, merde!

Mais en classe, après les présences, l'appel de cantine et l'étude, Yasmine a demandé: "Maîtresse, vous avez vu ce qui s'est passé à Toulouse?"
Piégée.

Bien obligée de répondre... la télé allumée n'importe quand, voilà ce que ça donne. Ils laissent traîner leurs oreilles et c'est moi qui hérite de la séance causette.
D'autant que le coup d'envoi était lancé et tous les gosses y sont allés de leur pluie de questions et remarques.
"Mon papa, il dit qu'il y a des gens, ils ont un double visage. Ça veut dire quoi?"
"Il paraît que c'était des Juifs, les enfants. C'est comme au Moyen Age alors?"
" Pourquoi il a fait ça?"
"C'est où Toulouse? "..Réponse.. "Aaah ! ça va! C'est loin alors!"
"Mon grand-père, il dit que c'est à cause des jeux vidéos".
Certains réinventaient même l'histoire en ajoutant des détails pas trop racontables.

Yasmine qui mijotait ça depuis le début m'a filé le coup de Jarnac:
"On va la faire la minute de silence?"
J'aurais préféré que tu la poses pas, celle-là...

Il a fallu commencer par expliquer ce que c'était. Restons pédago.
Et pourquoi parfois, on se taisait une longue minute. Ça leur a plu, aux loulous, cette nouveauté. D'autant que je leur ai dit carrément qu'à moi, elle ne me plaisait pas trop, cette minute-là, parce qu'ils étaient encore petits pour ce genre de cérémonie.
Ruben, qui n'est pas idiot a lancé: "Ben oui! Et pourquoi qu'on ferait pas aussi une minute de silence pour les enfants qui sont morts dans l'accident de car en Suisse?"
Bien vu Ruben.
Un mort est un mort. Faisons silence pour tous.

Y'a rien eu à faire: ils l'ont voulue, leur minute. Défi? Rituel initiatique? Pari de ne pas rigoler?
J'ai fini par céder. Si ça pouvait leur faire plaisir...
J'ai posé mes conditions: si on n'entendait pas la sonnerie idoine à 11h, on laissait tomber. Pas question de se farcir une minute en retard à 3h de l'après-midi.
Si ça tournait à la grosse rigolade, on n'insistait pas. Je voyais d'ici les crises de fou-rire à la quinzième seconde.
Si on n'avait plus envie, on oubliait.
On est tombés d'accord.

A 11h, évidemment, ils ont entendu le signal.
"Ça sonné, là, non?
- Oui maîtresse!!! (zyeux brillants, souffles retenus)
- Bon, on y va alors?
- Oui maîtresse!"

Il a bien fallu y aller...

J'ai cru un instant que Yasmine  nous tirerait de là, parce qu'elle retenait à grand peine ses gloussements. Elle s'est maîtrisée.

C'est ainsi que j'ai fait exactement le contraire de ce que j'avais prévu de faire et je ne sais pas encore si je suis une sale renégate vendue aux médias ou une héroïne magnifique.

Sale histoire...





dimanche 18 mars 2012

L'alcool non! Le sexe oui!

Voilà-t-y pas qu'hier, dans le RER, je trouve un morceau du "Monde Sciences et techno" traînant sur un siège.
Un truc lisible, pour une fois.

Et là, je tombe sur un article troublant.
Il paraît que la mouche drosophile mâle, si elle est éconduite par la mouche drosophile femelle, va se rattraper sur de la nourriture alcoolisée.
En revanche, les mâles autorisés par ces dames à copuler choisiraient des mets peu ou pas alcoolisés.
La chose s'expliquerait par l'élévation du niveau de NPF, un neurotransmetteur sécrété par la satisfaction sexuelle de la mouche mâle.
La mouche frustrée, elle, serait forcée d'activer un autre circuit nerveux, dit "de récompense" pour ne pas sombrer dans la mélancolie. D'où le recours à l'alcool.
L'histoire ne dit pas ce qu'il en est de la femelle mouche. On suppose qu'elle s'envoie en l'air sans retenue et que tout va bien pour elle. Nous nous en réjouissons.



Des menues différences mouche/l'homme, faisons table rase, car les chercheurs doctement occupés à étudier les états d'âme de la bestiole feraient le lien avec les mécanismes d'addiction chez l'homme.

Forte de ces nouvelles découvertes, je m'en suis allée chercher sur le Net et j'ai trouvé quelques cartes bavardes.
D'après l'OMS, la France est le plus gros consommateur d'alcool(15,7 litres par habitant) après la Moldavie (19,2 litres) et le Russie. Il est vrai que les alcools ne sont pas les mêmes et que le shoot russo-moldave est plus violent.

N'empêche que si j'en crois les savants qui chatouillent les drosophiles, le message est clair.
Voyez plutôt.....


Carte de la consommation d'alcool mondiale publiée par l'OMS en 2011


En France, suivez mon regard.
Carte établie par l'association Alcooliques Anonymes. Pas de date.

Là, après deux-trois vodkas, l'équipe du professeur Ulrike Heberlein, spécialiste d'anatomie et de neurologie à l'Université de Californie à San Francisco s'est un peu lâchée, mais en gros, on s'y retrouve.


jeudi 15 mars 2012

Free Mobile: c'est parti!

Ça y est. J'ai cédé aux chants des sirènes et j'ai quitté mon vieil amant  NRJ. Pauvre NRJ... Depuis quelques temps déjà, il se décarcassait à m'envoyer des tas d'offres très chouettes. Par exemple: un Blackberry Curve 9300 pour 1€ et tout en illimité pour 39,99€ par mois. Pourquoi donc ne disent-ils pas 40€? On nous prend vraiment pour des zoubidous... et bien évidemment, je me passais la corde au cou pour 2 ans.

J'ai quand même plaqué NRJ en me disant que je pourrais toujours revenir après mes infidélités. Il me restait 5 mois à tirer chez eux. Je vais en être quitte pour le quart de ce que je leur devais encore. J'y gagne. Je suis vénale, hein?


C'est le printemps après tout. Soyons fous!


Ça m'a pris le 8 mars dernier.
J'ai une Free Box et j'étais donc déjà connue des services de Free.
Un soir d'audace, je me suis lancée. Simple comme bonjour.
Il suffit d'aller sur le site FreeMobile, de choisir son forfait et d'entrer son code RIO pour que Free se charge de la portabilité (en gros le nouvel opérateur se charge de damer le pion à l'ancien en gardant le même numéro).
Ils expliquent très bien la procédure.

Ensuite, ils envoient un mail de bienvenue où ils donnent des codes pour se brancher sur un espace abonné.
Moi, je croyais que ça mettait plus d'un mois pour que tout ça soit réglé. L'espace abonné, je n'y suis même pas allée voir, parce que j'avais plus urgent à faire.

J'ai reçu ma carte SIM aujourd'hui et par la même occasion, j'ai découvert que je changeais d'opérateur...aujourd'hui à 11h. J'ai failli me retrouver sans connection du tout!!!!
En fait, j'ai bel et bien été sans connection de 11h à... la fin de l'après-midi. Sauf que je ne m'en suis pas rendue compte.

Ils ont un sens de la synchro un peu haute voltige, chez Free...

Bon. J'active la carte. Très bien, ça a l'air de fonctionner.
Mon ancien téléphone, comme tous ceux vendus par NRJ, est débloqué. Pas de problème.
Avis aux autres: pensez à faire débloquer vos engins avant, et sans traîner, sans quoi c'est silence radio plusieurs jours de plus.

En revanche, la nouvelle connection internet coince. Plus d'internet. Pas bien grave en soi, vu que mon téléphone, un LG GW300, possède un écran grand comme une noix. Je réserve la consultation d'internet aux jours de folle curiosité ou de lubie.
N'empêche.

J'y ai droit, je le veux!

J'appelle Free aussi sec.
Je tombe sans trop attendre sur un brave gars engoncé dans une politesse commerciale assez décoiffante. Il me colle du "Madame Truc" tous les trois mots et finit d'ailleurs par mélanger mon nom et mon prénom. Il est finalement incapable de m'aider à résoudre mon soucis et me conseille de demander au fabricant. Va falloir aller poser des questions à LG. Pas envie.
Free a ses limites.
C'est pas cher, mais l'aide aux clients est limitée. Autant le savoir.

Et puis, j'ai remarqué qu'il fallait s'y reprendre à plusieurs fois pour obtenir son interlocuteur.
Sitôt l'appel lancé, la ligne bloque et il faut recommencer une, deux, trois fois.
Renseignement pris, c'est pour l'instant LE défaut chez Free. Pas mal de gens se plaignent de devoir recommencer plusieurs fois pour obtenir leur ligne. C'est poison. Surtout si on est pressé.

Quelle teigne!
Je suis chez Free depuis quelques heures seulement et je commence déjà à râler!
Les nouveaux amants opérateurs, c'est comme ça: on les essaye, on les dresse ou on les quitte.
L'avantage quand même avec Free, c'est que je peux le plaquer quand je veux, au cas où j'aurais envie de me laisser passer la bague au doigt pour deux ans par un autre.





Alex Berdisheff

Vous connaissez Ebay?
Mais si! Ce site d'enchères où on trouve de tout!

Voilà quelques années, j'aimais bien hanter Ebay. Autant pour y glaner à vil prix des choses dont j'avais réellement besoin, que pour le plaisir du sport. Remporter une enchère à la demi-seconde près procure une mini décharge d'adrénaline très agréable: le vieil instinct de chasse se réveille. Sauf qu'au lieu de tuer un lièvre affolé (et rapide) d'une flèche cruelle, on extermine son adversaire par écran et enchère interposés. C'est plus moderne.

Un Arawak nous écraserait de son mépris, mais qu'importe.

Ce plaisir-là menaçant de devenir addictf, j'ai assez vite jeté l'éponge. Je ne vais plus sur Ebay que pour mes stricts besoins. C'est-à-dire le plus rarement possible.
En plus, j'ai perdu la main et je me fais presque toujours coiffer au poteau. C'est décourageant.

A cette époque où donc, je chassais sur Ebay, il m'arrivait de lever des proies intéressantes. Un jour, je suis tombée sur une peinture. Elle avait l'air pas mal et en prime, la vendeuse annonçait "artiste géorgien". Les gens qui traînent par ici commencent à cerner quelques-uns de mes dadas, dont la Géorgie fait partie. J'ai donc cliqué sur l'objet et mon instinct de chasseresse s'est réveillé.
Non seulement l'artiste, Alex Berdisheff, était géorgien (ou assimilé tel), mais sa peinture me plaisait.
J'ai pris le risque.
Quarante-cinq euros, c'était possible. Surtout qu'à cette époque, je ne comptais pas les sous comme aujourd'hui.

J'ai remporté la seule et unique enchère - la mienne - et je suis allée chercher mon tableau à Saint-Denis, tout près de chez moi. La vendeuse était une jeune maman charmante, amateur de peinture et peintre elle-même. Son mari avait déniché trois peintures de Berdisheff dans une vente aux enchères pour presque rien. Il les avait achetées, mais, m'a-t-elle dit, leur appartement était trop petit pour les garder.
Peut-être me suis-je fait escroquer.
Peut-être pas.

En tout cas, j'aime beaucoup mon tableau.



Il en a peint d'autres, que j'aime bien aussi.



Peut-être même qu'elles valent des sous, ses toiles. Allez savoir.

mercredi 14 mars 2012

Mots d'enfants

Mardi, 16h05.

Les élèves sont en train de rentrer chez eux, ou en récréation d'étude.
Je suis en classe avec une poignée d'entre-eux. C'est l'heure d'AP (Aide Personnalisée)= en français: soutien scolaire. Il y en a deux comme ça par semaine.

Ils goûtent en causant. L'ambiance est très détendue. Pour ça au moins, c'est sympa, l'AP.

Jessica a apporté du goûter pour un régiment. Généreuse, elle offre des biscuits "Prince" à tout le monde.

"Qui veut un Prince??? "

 Rachid répond:
"Moi, je veux une princesse."


mardi 13 mars 2012

Quand les petites filles grandissent

Ce matin, à 8h32, sitôt ouverte la porte donnant sur la cour, j'ai bien vu que mes élèves n'étaient pas comme d'habitude.


En général, à cette heure-là, ils sont plutôt mollassons. Ils se rangent sans trop s'agiter. Ils sont presque disciplinés. Ensuite, au fur et à mesure que le soleil gagne le zénith, les choses changent et ils redeviennent normaux.

Là, il flottait sur le coin des filles une agitation aussi matinale que suspecte.
D'ordinaire, en pareilles circonstances, je vois assez vite surgir des enveloppes décorées qui signalent un anniversaire prochain. Ou des breloques bariolées qu'on me brandit sous le nez avec ravissement.
Là, rien.

Sur mes gardes, je les ai fait entrer dans le couloir et tâchant de flairer la cause de ces mystères. Réflexe de survie: anticiper, toujours anticiper. Ne jamais être pris en traître.

Ces demoiselles se sont calmées en classe. Bien obligées: je tiens à ma paix, par conséquent, je les ai installées le plus loin possible de leurs copines. On est là pour travailler nom d'un petit bonhomme!
Donc, au boulot.
Elles ont tenu le coup vaillamment pendant les opérations à virgule, puis pendant l'anglais.
Mais juste après le calcul mental, j'ai à nouveau senti planer cette surexcitation bizarre. Ces coups d'oeil entendus. Ces sourires un peu crispés.
L'approche de la récré?
Pas normal.
Même la récré ne leur fait pas cet effet-là.

Alors je me suis dit que la belle Andréa devait avoir un nouvel amoureux et que ça ne me regardait pas. Qu'ils roucoulent en paix.

J'étais de service de cour. Première cour agréable depuis longtemps. Il faisait doux et le soleil chauffait doucement.
Ces demoiselles n'ont pas tardé à m'encercler de leurs airs mystérieux et de leurs sautillements fébriles.
"Maîtresse! On a quelque chose à vous dire!"
"Maîtresse! Il s'est passé quelque chose!"
Dès qu'un malheureux garçon approchait, par l'agitation alléché, elles le repoussaient sans ménagement. Du coup, les garçons se sont mis à rôdailler autour d'elles en un deuxième cercle plus lâche. Ils étaient intrigués, lançaient des coups d'oeil torves en faisant semblant de jouer, et ouvraient leurs oreilles de loin.

On est bel et bien allé me chercher Andréa qui n'attendait que ça et qui s'est mise à faire des mines en rougissant.

"Allez! Dis-lui, à la maîtresse!"
"Maîtresse! Andréa, elle a quelque chose à vous dire!"

Elle mourrait d'envie de me le dire, Andréa, seulement, elle n'osait pas.

Finalement, poussée par le autres qui l'encourageaient, rose d'excitation et de confusion tout à la fois, Andréa a fini par me souffler:
"J'ai mes règles..."

C'était donc ça!

Aussitôt, la tension est retombée comme un soufflé. Elle avait rompu le charme en parlant.
Et dans le même temps, elle est redevenu une petite fille.

La cloche a sonné.

Elle est allée se ranger avec les autres.
Le calme est revenu.
Tout a continué comme avant.
Ou presque.





dimanche 11 mars 2012

Tout ça pour un petit noir

Je reviens du blog de Minijupe. Du coup, ça m'a inspirée.

Brusquement, j'ai eu envie d'un bon petit café. Mais comme il est exactement 22h24, je vais m'abstenir. Déjà que j'ai du sommeil à rattraper, pas le moment...

Alors à la place, je vais me shooter aux images qui filent du plomb dans l'aile au mythe. Qui veut sniffer?

Au début, un bête arbuste même pas capable de faire des fruits mûrs en même temps.



C'est d'ailleurs pour ça que neuf fois sur dix, la lavasse qu'on nous sert est imbuvable: c'est ramassé à la machine en vrac. Emballé c'est pesé. Encore une veine si le tas de baies n'est pas laissé à pourrir dans un coin. Voilà pourquoi on torréfie jusqu'au stade charbon ensuite.
Ça masque l'arrière-goût suspect.

Plus tard, les commerciaux entrent en action pour nous feuler du mystère, de l'arôme moelleux ou du corps racé. Pour un peu, on aurait envie de galipettes.
Z'ont parfois de l'humour...



Parfois moins...


Tout ça pour nous faire ingurgiter un breuvage douteux qui excite énerve.

Pour finir, heureusement qu'il y a des petits jeunes à qui on ne la fait pas. Merci Minijupe!


Et aussi des compositeurs visionnaires!


Bon, allez, c'était pour rire.
Juste pour me faire passer mon envie de café et vous en faire profiter.

vendredi 9 mars 2012

Superbes mémés

Nos journées sont riches d'événements palpitants en ce moment.

La journée de la femme hier. Encore que...moi, cette manière de roucouler à la gloire des femmes une fois par an, à date fixe, ça me rendrait presque misogyne. Dénonçons tout ce qu'il y a à dénoncer tout au long de l'année! Offrons des fleurs ou des gentillesses aux nanas (ou aux mecs) quand ça nous chante et foin de ces réunions forcées.
Si c'est ça, aujourd'hui, c'est la journée internationale de la loutre et personne n'en parle. C'est pourtant une espèce menacée très sympa, la loutre.

Voyez bien que ça ne sert à rien, les journées machin-truc!
Mais je m'emballe...
Avant-hier, autre événement inoubliable: l'Eurovision.
Du lourd l'Eurovision. De l'international bien trafiqué. A tel point que ça peut même devenir intéressant, si l'humeur est à la rigolade.

Il se trouve que le 7 mars, l'Eurovision se prépare déjà un peu partout. En Russie (encore!), ce soir-là, ils ont choisi des représentantes plutôt originales pour le grand soir.

Par chance, ça n'avait pas échappé à mon amie Sladja. J'ai été avertie en avant-première.
Quand j'ai regardé ça, je suis restée interdite.
Les Russes (toujours eux) sont décidément surprenants.

Allez, savourez, savourons tous ce pied de nez magnifique à l'Eurovision pailletée, anglosaxonisée et siliconée! Du coup, le 26 mai prochain, je jetterai un oeil intéressé.

                                 давай !!!!

                                                            

mercredi 7 mars 2012

Blues de rentrée et étincelle de Russie

1/ ⚉ ⚇ BLUES⚉ ⚇
                ☂

C'était la rentrée lundi.
J'ai coutume pendant les vacances de prendre des habitudes exécrables: comme me coucher trop tard, par exemple. Vous croyiez quoi? Que je me finissais aux alcools forts?
Allons allons....

Du coup, deux jours de boulot m'ont flanqué un coup de barre affreux.

Les dernières trouvailles de Sarkozy n'ont rien arrangé à mon état. J'avais réussi à les fourrer sous le tapis, mais là, elles m'ont assaillie traîtreusement.
L'idée de filer 500 euros de plus aux profs du secondaire en échange du tiers de leur service en plus, ça m'a effarée. Monsieur le président insinue donc clairement que les profs baignent dans un temps libre moelleux comme des pachas langoureux... Une telle méconnaissance du métier me sidère. Encore que..de la part d'un mec qui considère la Princesse de Clèves comme un torchon snob, ça ne m'étonne pas.
Il leur file la pièce comme un crevard pour leur fouetter le sang.
Hue les profs!

Ensuite, moi, prof des écoles, il paraît que j'ai le même statut qu'un prof certifié. Sans les primes de prof principal et autres gâteries. Si je veux arrondir mes fins de mois....je peux pas. Finies les cantines et les études: notre municipalité adorée* a décidé de réserver à des contractuels les postes de tâcherons aboyeurs surveillants de cantine et de forçats des fins de journée surveillants d'étude payées"surveillées" et en fait "dirigées". La différence?
Quand on "dirige", on aide. Les enfants sont moins nombreux et c'est payé correctement.
Quand on "surveille", on trône au bureau tel un sphinx et on laisse les gosses se démerder. Ils peuvent être  25 et plus et c'est payé des clopinettes.
Seulement, si un petit demande de l'aide, vous vous voyez lui refuser en lui aboyant de retourner à sa place?
Vous avez tout compris.

Enfin, de toute façon, c'est terminé.
Notre bonne ville vient de réduire à néant toute possibilité de gagner plus en travaillant plus. Il est vrai que le maire est socialiste....

Quant à nous proposer le même genre d'esclavage qu'à nos collègues du secondaire, c'est impossible.
Trente-quatre heures de présence devant les élèves, c'est pas humain.
Comment ça pas humain, feignasse?
Ah oui, c'est vrai qu'un prof, ça prépare et ça corrige. C'est long, ça.
Ça reçoit les parents aussi.
Un exemple au hasard: j'ai passé une heure, après la classe, avec une maman.
J'ai été payée?
Non.


Cette histoire d'heures sup me fâche donc doublement.
Primo, Sarko prend les profs pour des abrutis qui ne foutent rien. Ça y est, c'est officiel. Presque aussi puants que les chômeurs qui nous parasitent et qui vont devoir se mettre au boulot, sacré nom d'un chien!

Secondo, je me demande comment légalement, on peut aligner des statuts semblables sur une pareille inégalité.
Et je passe pudiquement sur les services de récré ( 90mn par semaine ) où la moindre inattention risque de nous envoyer en taule, pendant qu'on se gèle dans le blizzard.
Quand le statut de prof des écoles a été crée en 1990, ça a râlé à ce sujet. "On" a protesté que les profs d'écoles n'étaient pas tenus d'assurer ces services. Les instits, si. Imaginez la foire d'empoigne dans les cours d'écoles. Le marché de Brive-la-Gaillarde aurait ressemblé à un poème roucoulant à côté de ce qui menaçait. Alors, comme d'habitude, les syndicats se sont dégonflés pour régler ça à la loyale et les profs des écoles ont été priés de se taper les services tout pareil. Sans partir en retraite plus tôt comme Lucette et Raymonde.

*Aulnay-sous-Bois

2/  ☼ ETINCELLE ☼
♩♫♬♭♪♩♭♫♪

J'habite non loin de Clichy-sous-Bois. Oui, la ville des émeutes où les délinquants bigarrés ne trouvent rien de mieux que se planquer dans les transformateurs électriques.
Bien.
Clichy, c'est aussi un endroit où se donnent des spectacles sympas et pas chers.
La zone n'est pas aussi glauque qu'on le pense..

Ce soir, j'avais réservé des billets pour le "ballet national de Sibérie".
J'en suis revenue émerveillée.
Toute la sale poussière grise de la rentrée a été balayée.
Je vais aller me coucher apaisée.





samedi 3 mars 2012

Bande de petits salopards!

En France, l'enfant est roi. Surtout à l'école. Rachid a sauté sur Jeremy en classe pour lui "niquer sa race"? Maeva a traité Laura de "sale pute"? Qu'à cela ne tienne: l'enfant est au centre du système.


Négociation et écoute sont mères de l'éducation, l'enseignement, nique ta... rien. Pas question qu'un adulte se risque à leur balancer une tarte, même si ça démange.
Au mieux, on réunit un conseil des maîtres, où l'inspection est conviée. On cause, ça tourne en rond. Ça ne sert absolument à rien et en plus, on a flanqué en l'air un peu du précieux temps de repos du midi.
Si le prof n'a pas le chic pour mater les monstres, la classe retourne doucement à la sauvagerie primitive dans l'indifférence générale.



Ailleurs, par delà les mers, les méthodes sont différentes.
- Refus de ramasser les miettes de gâteau, à la cantine? Arrestation immédiate et brutale: bras cassé de l'ado délinquant.
- Bataille de purée? Gaz lacrymogène.
- Tu verses du lait sur le crâne de ta copine? Arrestation, direction le tribunal. Casier judiciaire.
- Tu refuses de montrer ton badge à l'entrée du lycée parce que tu trouves ça idiot, vu que tout le monde te connaît. Rébellion, insubordination, intrusion. Taser.
- Insolence? Un flic te braque son arme (chargée) dessus.**

Autres lieux, autre moeurs.

Dans ce pays amoureux de l'ordre, un gamin condamné à une amende restée impayée est rattrapé par sa turpitude à ses 17 ans: incarcération immédiate pour non-paiement. Même si à l'époque, il avait 10 ans.
Même si leur faute consistait en une bêtise pas bien grave: s'asperger de parfum en classe, parce que les copains vous traitaient de "grosse vache qui pue".
Dans les cas extrêmes, renverser une table en classe, par exemple, les mômes filent directement en prison. Ils peuvent y rester des années. Leur vie est foutue.

Le plus incroyable, c'est que les parents râlent bien un peu, mais mollement.

- Ce sont les professeurs qui devraient faire régner l'ordre et la discipline.
- On a besoin de la police à l'école, mais ils devraient y aller moins fort.
- Ils ne devraient pas patrouiller dans la cour.
- Mon fils a été tué parce que la police a tiré sur lui. Il leur braquait dessus un faux pistolet qui avait l'air vrai, le pauvre. Ils auraient dû utiliser un Taser et le drame ne serait pas arrivé.

Dans ces conditions, évidemment, tout élève pauvre ayant été arrêté se voit automatiquement interdit d'université. Car aux boursiers, on pose la question fatale: "avez-vous été arrêté(e)?". Mieux vaut que ce soit "non". Sinon, pas de bourse.
Ceux qui ont les moyens de payer les frais exorbitants d'une scolarité universitaire, en revanche, peuvent avoir massacré père et mère. On ne leur demande rien.

Et maintenant, un petit jeu.
Qui est capable de dire quel est ce pays où la discipline est reine et où les mômes n'ont qu'à bien se tenir?


Je parie des fraises Tagada* que vous trouvez en moins de 10 secondes!


*Ou des bandes au coca qui piquent.



*Ou des crocodiles gélatineux.


*Ou tout machin sucrailleux.












** Source: Courrier International N° 1109. Extrait de The Guardian. Chris McGreal