Heureusement, cette mode barbante fut de courte durée. Plus personne n'y pense et c'est très bien.
En plus, c'était laid et cucul. Cette débauche d'orange bouffi et de pseudo noir filasse me filait la nausée.
Une insulte aux anciennes coutumes qui elles, étaient d'une autre trempe.
En ce début d'année celtique, aussi appelé Samain, le monde des morts se mêlait au monde des vivants. Au moment où je vous parle, un trépassé pouvait venir me souffler son souffle froid au visage, une sorcière frapper à ma porte ou un ectoplasme m'envoyer une paire de gifles. C'était dangereux. Les morts pouvaient être méchants.
Pas question de se payer leur fiole avec une citrouille hilare trônant au milieu des nains de jardin.
Pour tâcher d'échapper à leur colère froide et les empêcher de revenir investir les maisons, il fallait recourir à la ruse: ressembler à un mort. Tout les moyens étaient bons. Revêtir des peaux de bêtes déchiquetées, se noircir le visage, s'ébouriffer la tignasse, proposer des offrandes de nourriture pour tâcher de les amadouer... et en cas de nécessité, s'il fallait absolument sortir, il était indispensable de se munir d'un lumignon adapté: un navet évidé en forme de visage grimaçant, dans lequel on plaçait une petite chandelle.
Sans quoi, on risquait dieu sait quel sévice horrible.
Certains coins étaient spécialement propices aux échanges morts-vivants. La baie du Mont Saint Michel, par exemple. Il paraît que les morts s'y donnaient rendez-vous (un soir comme ce soir, ça doit grouiller) et que dans le secteur, les gens ont encore l'habitude, lors des obsèques, de tourner quelques instants le secteur dans la direction du Mont.
Du sérieux. Rien à voir avec les gesticulations de supermarché.
Ce jour-là, dans le doute, il est recommandé de prendre quelques précautions. Sait-on jamais quelle âme en peine est en train de rôdailler aux commissures de vos fenêtres.
Je vous les livre gratos:
- Surtout, il ne faut pas mettre de vêtement à l'envers, pas même une chaussette, sinon, on est sûr de tomber sur une sorcière. C'est déplaisant. Surtout si elle ressemble à ça.
- Si une bougie est allumée et que sa flamme est bleutée, alors un esprit vagabonde dans le secteur immédiat. ALERTE!!!!! Filez-lui vite à manger!
- Si vous accouchez le 31 octobre, l'heureux enfant sera tout sa vie à la croisée des mondes: il verra les défunts et pourra causer avec eux. Joyeuses soirées en perspective!
- Plongez des pommes dans une bassine d'eau. Elles flottent. Attrapez-en une avec les dents (bon courage l'ami!). Une fois la pomme attrapée, vous êtes complètement trempé(e) et vous risquez une bonne crève. Vive Halloween. Non, c'est pas ça.
En fait, plus la pomme est grosse, plus vous allez être riche dans l'année.
Ça valait le coup d'attraper une bonne bronchite, non?
La Baie du Mont Saint-Michel conserve un
Lo, tu exagères, à Samain, il y a de bons moments : des banquets, des beuveries, auxquels tu ne peux te soustraire sous peine de mort par les druides (ça leur fait l'occasion de récupérer un crâne pour le samain suivant), un temps de non-temps puisqu'il se déroule entre la saison claire et sombre (d'où la possibilité aux morts de venir nous emmerder un peu)et la possibilité pour certains courageux de s'aventurer sur des chemins dévoilés jusque dans l'Autre Monde où, paraît-il, ils auraient passé des heuuuuures inouuubliables entre les mains d'entités. Mais le temps des Dieux n'étant pas le même que le nôtre, nos héros reviennent chez eux en constatant qu'ils ne peuvent plus y vivre puisqu'ils sont morts. Aïe, c'est bêta !
RépondreSupprimerMon arrière grand-mère , paysanne niçoise,(qui tirait les cartes), faisait cuire des châtaignes,le soir du 31 Octobre, et en laissait pour les morts...
RépondreSupprimerL'interdiction de faire la vaisselle, et de balayer les miettes, après le repas du soir, chez elle, c'était toute l'année... parce que les défunts sont parmi nous.
@En effet Anonyme, ça devait être de sacrés chouettes moments.
RépondreSupprimer@Sorcière, ton arrière-grand-mère perpétuait donc une tradition qui remontait à avant les Romains. Emouvant....Et toi? Tu la respectes aussi? Tu ne fais pas non plus la vaisselle?
je suis comme toi!! merde.hier matin, j'ai fait, un peu, un peu seulement, alors peut-être que ça compte pas, heureusement, j'ai une jolie petite chatte noire, elle est sans doute une ancienne assistante de sorcière et vu les conneries qu'elle arrive à faire, on est à l'abri des mauvaises surprises...et puis, on reviens de la bretagne profonde où on a sans doute croisés des ankou..z'ont été très simpas....
RépondreSupprimerLes ankous,c'est ceux qui entrent dans les villages avec une charrette vide et en resortent avec une charrette..."occupée".
RépondreSupprimerBon, la Bretagne, c'est un peu spéc. on ne sait pas trop où commence la terre et où commence l'océan, heureusement que de grosses pierres debout arriment la Bretagne au continent européen, pas comme les Grecs.
Dans le Nord où l'obscurité a déjà planté ses griffes dans le bois des volets, on entend des drôles de souffle dans les forêts, des cliquetis de ferraille, des hurlements de chiens et des hennissements aigus : la Mesnie Hellequin se prépare. La Chasse Sauvage se prépare !
RépondreSupprimer@sorcière : j'ai lu un jour que César (Jules) s'agaçait beaucoup du Massif de la Baume qui demeurait, malgré la Conquête romaine, un haut lieu de célébration druidique et gauloise. Derrière la façade latine du Sud de la France, je suis sûre qu'il y a des gestes traditionnelles qui en disent encore long sur nos ancêtres les Gaulois.
RépondreSupprimerEn Allemagne, près de la frontière polonaise, avant la guerre, le 31 octobre, on "s'amusait" à creuser des citrouilles qu'on plaçait sur les murs de cimetières avec des bougies allumées afin d'éclairer les morts.
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