mercredi 20 juin 2012

Bac allégé

Notre regretté ministre Luc Chatel avait décidé d'alléger le vieux bac, jugé indigeste, coûteux, truqué et j'en passe.
Revoir le machin pourquoi pas?
On pourrait peut-être commencer par se demander à quoi il sert, puisque de toute façon, on s'arrange pour que presque tout le monde l'ait.
Chez les uns, on pratique une circoncision hard*. Chez nous on passe le bac. Chacun ses coutumes.

Donc, cette année, les premières victimes  la première fournée d'heureux bénéficiaires de l'allégement annoncé ont passé les épreuves anticipées du baccalauréat.

Il se trouve que ma fille cadette est en première S. C'est une heureuse bénéficiaire. Grâce à elle, je vais pouvoir livrer mes observations en avant première.
D'abord, il a fallu s'avaler le programme de deux années d'histoire-géo en un an. L'an prochain, terminé.
Chatel l'allégeur commence donc par gaver l'oison à mort.
Les mômes ont dû s'envoyer ce genre de thème sympa:
"Comment le Cosmetic Valley fait-elle de la Beauce un territoire de l'innovation?", ou encore "Pourquoi Mayotte fait-elle le choix de la France et de l'Union européenne?",
"Comment la Baltique profite-t-elle de nouvelles formes de coopération régionale?",
et même"L'Islande et les Balkans: deux poids, deux mesures?"!!!...
Tout le bouquin de géo est écrit en tout petit avec plein de croquis savants.
Il a dû coûter bonbon.
Les éditeurs disent merci à Chatel.

Les cobayes candidats un peu moins.
Car l'issue du gavage fut un dégorgeage en trois sujets.

Un candidat à l'agrégation n'aurait pas renié le premier: "la guerre d'Algérie" ou "Les mutations de la population active en France de 1850 à nos jours".
Ensuite, les gamins étaient priés de croquer les réseaux de transport en France métropolitaine et de leurs connections avec l'Europe et le monde.
Il fallait restituer un truc de ce genre:


Enfin, pour le dessert, un texte d'Himmler:"Discours d'Himmler devant les dignitaires nazis, Posen, octobre 1943. Après avoir situé le document dans son contexte, montrez son 
apport pour la connaissance de la politique nazie d'asservissement et d'extermination. "

Tout ça en quatre heures!!!!!!


                                                        Tu parles d'un allégement.

Le candidat à l'agrégation, lui, dispose de sept heures et n'a à traiter qu'un seul sujet à la fois. Quel feignant!

Là, les gosses sont sortis de l'arène complètement étrillés et dégoûtés.
On les comprend.
D'autant qu'on leur gonflera leurs notes pour éviter le désastre et que tout ça ne voudra plus dire grand chose.
Le plus ballot, c'est que l'allégement à la sauce Chatel va être annulé. De l'histoire-géo, on n'en parlera simplement plus. On ne comprendra plus rien au monde qui  tourne toujours plus vite, et moins que rien à nos racines. Tant pis. Les cobayes auront trimé pour des clous et les éditeurs se pourlèchent déjà du nouveau bouquin qu'on va leur demander d'éditer.

Les méthodes Namchi ont du bon, finalement.



* Comme par exemple les Namchi du Cameroun qui font subir aux jeunes garçons une opération bien croquignolette. Ne comptez pas sur moi pour vous donner les détails bande de sadiques!

19 commentaires:

  1. quand initiation rime avec mutilation, mentale et/ou physique.(ainsi qu'excision et infibulation) Chatel petit bras...

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    1. Ah non! Je peux à la rigueur filer un lien vers un docte témoignage d'ethnologues assoiffés de détails égrillards. Mais c'est tout! :))

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  3. Je crois que j'aurais pris de discours d'Himmler : au moins c'est vraiment de l'histoire...

    Cette géo, c'est quoi ce salmigondis de BTP - COFIROUTE et carte Michelin ?

    Comparaison de l'Islande et des Balkans ? On doit pleurer ou rigoler ?

    Bref, comme les shadoks, moins on pédale plus fort et plus on avance moins vite, en Belgique, c'est plus on pédale moins fort et moins on avance plus vite.

    C'est la mondialisation européenne de la contrepéterie.

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    1. Tu l'aurais choisi de toute façon, puisqu'il était imposé...en plus du reste.
      TROIS sujets en 4 h!
      Ils sont fous.
      C'est la gerbe finale avant plus d'histoire-géo du tout.

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  4. Est-ce une photo du gars venu réparer ta serrure dans le précédent billet ?

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    1. Je vois, Juntos, que tu as de la suite dans les idées :))
      Et bien non!
      Le gars était un gros rougeaud habillé.

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  5. "Comparaison de l'Islande et des Balkans ? On doit pleurer ou rigoler ?"

    Et pourtant, il y aurait beaucoup à écrire sur la question.

    Pour mémoire, les banques islandaises, qui ont cru comme les autres au miroir aux alouettes des produits toxiques, étaient à la ramasse totale et les créanciers anglais et néerlandais exigeaient de revoir la couleur de leur fric. Le gouvernement islandais de l'époque a donc décidé que la dette de ces banques privées serait acquittée par l'Etat, ce qui au vu de la maigre population représentait une charge par habitant plutôt coquette. Alors, le peuple s'est clairement exprimé via un référendum en envoyant le gouvernement se faire voir, les banques à leur devoir ou à leur mort, et les créanciers aux pelotes. Dans le même temps ils ont eu la peau du gouvernement et sont attelés à la révision de leur constitution.

    Le parallèle ? Il est simple. D'un côté un peuple responsable qui refuse de se laisser plumer et prend en main son destin. De l'autre côté, plus au sud, on trouve un peuple de filous qui pratiquent l'esquive fiscale au niveau d'un sport national et pleurnichent parce que l'Europe est trop méchante parce qu'elle demande des garanties pour le pognon qu'elle va prêter à taux préférentiel.

    Si on doit pleurer, c'est bien d'avoir accepté l'entrée de la Grèce au sein de l'UE.

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    1. Vous oubliez Monsieur que la Grèse est à la base de l'Europe. La traiter de filou alors que pendant des siècles elle a été pillées, honteusement, par ceux qui aujourd'hui l'accusent de malhonnêteté. L'Europe a la mémoire courte !!!

      Si on doit pleurer c'est parce que la Grèce a accepté d'entrer dans l'UE et d'avoir été trop confiante.

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    2. Koltchak, les Islandais ont pu s'extirper du bourbier parce qu'ils sont peu nombreux, encore imprégnés d'usages remontant à thingvellir et surtout, pas dépendant de la zone euro.
      Les Grecs se sont fait piéger. Une poignée de sangsues a profité de la manne européenne, il est vrai. Les autres payent.
      Cela étant, c'est vrai que les Grecs ont un sens civique un peu particulier, quant aux obligations fiscales.
      Faut-il rappeler que l'Eglise, avec tout le respect que je lui dois, toute riche et puissante qu'elle est, ne paie pas un fifrelin? Ni les armateurs?
      Quant à savoir si accueillir la Grèce dans l'UE était une bonne affaire ou non, je ne sais. Je ne suis pas dans le secret des arcanes bancaires du système, mais je doute que l'UE dans sa grande bonté ait admis la Grèce en son sein par pure grandeur d'âme.
      Sinon, symboliquement, au-delà des considérations crochues, il aurait tout de même été un peu raide de laisser la Grèce sur le côté. A quoi aurait donc servi l'enlèvement d'Europe, sinon?

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    3. Nadezda, il faut admettre que la Grèce est un pays de corruption, où de beaux salopards s'en sont fourrés jusque là avec les subsides de l'UE. Ce sont les mêmes qui ont incité à arracher les oliviers pour planter du maïs, vidant ainsi en quelques années les nappes phréatique de régions entières. Ça je l'ai vu de mes yeux vus.
      De même la manne culturelle a eu bon dos: que de bobos enrichis n'ai-je vu, travaillant mollement pour le compte de l'opulent ministère de la culture. Sans parler du luxe inouï de certains musées que presque personne ne visite (exemple, le musée à la gloire d'Aristote, dans la région de Naoussa).
      La Grèce a ses qualités, mais aussi ses côtés sombres.

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  6. Justement, le parallèle me semble bien obscur.

    L'Islande est un pays qui ne fait pas partie de la zone euro et encore moins de l'Union Européenne, donc non soumise à Bruxelles,ni à crise de la zone euro, tandis que les Balkans sont la terminologie "géographique" à géométrie variable d'une région européenne dont certains pays ne sont ni dans la zone euro, ni dans l'Union Européenne, comme la Turquie ou la Serbie.

    Donc, en toute logique, il n'y a rien à comparer car il n'y a aucun critère commun. Parler de la Grèce serait un hors sujet flagrant, sauf pour l'Education Nationale qui a concocté une géographie à la hauteur de son incompétence institutionnalisée dans un grand fourre-tout transversal qui siphonne du cerveau de la nouvelle génération de tout savoir digne de ce nom. Mais pour s'en rendre compte, il faut avoir eu l'honneur et la chance d'avoir appris la géographie de grand-papa.

    Quant à la Grèce, à malhonnête, malhonnête et demi. Qui des banques européennes ou du gouvernement grec a voulu plumer l'autre en premier ?

    Pour mémoire, la France et l'Irlande ont voté non au référendum de Maastricht. On sait comment a été traité la décision des peuples par Bruxelles.

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  7. En l'occurrence, le bouquins cite un extrait d'article publié dans "El Pais", écrit par R.Martinez de Rituerta le 31 juillet 2009, qui pointe du doigt la différence de considération dont jouit l'Islande auprès des autorités de l'UE, comparé au mépris affiché pour les rastaqouères balkaniques.
    L'Islande a obtenu l'aval des ministres des affaires étrangères de l'UE 2 jours après avoir déposé sa candidature à l'entrée.
    Tandis que la Macédoine, la Croatie, la Serbie, la Bosnie, la Turquie...on les fait marner et Monsieur Martinez voit ça d'un oeil critique.
    Voilà le sujet du débat soulevé par le bouquin.
    Au moins est-ce plus amusant que de suer sur "l'Arc atlantique qui s'affirme comme un territoire de l'innovation".

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    1. Certes, mais le Ministre des affaires étrangères de l'EU dont on n'a pas élu le Président de l'Europe par suffrage universel, je tiens à le préciser, ferait bien de revoir sa géographie en ce qui concerne l'Islande. D'un jour à l'autre, cette île peut partir en vrille, surtout en ce moment, et l'Islandais aller s'enterrer littéralement dans la tourbe avec ses chevaux en attendant que ça passe, si ça ne casse pas entre-temps.

      Donc, les banquiers pourront aller se gratter avec de la pierre ponce islandaise en apprenant le nom des volcans islandais.

      D'ailleurs, depuis la crise 2011, les femmes islandaises ont pris les rênes de l'économie et ont dit aux banquiers d'aller se faire voir chez les Grecs !

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  8. Une petite question, pourquoi les Français viennent-ils étudier en Belgique ? Il y en a de plus en plus, quelle ne fut pas mon étonnement de voir que même au Conservatoire de Liège, dans n'importe quelle discipline, il y a beaucoup de Français, certains viennent de Paris mais aussi de Lyon, Avignon etc....

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  9. Nadezda, je suppose qu'en Belgique, les universités sont moins délabrées qu'en France. Ici, c'est une véritable misère, au point que les familles un peu dans le coup essayent désespérément d'éviter à leurs rejetons une inscription en fac. Hormis quelques universités hors-la-loi qui pratiquent la sélection et refusent du monde, ailleurs, dans les premières années, c'est la gabegie dans un décor lépreux.
    Mes souvenirs du département de géologie de Jussieu sont particulièrement saisissants. On se serait crus dans un décor de film évoquant l'après-bombe atomique.
    Entre temps, bon nombre de prof sont morts d'avoir travaillé dans un décor imprégné d'amiante et depuis quelques années, la fac est en travaux de rénovation ruineux.

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    1. C'est vrai que la Belgique n'a pas a se plaindre de ses Universités, elles sont magnifiques de même que les Facultés.

      Personnellement je trouve vraiment super que des étudiants d'autres pays limitrophes ou non, viennent étudier en Belgique, non seulement les Universités sont vivantes mais cela permet aussi de les entretenir et même agrandir.

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