Au lit ce matin jusqu'à pas d'heure.
Activités ménagères mollement menées.
Un bout de "Guerre du Feu" entre-aperçue entre deux pliages de draps.
Une petite partie d'échec en passant.
Et puis je me suis secouée. Cette journée ne ressemblait à rien. Alors j'ai décidé de réagir!
Voilà des semaines que dans un recoin de ma cuisine, du vieux pain séchait, coupé en petits morceaux. Je garde précieusement le pain. Celui que j'achète ne coûte pas moins d'un euro la baguette, étant donné que je prends du bon. Ce serait du gâchis.
Ensuite, je déteste jeter le pain. C'est du gâchis.
C'est pourquoi je le garde, coupé tant qu'il est encore tranchable, pour ne pas y risquer mes doigts le jour venu.
J'en ai fait une COUPETADE.
Un bon vieux plat du sud de l'Auvergne, un coin où les gens savent ce qu'économiser veut dire. Et où jeter le pain est aussi incongru que de se promener en mini-jupe dans une mosquée.
Bon. J'explique.
Il faut du pain (ça, vous avez compris).
Et puis des pruneaux, des raisins secs, de la vanille, du lait, des oeufs, du beurre, du sucre. On peut ajouter un alcool, comme le rhum, mais moi, je préfère sans.
Le plus important (à part le pain, mais je n'insiste pas), c'est UN PLAT EN TERRE.
Sans plat en terre, point de coupetade.
Donc il faut beurrer le PLAT EN TERRE. Fourrer dedans pêle-mêle le PAIN, les pruneaux dénoyautés et les raisins. C'est du rustique, hein. Pas de chichis.
Pendant ce temps-là, le lait chauffe et les oeufs sont battus avec le sucre. La gousse de vanille est éventrée proprement et les petite graines poisseuses qui lui sortent de la panse, extraites en gratouillant au couteau. Oui je sais, c'est insoutenable.
On est en Auvergne! Les petites natures sont priées de ne pas se déballonner!
Le lait est versé par là-dessus et on touille.
On verse sur le mélange pain-pruneaux-raisins et TRÈS IMPORTANT! On attend!
Oui.
Le pain doit devenir spongieux, signe qu'il a tout bien absorbé.
Quelques noisettes de beurre et un voile de sucre pour supporter sans couiner les moins vingt-cinq degrés qui dehors, font grincer les épicéas.
Au four!
Quand c'est bien doré et que toute la maison sent le pain chaud, les pruneaux cuits et la vanille, c'est cuit.
Je fais tout ça au jugé. En goûtant s'il le faut.
Mais je crois qu'il serait apprécié que je fournisse des mesures.
Les voilà:
1 litre de lait entier
200-250 g de sucre
200-250 g de pruneaux dénoyautés
50-60 g de raisins secs
5 oeufs
Vanille
Environ 350g de pain sec
UN PLAT EN TERRE.
Inutile de trop coller aux indications. S'il y a plus de raisins, ça n'a aucune importance.
Sinon, les petits dés de pain bien secs, c'est également très bon mélangés à une simple salade de tomates. Si vous les frottez d'ail, c'est encore mieux.
RépondreSupprimerAh oui! C'est bon, ça!
SupprimerEt encore frichtouillés à l'huile d'olive pour la soupe au poisson.
Où pour lier une sauce.
ça doit peser son content de calories cette affaire, mais ça me tente bien d'essayer
RépondreSupprimerC'est sûr qu'il vaut mieux éviter de s'envoyer tout le plat en une seule fois.
SupprimerMais sinon, au petit déjeuner ou en repas unique avec une petite salade ou une soupe, ça passe très bien.
En dessert après une ventrée de tripoux, là...c'est pour les montagnards qui vont égorger les loups à la main.
Si vous voulez faire un repas auvergnat il faut faire précéder la ventrée de tripoux d'un bon pounti :
SupprimerLe Pounti
Pour 8 personnes
Préparation :40 minutes
Cuisson : 45 minutes
1 tranche de lard demi-sel, d'environ 100 g.
1 tranche de poitrine demi-sel d'environ 300 g.
1 tranche de jambon d'environ 150 g.
2 bottes de ciboulette.
1 beau bouquet de persil plat.
1 botte de feuilles de blettes.
1 oignon.
150 g de farine.
5 oeufs entiers.
1 litre de lait
150 g de pruneaux.
Poivre
Faire dessaler la poitrine et le lard dans une bassine d'eau froide pendant plusieurs heures.
Placer le lard et la poitrine ainsi dessalés dans une casserole d'eau froide, porter à ébullition et laisser cuire à petit frémissement pendant 30 minutes.
Les égoutter, les laisser refroidir, enlever la couenne et couper la viande en lanières.
Laver soigneusement toutes les herbes. Eplucher l'oignon.
Passer au hachoir la viande, l'oignon et les herbes.
Bien mélanger le tout.
Creuser une fontaine dans la farine, y incorporer tout en fouettant la moitié du lait et des oeufs.
Ajouter ensuite le reste du lait en continuant de fouetter pour obtenir la consistance d'une pâte à crêpes.
Préchauffer le four à 160° (thermostat 5 - 6).
Mélanger cette pâte au hachis à l'aide d'une spatule.
Huiler une cocotte en fonte et la mettre sur le feu.
Quand la cocotte est bien chaude, y verser la préparation.
Incorporer alors les pruneaux, couvrir, mettre au four et cuire pendant 30 minutes.
Au bout de ce temps-là, retirer le couvercle, augmenter la température du four et cuire encore pendant 15 minutes.
On peut le servir comme plat unique, il mêle le sucré et le salé. Néanmoins, dans ma famille (comme dans pas mal d'autres de ma connaissance), on le sert en entrée.
Merci pour la recette Koltchak (et pas Tchetnik).
SupprimerJ'ai vu passer ce nom de plat plusieurs fois, mais je n'y ai encore jamais goûté.
Je le tenterai cet hiver.
Mais sans tripoux après, sinon je ne suis pas sure de survivre à l'indigestion grandiose qui me tombera dessus ensuite.
A moins que le prix du gaz n'augmente encore, auquel cas, il faudra bien se chauffer de l'intérieur.
Ne pas rater Omar Sharif et son cours de cuisine Grecque dans "Le Casse" d'Achod Malakian, avec Bébel.
RépondreSupprimerUn grand moment.
http://www.youtube.com/watch?v=0ET-tOHp7y4
Et bien merci Koltchak, je ne suis pas sûre de l'avoir jamais regardé.
SupprimerEt ce passage plein de menaces si policées, sur fond de dégusation locale me donne envie de le voir.
Je rêve déjà de voir Belmondo lui démonter le portrait.
Il fallait lire "Et bien merci Tchetnik".
SupprimerJe prie mes lecteurs de bien vouloir m'excuser. Je crois qu'hier j'ai abusé de la dive bouteille, je devais être un peu grise lorsque j'ai écrit ce commentaire.
Houla, ça ne va pas mieux, voilà que je me prends pour Io.
Docteur, docteur...
Aïe aïe aïe! Je suis confuse!!!!
SupprimerJe prie humblement Tchetnik de m'excuser, mais en effet, je ne devais plus avoir les yeux en face des trous hier soir.
Ça m'apprendra à abuser de la coupetade.
La gourmandise me perdra.
La gourmandise et pas la bouteille!!!!! Non mais! :)
Merci Tchetnik pour ce moment de cinéma à la grecque.
SupprimerJe suis désolée de vous avoir mélangé avec Koltchak.
Je suis parfois un peu distraite...
"Fouchtra!"
RépondreSupprimerJe ne savais pas que tu parlais bougnat.
SupprimerFouchtri!
Raça raceja ! (on n'échappe pas à la lignée)
SupprimerSurtout si elle est terrienne et volcanique.
Supprimer"Raça raceja", quelque chose me dite que ce n'est pas de l'auvergnat.
De l'occitan, l'auvergnat en est une variante.
SupprimerDonc c'est bel et bien de l'auvergnat. Décidément, je n'en loupe pas une!
SupprimerJ'ai eu la chance d'entendre des vieilles personnes parler occitan dans la région de l'Aubrac, on m'a dit que c'était très proche du catalan.
Et je ne comprenais absolument rien.
Les similitudes entre occitan et catalan sont réelles. Mon paternel n'avait que peu de problèmes pour se faire comprendre lorsqu'il descendait par là-bas.
Supprimerton frichti est appétissant,félicitations.
RépondreSupprimerMerci bourdon.
SupprimerJe viens de avaler une ventrée pour mon petit déjeuner. C'est bon!
Bzzzzz
ça ressemble fort à une recette lorraine où jeter du pain est également un sacrilège.
RépondreSupprimerSinon, tu annonces 5 oeufs et tu n'en photographies que 4 ... c'est pas du boulot ça !!!
Mais ça sent bon tout de même.
En Lorraine aussi? C'est vrai que là-bas hivers froids + loups + invasions diverses = nourritures solides :)
SupprimerLes quatre oeufs, c'est parce que pour cette recette-là, je ne respecte aucune proportion: je cuisine au pif.
Jusqu'où va se nicher l'indiscipline!
Ah zut flûte crotte!
RépondreSupprimerJ'ai emmené mes petits enfants au parc du château voir les cygnes et on leur a donné tout le pain dur que je gardais depuis au moins pffff 3, 4, 5 , ... je ne sais plus, 6 mois!
Maintenant pour mettre en pratique ta recette va falloir attendre aussi longtemps car nous on ne jette pas de pain mais on le mange presque toujours jusqu'au bout!
Merci pour le partage de cette recette qui est bien tentante;o)
***
Bises et bon dimanche, Io****
Ne regrette surtout rien Mildred, c'est un vrai bonheur d'aller nourrir les cygnes avec de petits-enfants.
SupprimerMa grand-mère me gardait toujours le vieux pain, parce que mon grand plaisir était d'aller le donner aux canards du lac Daumesnil. Je m'en souviens encore avec nostalgie.
La prochaine coupetade attendra bien 6 mois. Ça sera en février et en hiver, c'est encore meilleur.
Bises aussi Mildred et à bientôt
au château de Chantilly le pain rassis se vend(ait) pour les carpes.Kissous les poissons...
RépondreSupprimerBonne idée!
SupprimerEt lucrative.
Grossousous les malins!
Ah une C O U P E T A D E !!!!!
RépondreSupprimerMiam miam miam...
Alors, moi je connais : Oui madame ;o)
Par contre, je fais macérer les pruneaux dans du rhum et je mets un peu moins de sucre !!!
Il faut dire aussi que ça doit cuire dans un four doux (pour pas que ça dessèche) et longtemps...
J'en étais sûre!
SupprimerTu m'as l'air d'une sacrée fine gueule.
Donc toi, tu es rhum. C'est bon aussi. Ou calva. Ou ce qu'on veut :)
Très juste.
Vous avez entendu? Four doux. pas Plus de 180°C.
Merci pour la précision Minijupe.
Moi c'est moins rigolo, mais voilà une recette que je vais mettre sur la liste de mes futurs cours de cuisine, donnés aux personnes que nous aidons avec des colis alimentaires.
RépondreSupprimerLes temps sont durs, il ne faut rien jeter.
Merci Io
Je t'en prie Nadezda.
SupprimerSi cette recette permet en plus de rendre service, alors tant mieux.
Ici ça y est. Il n'y en a plus.
Tout est bien rangé dans les ventres.