jeudi 17 novembre 2016

Place au LSU

Encore une trouvaille !
L'Education nationale nous gâte.
C'est une année faste.



Sitôt passée la fureur du PPMS (voir à ce sujet, ce rappel utile ---> ici), voici venue la déferlante du LSU.

Le Livret Scolaire Unique 

On ne parle plus que de ça.

D'abord, le concept arbore un profil de vainqueur: un livret unique du CP jusqu'à la terminale, élaboré en ligne, consultable par les parents via leur smartphone, transmissible à l'heure près en cas de déménagement... Hein? Tout de même!
Quelques rabat-joies calamiteux ont bien sûr tenté de gâcher la fête avec des objections du genre: l'admission à Louis Le Grand de Jordan compromise par sa manie de balancer des coups de compas à Rachid quand il était en CE2 (cette sale vicelarde de Madame Pinchard l'avait noté dans le LSU), les doutes émis quant à la protection des données par l'Education nationale, le principe jugé foireux, le présupposé discutable que tout le monde dispose d'Internet et j'en passe. C'est petit.

Ce bijou a été annoncé à grand son de trompe comme entré en vigueur à la rentrée 2016.
En septembre, il en a été vaguement question.
En octobre, notre directeur se fend d'une réunion spéciale, où le bijou nous est présenté. Il est disponible! Mais personne ne comprend comment le remplir.
Hélas, le constat est sans appel. Le truc dysfonctionne à pleins tubes. De toute évidence, il a été bâclé et présente une masse de vilains défauts. Un exemple?
Cunégonde est maîtresse à mi-temps. Elle partage sa classe avec Hildegarde. Pour remplir le LSU, il faut que l'une des deux se branche sur son portail personnel académique et donc, qu'elle offre à l'autre un plein phare sur son profil professionnel, son CV, son état civil, son avancement, sa notation, ses messages et absolument tout ce qui constitue un dossier rigoureusement confidentiel. Cunégonde a intérêt à bien s'entendre avec Hildegarde.
Les nigauds qui garantissent la sécurité absolue du machin n'avaient pas pensé à ce détail.
Depuis la rentrée de novembre, alors que la préparation des livrets (qui dévore un temps fou, vu la quantité de compétences plus ou moins ubuesques qu'on nous oblige à  aligner) commence à urger, ils se sont mis à corriger fébrilement le bijou. Chaque jour ou presque, nous recevons des messages de modification et plus personne ne sait comment s'y prendre.

Le dernier en date de ce midi, 13h43, émane du secrétariat de l'inspection académique:
"Bonjour,

Afin d'accompagner les équipes éducatives dans la mise en place du LSU, M ....., directeur académique des services de l'Éducation nationale chargé des écoles et des collèges, a demandé la mise en place d'un " accompagnement de proximité par les FIP ".
Pour les circonscriptions ........, cet accompagnement prendra la forme de 8 permanences assurées par ......, formateur en informatique pédagogique, dans des écoles équipées d'une salle informatique, "équitablement" réparties sur les 2 arrondissements, aux dates et heures suivantes :

lundi 21 novembre, 11h30-13h30, école ...
(Et ainsi de suite pour sept autres dates, sur le temps du repas, alors qu'on s'est farci des heures de cogitation et de réunion sur le sujet depuis la rentrée, sans toucher un fifrelin supplémentaire malgré le temps passé à s'édifier ).

Une carte numérique localisant les écoles élémentaires et polyvalentes ainsi que les lieux et horaires des permanences vise à aider les collègues ayant besoin d'aide à déterminer la permanence la plus adaptée à leur disponibilité et contraintes."


On appréciera la qualité du français et on s'interrogera sur le message subliminal de ce courrier.
Traduction:
Personne n'y comprend rien, alors vu qu'il y a le feu, des QG de campagnes sont proposés en catastrophe pour tâcher moyen de rendre tout de même un vague livret en temps et en heure.
Vous n'irez pas bouffer ce jour-là, tant pis pour vous bordel de merde. Qui ouïe causer du LSU dîne.

Et si on se mettait à faire les choses dans l'ordre?
D'abord on réfléchit. Si l'idée est utile, on prépare l'affaire correctement pour la rendre utilisable. Enfin, on la propose et on l'applique.

Non, ça n'irait pas avec le genre de la maison.
A l'Education nationale, on est créatif.

                                                         Une prof gavée au LSU

Pas besoin de réfléchir. On lance une idée et on l'applique tout de suite. On organise après, si on peut.








16 commentaires:

  1. Ils ont devenus fous ou ils sont restés bêtes?
    PS: je commence à fatiguer avec les devantures de magasin et les panneaux de signalisation

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    1. Si j'en juge la photo-preuve, les profs ont plutôt les moyens...

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    2. Pangloss, je penche pour une sorte d'insconscience suffisante, mêlée cà et là, d'un brin d'affolement échevelé.
      Lecanasson, faut pas le dire!!!!!

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  2. LSU ? On dirait une nouvelle drogue dure !

    En attendant, bonjour l'usine à gaz... Nous avons SAP...vous aurez le LSU. Je n'ose imaginer les crises de nerfs quand au moment de la validation d'un carnet entier, vous aurez l'ineffable message : "failure message : contactez l'administrateur".

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    1. Je t'en prie! Quelle perspective abominable!!!!!!
      Qu'est-ce que c'est, le SAP?

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    2. SAP est un logiciel, (MATRIX à côté, c'est Candy croch), censé te calculer tes heures, tes tarifs fournisseurs, te lister tes produits dans tous les sens, ton personnel, toute référence dont tu aurais besoin, bref un monstre qui te recracherait en un clic la parfaite demande.

      Sauf que SAP est une licence, donc non modifiable. SAP calcule en jour et non en heure, SAP a des incompatibilités avec certaines unités de mesures...c'est bourré de menus déroulants figés, les modifications sont faites par le bailleur et pas gratuitement, SAP a été vendu comme THE Logiciel : donc, plus personne ne peut y échapper; une fois que tu as entré tes données pour facturer ou minuter à ton client, le serveur, pote de SAP, plante sa race de merde.

      Je ne doute pas un seul instant qu'après une suite de galères, on vous conseillera d'incrèmenter le bazar en heures creuses (entendre la nuit) pour pouvoir faire remonter les livrets en temps et en heure...et de faire un alter ego en papier que vous pourrez recopier à l écran en cas de pertes de données à vos heures perdues...car il faudra bien que le LSU justifie de son existence !

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  3. Moi aussi j'ai cru à une espèce de LSD.
    Ya mieux encore, si possible.
    Mon fiston est en reconduction de stage. Oui, il a pas suffisamment causé citoyenneté renouvelable et éco-durable l'an dernier. Donc il repique au truc.(oui, peur du chômage et toussa).
    Il voit aujourd'hui débarquer une nouvelle prof qui vient compléter son service.
    "compléter ? Mais je fais mes 18 h !"
    Là-dessus, le protal tel à l'IPR qui avoue que le rectorat vient d'apprendre que les stagiaires en reconduction ont un service de 9 h !!!
    Donc il abandonne 3 classes en plein vol et se demande combien il sera payé....
    EN attendant, il a donc fait un double service depuis le début de l'année.
    Et il peut pas demander un rappel d'heures sup, car il a compris qu'un stagiaire, avant tout autre considération, ça ferme d'abord sa gu...le.
    Le tout sans un mail pro, sans un coup de fil, sans un mot sur Pronote, rien sur Aréna, rien.
    L'éduc traite ses personnels comme des merdes.

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    1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    2. Ça ne m'étonne pas du tout. Il est grand temps que le bon peuple soit informé de la manière dont, en bout de chaîne, on traite ses mômes. Je souhaite très sincèrement à ton fiston de se sortir bien vite de ce bourbier. Qu'il serre les dents, quand il sera titularisé, il pourra l'ouvrir un peu plus et dire adieu au salmigondis pédago qu'il est forcé de régurgiter. J'espère qu'au moins, il a affaire à des gamins sympas.
      Il a bien de la constance.

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  4. Comment qu il disait l'autre ? Abracadabrantesque, c'est ça ?

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    1. Au moins. Et ce que je relate ici n'est qu'un pâle reflet de la réalité. Je répugne à entrer dans les détails, tellement c'est barbant.
      Dernier message hier (samedi, on est en week end): "Bonjour,

      La base qui alimente LSU pour les noms des enseignants est à priori la même que pour tous les autres services académiques ; je pense que les noms de jeune fille apparaissent également après une connexion sur la page d’accueil du site académique (et peut-être également dans i-prof ?).
      Si tel est bien le cas, il faut que chaque collègue concernée demande, via un courriel expédié depuis son adresse académique, la mise à jour des informations nominatives la concernant... mais je ne peux t'indiquer avec certitude auprès de quel service : la dsi ? leur gestionnaire ?

      Un courriel à dsi-assistance@ac-paris.fr, maître d’œuvre sur le LSU, devrait te permettre d'obtenir la réponse."
      Voilà, chaque jour est enrichi d'un nouveau message de ce genre...

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  5. Un parcours de combattant être prof en France (Belgique aussi).

    Bisous !

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    1. En Belgique aussi? Et bien alors, je me sens moins seule, du coup. Au moins avez-vous des bières de premier ordre pour oublier l'adversité.
      Bisous!

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    2. La bière diversité : Ah, les heureuse gens !

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  6. Quand on a de la croyance dans son métier de professeur alors rien mais compliqué ......L.S.U il suffit de le remplir régulièrement et non à la dernière minute! Dans le privée (hors enseignement) on sait faire et on ne discute pas les consignes....Et oui il ne faut pas regarder que les vacances et le salaire ..

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    1. Vous avez raison Anonyme. Les vacances et le salaire hantent le quotidien de tous les enseignants qui d'ailleurs, je vous le confie tout à fait entre nous, ont choisi ce métier uniquement pour ça. Sinon, "privé" ne prend qu'un seul "é". Très bonnes vacances à vous!

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